Un courant vagabond (ou courant parasite) est un courant électrique généralement de faible valeur qui circule de façon non maîtrisée dans les milieux et matériaux conducteurs (terre, tuyaux en métal, acier du béton armé des bâtimentsetc.) autres que les installations prévues à cet effet (fil, câble, etc.). La définition exclut les courants éphémères (courts-circuits), qui peuvent être générés par le dysfonctionnement soudain d'un appareil, ainsi que le courant tellurique.

Causes et conséquences

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Ce courant parasite a plusieurs causes possibles :

  • à l'intérieur d'une installation, la mise à la masse du châssis d'une machine liée à un défaut d'isolation d'un câble d'alimentation électrique, des défauts de branchement ou d'isolation électrique sont les causes les plus courantes.
  • Les causes externes possibles sont les effets d'induction liés au voisinage d'un réseau électrique (ligne basse ou haute tension, éclairage électrique public, voie de chemin de fer électrique, foudre[a]etc.).

Les conséquences des courants vagabonds peuvent être la corrosion des matériaux (effet de pile)[1], la perturbation de certains équipements électroniques, l'exposition de l'homme ou l’animal à une mini-électrisation[2]. Les courants vagabonds présentent également des risques en tant que source d'inflammation possible d'une atmosphère explosive[3].

Les courants parasites étant relativement faibles, ils ne sont pas directement dangereux mais peuvent être gênant, voire suffisamment désagréables, pour perturber la vie des êtres vivants[4].

Courant parasite et élevage

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Les bâtiments d’élevages sont potentiellement les lieux où les effets des courants parasites sont les plus perceptibles. En effet, dans les élevages on trouve à la fois de nombreux équipements électriques (clôtures, éclairage, machine à traire, racleurs, nourrisseur…), des structures et objets métalliques (abreuvoirs, charpentes, barrières, cages…), des sols conducteurs (entre autres à cause du paillage, des excréments et de l'absence de liaison équipotentielle), en contact direct avec les animaux.

Les animaux d’élevage sont par ailleurs naturellement sensibles aux phénomènes électriques, car ils peuvent toucher des éléments métalliques avec le museau (humide) et leurs pattes sont au contact d’un sol souvent humide (isolation faible des bâtiments et mise à la terre souvent insuffisante[5]. Dans l'ensemble, leur résistance électrique est donc faible (les éleveurs eux sont isolés du sol par leurs chaussures). Ainsi, la Cour d'appel de Caen reconnaît le que des lignes à très haute tension ont affecté la qualité du lait produit par les vaches d'un éleveur de la Manche, les juges s'appuyant sur le rapport des vétérinaires ayant constaté que les vaches étaient moins sujettes aux mammites après une coupure de trois semaines de la ligne THT en [6].

Les courants parasites étant faibles, les animaux n’ont pas de risque direct d’électrisation, mais ils peuvent subir une gêne, faible mais fréquente, par exemple lorsqu’il viennent s’abreuver.

Conséquences

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L’exposition aux courants parasites peut se traduire par des symptômes comportementaux (par exemple de la nervosité), et, finalement, par des baisses de performance des productions animales. Les seuils de sensibilité des animaux d’élevage se situent aux alentours de 1 à 3 milliampères, et des baisses de production sont observées au-delà de 6 milliampères[7],[8].

Les solutions techniques passent par le traitement des bâtiments et de leurs équipements électriques et métalliques[b]. Pour éviter toute exposition des animaux aux courants parasites, il faut proposer à l’électricité un chemin plus conducteur que le corps des animaux : concrètement cela signifie qu’il faut relier toutes les masses métalliques, potentiellement en contact avec les animaux, à la prise de terre du bâtiment par des liaisons équipotentielles[9] et s'assurer que tous les appareils, et barrières, à carcasse métallique sont bien reliés à la terre.

Notes et références

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  1. Entre autres les structures métalliques des bâtiments, non reliés à la terre, se comportant alors comme des antennes radioélectriques large bande
  2. Voir Liaison équipotentielle

Références

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  1. (en) Victor Chaker (dir.), Corrosion Effect of Stray Currents and the Techniques for Evaluating Corrosion of Rebars in Concrete : A Symposium, ASTM International, , 143 p. (ISBN 0-8031-0468-5, lire en ligne)
  2. (en) Donald W. Zipse, Electrical Shock Hazard Due To Stray Current, Paper No. I&CPS-99-XX [lire en ligne]
  3. Roland Lodel., « Prévention des explosions de poussières et protection contre leurs effets. Directives, normalisation et essais. », INERIS, aSTELAB 1995 ”Simulation de l’environnement et maîtrise des risques industriels et technologiques (MAIRIT)”,‎ , p. 359-364 (lire en ligne)
  4. Les courants vagabonds, sur etudesetvie.be, consulté le 30 décembre 2017
  5. Quand l’électricité devient un problème, ufarevue.ch, (consulté le ).
  6. Guillaume Le Du, « Des animaux victimes de « courants parasites » », Ouest-France, no 21734,‎ 9-10 janvier 2016, p. 4.
  7. (en) T.A. Marks, C.C. Ratke et W.O. English, « Stray voltage and developmental, reproductive and other toxicology problems in dogs, cats and cows : A discussion », Veterinary and Human Toxicology, vol. 37, no 2,‎ , p. 163-172 (PMID 7631499)
  8. (en) J. Hultgren, « Small electric currents affecting farm animals and man: A review with special reference to stray voltage », Veterinary Research Communications, vol. 14, no 4,‎ , p. 287-298 (PMID 2203202, DOI 10.1007/BF00350711)
  9. Courants électriques parasites : A surveiller... sans s’alarmer ! « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), dans Jeunes Agriculteurs

Annexes

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Article connexe

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