Couronne impériale d'Autriche

La couronne impériale d'Autriche (en allemand : Österreichische Kaiserkrone), aussi appelée couronne de Rodolphe II (Rudolfkrone), est un symbole de souveraineté utilisée d'abord comme couronne personnelle de l'empereur Rodolphe II et devenue en 1804 la couronne officielle de l'empire d'Autriche.

La couronne impériale d'Autriche, conservée dans le trésor impérial du palais de la Hofburg à Vienne.

Fabriquée à Prague par Jan Vermeyen, en 1602, la couronne était utilisée par les empereurs du Saint-Empire romain germanique et les rois de Hongrie et de Bohême de la maison de Habsbourg. En 1804, elle devient la couronne officielle du nouvel empire d'Autriche et constitue un élément central parmi les insignes impériaux. Après le compromis de 1867, elle reste couronne impériale de la partie de Cisleithanie de l'Autriche-Hongrie jusqu'en 1918[1],[2].

Histoire modifier

Étant donné que les regalia du Saint-Empire, incluant la couronne, étaient conservés à Nuremberg et ne sortait que pour les couronnements, certains empereurs possédèrent des couronnes personnelles pour certaines occasions solennelles comme, par exemple, la Diète d'Empire (Reichstag). La plus ancienne représentation d'une couronne personnelle est une esquisse de Maximilien Ier par Albrecht Dürer, dont l'apparence a probablement influencé l'esthétique de la couronne de Rodolphe II.

La couronne impériale d'Autriche n'a jamais été utilisée lors d'un couronnement, car l'empire d'Autriche était une monarchie héréditaire et qu'un acte de légitimation n'était pas vu comme nécessaire par les souverains. La cérémonie était d'ailleurs plus une investiture marquant l'ascension officielle du monarque qu'un réel couronnement.

Dans la première forme des mitres, les faces relevées (appelées titres ou cornes) se situaient au-dessus des oreilles. Cette forme est préservée dans les couronnes représentées sur les portraits de Frédéric III et de Maximilien Ier[3], et sur la couronne du cénotaphe de ce dernier à Innsbruck[4]. La couronne impériale du Mexique de Maximilien Ier[5] semble aussi avoir été modelée selon ce modèle, mais y rajoute des aigles et des demi-arches. Durant la fin du 17e siècle, les cornes se courbent sous l'influence de l'art baroque. Ces modifications se constatent sur la couronne de Léopold Ier[6] et sur la couronne impériale de Russie de Pierre Ier le Grand.

Il est aussi possible que la couronne impériale byzantine, fermée dès le 12e siècle par deux arches, ait inspiré les empereurs occidentaux à suivre cet exemple et à réaliser des couronnes fermées.

Description modifier

La couronne impériale consiste en trois éléments principaux, chacun avec un grand sens symbolique : le diadème, la mitre, et l'arche[7].

Diadème (Kronreif) modifier

Le diadème consiste en 8 larges cercles de diamants, formant à eux-seuls une couronne et symbolisant l'autorité royale. Sur ces cercles sont posés 8 figures de lys, probablement inspirées par le couronne de saint Venceslas et rappelant les fleurs-de-lys de la maison de Valois. L'utilisation d'éléments par groupe de 8 s'inspire de la couronne du Saint-Empire, qui inclut une base formée de 8 plaques. Dans le diadème sont incrustées diverses perles, spinelles et zircons. Ces zircons sont d'ailleurs taillés d'une façon toute particulière et novatrice pour l'époque[8]. Les perles sont quant à elles rajoutée par Alexandre Emmanuel Köchert, un célèbre bijoutier viennois[9].

Mitre (Mitra) modifier

La mitre symbolise le droit divin de régner et la position spirituelle de l'empereur, qui durant le couronnement est symboliquement consacré diacre. Elle s'étend sur les côtés de la couronne, tout en laissant un espace ouvert au milieu dans lequel se trouve l'arche. La mitre est faite d'or avec une bande d'émail représentant des oiseaux et des plantes, et se divise en 4 sections représentant les honneurs reçus par l'empereur Rodolphe II :

Une inscription latine à l'intérieur des arches dit RVDOLPHVS II ROM(ANORVM) IMP(ERATOR) AVGVSTUS HVNG(ARIAE) ET BOH(EMIAE) REX CONSTRVXIT MDCII (Rodolphe II, empereur auguste des Romains, roi de Hongrie et de Bohême, construite en 1602)[10].

Arche (Kronbügel) modifier

L'arche est sans doute inspirée par l'arche de la couronne du Saint-Empire. Elle s'élèvent à partir de la base et est sertie de 8 diamants symbolisant le Christ. L'empereur était vu comme le gouverneur de la Terre au nom du Christ. Au sommet de l'arche, un émeraude bleu-vert symbolise le Ciel au-dessus d'une croix discrète. L'émeraude n'est d'ailleurs pas coupée, mais seulement polie[11].

Utiisations héraldiques modifier

  • Certaines villes ont reçu le privilège de faire figurer la couronne sur leurs armoiries. Tel est le cas d'Amsterdam qui l'a reçu en 1489 pour sa participation financière à une guerre de Maximilien Ier
  • Un certain nombre de sociétés de bière arborent la couronne impériale sur leur logo, comme la brasserie royale de Krušovice ( cs : Královský Pivovar Krušovice ) en Tchéquie.

 

Bibliographie modifier

  • Stephan Brook, DK Eyewitness Travel Guide: Vienna, London, Dorling Kindersley Ltd., (ISBN 978-0756684280)
  • Kunsthistorisches Museum Wien, The Secular and Ecclesiastical Treasuries, Vienna, Residenz Verlag, (ISBN 978-3701706860)
  • Manfred Leithe-Jasper et Rudolf Distelberger, The Kunsthistorisches Museum Vienna: The Imperial and Ecclesiastical Treasury, Vienna, Scala Publishers, (ISBN 978-3406429385)
  • Lina Schnorr, Imperial Vienna, Vienna, HB Medienvertrieb GesmbH, (ISBN 978-3950239690)
  • Katrin Unterreiner et Willfried Gredler, The Hofburg, Vienna, Pichler Verlag, (ISBN 978-3854314912)

Liens externes modifier

Références modifier

  1. Leithe-Jasper 2004, p. 14.
  2. Kunsthistorisches Museum 1991, pp. 51–57.
  3. [1]
  4. [2]
  5. [3]
  6. [4]
  7. Kunsthistorisches Museum 1991, p. 52.
  8. Kunsthistorisches Museum 1991, pp. 52–53.
  9. « Le joaillier confidentiel des dynasties couronnées », sur Bilan (consulté le )
  10. Kunsthistorisches Museum 1991, pp. 52–55.
  11. Kunsthistorisches Museum 1991, pp. 55–57.
  12. Pour plus d'informations sur ces armoiries, voyez Arno Kerschbaumer, Nobilitierungen unter der Regentschaft Kaiser Franz Joseph I. / I. Ferenc József király (1914–1916), Graz 2017 (ISBN 978-3-9504153-2-2), S. 79.