Déclaration des non-droits

La déclaration des non-droits est une satire, dite « tarte à la crème », de la Constitution des États-Unis, attribuée à Lewis Napper en 1993. Il s'agit d'une liste de dix « droits » que les citoyens n'ont pas.

L'existence d'un droit implique un devoir envers les autres. L'absence de devoir est la liberté, qui n'impliquerait aucun devoir envers les autres. L'identification de choses pour lesquelles il n'y a pas de droit est ainsi un moyen additionnel de fiabiliser la Liberté[1],[2].

Cette liste de non-droits circula longtemps sur Internet et fait partie de son folklore. Elle fut parfois attribuée à un représentant du comté de Georgie[3]. L'auteur l'aurait écrite après avoir entendu une émission de radio annonçant le plan du Président Bill Clinton pour un système de santé gratuite[4].

Préambule

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« Nous, le peuple sensé des États-Unis, essayant d'aider tout le monde à vivre ensemble, à restaurer un semblant de justice, éviter davantage d'émeutes, garder la nation en sûreté, promouvoir des comportements positifs et assurer une liberté non entravée de dette pour nous et nos petits-petits-petits-enfants, par la présente, essayons une fois de plus de décréter et d'établir une politique du sens commun pour les incurables pleurnichards, rongés par la culpabilité, délirants et autres libéraux incontinents. Nous tenons ces vérités pour évidentes en elles-mêmes et que beaucoup de gens sont déconcertés par la Déclaration des Droits et sont si confus qu'ils ont besoin d'une déclaration de NON-droits.

Article I

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Vous n'avez pas le droit à une voiture neuve, un grand écran de télé en couleur ni aucune autre forme de richesse.

Tant mieux pour vous si vous pouvez légalement les acquérir, mais personne ne garantit rien.

Article II

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Vous n'avez pas le droit de n'être jamais offensé.

Ce pays est basé sur la liberté et cela signifie la liberté pour tout le monde — pas juste pour vous ! Vous pouvez sortir de la pièce, changer de chaîne, exprimer une opinion différente, etc. mais le monde est rempli d'imbéciles et le sera probablement toujours.

Article III

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Vous n'avez pas le droit d'être exempt de tout préjudice.

Si vous vous plantez un tournevis dans l'œil, apprenez à être plus prudent la prochaine fois, n'attendez pas du fabricant qu'il vous rende, vous et vos proches, inconditionnellement riches.

Article IV

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Vous n'avez pas le droit à de la nourriture et à un logement gratuit.

Des citoyens charitables aideront volontiers quiconque est dans le besoin. Cependant on devient rapidement inquiet à force de subventionner des générations de patates couchées professionnelles qui ne parviennent à rien de plus que d'engendrer d'autres générations de patates couchées professionnelles.

Article V

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Vous n'avez pas le droit à une protection de santé gratuite.

Ce serait bien, mais vu l'aspect des établissements publics de santé, nous préférons que ça ne soit pas le gouvernement qui s'occupe de la santé.

Article VI

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Vous n'avez pas le droit de blesser quelqu'un d'autre physiquement.

Si vous kidnappez, violez, mutilez ou tuez quelqu'un intentionnellement, ne soyez pas surpris si le reste d'entre nous veulent vous voir frire sur une chaise électrique.

Article VII

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Vous n'avez pas la droite de vous approprier les possessions des autres.

Si vous volez, détournez ou trichez avec les biens ou les services d'autres citoyens, ne soyez pas surpris si le reste d'entre nous se mettent tous ensemble contre vous pour vous enfermer dans un lieu où vous n'aurez toujours pas le droit à un grand écran de TV ni à une vie oisive.

Article VIII

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Vous n'avez pas le droit de demander que nos enfants risquent leur vie dans des guerres étrangères qui apaiseront votre conscience endolorie.

Nous détestons les gouvernements oppressifs et ne lèverons pas le moindre petit doigt pour vous empêcher d'aller vous battre si cela vous plaît. Cependant, nous n'aimons pas faire de la pédagogie au monde entier et ne souhaitons pas dépenser autant de notre temps à batailler contre chaque petit tyran en uniforme militaire avec un couvre-chef ridicule sur sa tête.

Article IX

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Vous n'avez pas le droit à un travail.

Chacun d'entre nous veut très certainement que vous en ayez un et vous aidera volontiers si les temps sont difficiles, mais nous espérons que vous saurez tirer parti d'une éducation et de l'apprentissage d'une vocation avant de vous rendre utile.

Article X

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Vous n'avez pas le droit au bonheur.

Être citoyen signifie que vous avez le droit de poursuivre le bonheur — ce qui, au passage et beaucoup plus facile si vous n'êtes pas entravés par une surabondance de lois débiles créés par ceux d'entre vous qui ont été embrouillés par la Déclaration des Droits.

Postambule

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Si vous êtes d'accord qu'une compréhension des non-droits est nécessaire pour « assurer les bienfaits de la liberté », je vous encourage fortement à en faire part à autant de personnes que possible ou à lier ce texte à vos propres pages web. Non, vous n'êtes pas obligés de le faire, si vous ne le faites pas, rien de tragique n'arrivera, néanmoins je pense qu'il est grand temps que le bon sens soit autorisé à ressurgir dans notre société et à fleurir à nouveau. Merci !!! »

Commentaires

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Sur l'article VIII, un philosophe de l'école Friessienne[2] souligne que les libertariens ont tendance à penser que « si nous laissons tout le monde tranquille, les autres nous laisseront tranquille eux aussi », mais que le monde fonctionne rarement ainsi. Si nous voyons un crime en train d'être commis dans notre vie quotidienne, nous avons l'obligation morale d'agir, si nous en sommes capables. C'est une obligation, un devoir, tacite.  Le même principe s'applique dans la vie d'une Nation, sous réserve de la prudence, qui peut faire que, parfois, il est préférable ne pas participer à une guerre, même si elle qualifiée de « juste ». 

La formulation originale de ce non-droit, évoquant une « conscience endolorie », se tourne en direction de ceux qui pensent que des nations ont eu le devoir de stopper les conquêtes territoriales des nazis et leurs massacres.

Un « dictateur avec un couvre-chef ridicule » est un euphémisme pour peu que l'on regarde ce que les tyrans sont capables de faire. Autoriser leurs abus à se perpétrer trop longtemps peut signifier que le pouvoir qu'ils accumulent nous menace plus directement.  Ceci remonte à une maxime de Machiavel, selon laquelle « laisser un désordre se poursuivre » n'est ni sage ni raisonnable en matière de politique d'État[5].

Notes et références

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  1. « Rights, Responsibilities, and Communitarianism », sur friesian.com (consulté le )
  2. a et b « The Bill of No Rights », sur friesian.com (consulté le )
  3. (en) Barbara Mikkelson, « Bill of No Rights », sur Snopes, (consulté le )
  4. « Bill of No Rights - Everything2.com », sur everything2.com (consulté le )
  5. Thomas Berns, « Machiavel : rire de la crainte », Multitudes, vol. 30, no 3,‎ , p. 171–175 (ISSN 0292-0107, DOI 10.3917/mult.030.0171, lire en ligne, consulté le )