Dépression résistante
La dépression résistante, ou dépression réfractaire aux traitements, est un terme de psychiatrie clinique pour décrire une dépression majeure qui ne répond pas correctement aux protocoles de traitements antidépresseurs sur une certaine durée[1]. Il existe plusieurs définitions de la dépression résistante, mais elles n'englobent pas la résistance aux psychothérapies. Traditionnellement, l'absence de réponse (c'est-à-dire que les symptômes dépressifs ne s'améliorent pas) est considérée comme une résistance au traitement. Néanmoins, de nombreux cliniciens considèrent qu'une réponse est insuffisante si la personne n'obtient pas la rémission totale des symptômes[2]. Certains facteurs sont susceptibles de concourir à une réponse insuffisante : arrêt précoce du traitement, dosage insuffisant des médicaments, non-observance du traitement par le patient, erreur de diagnostic et présence d'autres troubles psychiatriques concomitants[3]. L'expression « dépression résistante » peut aussi s'accompagner d'une précision sur la classe de médicaments auquel le patient ne répond pas (ex : résistance aux ISRS)[4]. Face aux dépressions résistantes, des traitements adjuvants comme la psychothérapie, les sels de lithium ou l'aripiprazole présentent de faibles indices d'efficacité[5].
D'après un article paru dans Actualités sur les maladies dépressives, la résistance aux traitements « serait retrouvée chez 15 à 30 % des sujets souffrant d’un épisode dépressif majeur (EDM) »[6].
Dans le cas d'une absence de réponse aux traitements médicamenteux, la thérapie de stimulation cérébrale profonde présente des résultats prometteurs[7]. Les zones cibles de la stimulation sont alors le gyrus cingulaire, la capsule interne ou le noyau accumbens[7]. La stimulation cérébrale profonde dans le traitement de la dépression a été mise en œuvre pour la première fois par une neurologue américaine, le Dr Helen S. Mayberg[8],[9].
Facteurs de risques
modifierTroubles psychiatriques comorbides
modifierLes troubles psychiatriques comorbides passent souvent inaperçus dans le traitement de la dépression. S'ils ne sont pas traités, les symptômes de ces troubles peuvent interférer avec l'évaluation et le traitement. Les troubles anxieux sont l'un des types de troubles les plus courants associés à la dépression résistante au traitement. Les deux troubles coexistent souvent et présentent des symptômes similaires. Certaines études ont montré que les patients souffrant à la fois de dépression majeure et de trouble panique sont les plus susceptibles de ne pas répondre au traitement. La toxicomanie peut également être un facteur prédictif d'une dépression résistante au traitement. Il peut amener les patients déprimés à ne pas respecter leur traitement, et les effets de certaines substances peuvent aggraver les effets de la dépression. Parmi les autres troubles psychiatriques susceptibles de prédire une dépression résistante au traitement figurent le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité[10], les troubles de la personnalité, les troubles obsessionnels compulsifs, et les troubles de l'alimentation[11].
Troubles médicaux comorbides
modifierCertaines personnes chez qui l'on diagnostique une dépression résistante au traitement peuvent souffrir d'un problème de santé sous-jacent non diagnostiqué qui cause ou contribue à leur dépression. Les maladies endocriniennes telles que l'hypothyroïdie, le syndrome de Cushing et la maladie d'Addison sont parmi les plus fréquemment identifiées comme contribuant à la dépression. D'autres incluent le diabète, les maladies coronariennes, le cancer, le VIH et la maladie de Parkinson. Un autre facteur est que les médicaments utilisés pour traiter les troubles médicaux comorbides peuvent diminuer l'efficacité des antidépresseurs ou provoquer des symptômes de dépression.
Caractéristiques de la dépression
modifierLes personnes atteintes de dépression qui présentent également des symptômes psychotiques, tels que des délires ou des hallucinations, sont plus susceptibles de résister au traitement. Une autre caractéristique dépressive qui a été associée à une mauvaise réponse au traitement est la durée plus longue des épisodes dépressifs[4] Enfin, les personnes souffrant d'une dépression sévère et celles qui sont suicidaires sont plus susceptibles de ne pas répondre au traitement antidépresseur[12].
Traitements
modifierPharmacothérapie
modifierTrois options thérapeutiques médicamenteuses peuvent être utilisés lorsqu'un traitement médicamenteux s'avère inefficace : le changement de médicament, la polythérapie (association de deux types différents d'antidépresseurs), ou l'association d'un traitement adjuvant (ajout d'un médicament non antidépresseur susceptible d'accroître l'efficacité de l'antidépresseur).
Autres traitements
modifierÉlectroconvulsivothérapie
modifierLa électroconvulsivothérapie n'est généralement considérée comme une option thérapeutique que dans les cas graves de dépression résistante au traitement. Elle est utilisée lorsque les médicaments n'ont pas réussi à améliorer les symptômes de manière répétée, et généralement lorsque les symptômes du patient sont si graves qu'il a été hospitalisé. Il a été montré que l'électroconvulsivothérapie permet de réduire les pensées suicidaires et de soulager les symptômes dépressifs[13]. Elle est associée à une augmentation du facteur neurotrophique dérivé de la lignée des cellules gliales[14].
rTMS
modifierLa rTMS (stimulation magnétique transcrânienne répétitive) est progressivement reconnue comme une option thérapeutique précieuse dans la dépression résistante au traitement. Un certain nombre d'essais randomisés contrôlés par placebo ont comparé la rTMS réelle à la rTMS fictive. Ces essais ont systématiquement démontré l'efficacité de ce traitement contre la dépression majeure. Il y a également eu un certain nombre de méta-analyses d'essais randomisés contrôlés[15].
Références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Treatment-resistant depression » (voir la liste des auteurs).
- (en) Chanaka Wijeratne et Perminder Sachdev, « Treatment-resistant depression: critique of current approaches », The Australian and New Zealand Journal of Psychiatry, vol. 42, no 9, , p. 751–62 (PMID 18696279, DOI 10.1080/00048670802277206, S2CID 2848646).
- Papakostas, G. I., & Fava, M. (2010). Pharmacotherapy for depression and treatment-resistant depression. Hackensack, NJ: World Scientific.[page à préciser]
- Souery D, Papakostas GI, Trivedi MH, « Treatment-resistant depression », J Clin Psychiatry, vol. 67 Suppl 6, , p. 16–22 (PMID 16848672)
- Berman RM, Narasimhan M, Charney DS, « Treatment-refractory depression: definitions and characteristics », Depress Anxiety, vol. 5, no 4, , p. 154–64 (PMID 9338108, DOI 10.1002/(sici)1520-6394(1997)5:4<154::aid-da2>3.0.co;2-d)
- (en) R Strawbridge, « Augmentation therapies for treatment-resistant depression: systematic review and meta-analysis. », The British Journal of Psychiatry: The Journal of Mental Science, vol. 214, no 1, , p. 42–51 (PMID 30457075, DOI 10.1192/bjp.2018.233 )
- Didier Delhaye, Olivier Doumy, Bruno Aouizerate, « Dépression résistante : que pouvons-nous en savoir aujourd’hui ? », Actualités sur les maladies dépressives, (lire en ligne).
- Elena Sender, « La stimulation cérébrale profonde, bonne pour la dépression », Science et Avenir, (lire en ligne)
- (en) « Deep Brain Stimulation (DBS), A 'Pacemaker for the Brain' to Treat Depression », sur Brain & Behavior Research Foundation, (consulté le )
- (en) David Dobbs, « Why a ‘Lifesaving’ Depression Treatment Didn’t Pass Clinical Trials ... but could still be a groundbreaking therapy », The Atlantic, (lire en ligne)
- Sternat T, Katzman MA, « Neurobiologie du tonus hédonique : la relation entre la dépression résistante au traitement, le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité et la toxicomanie », Neuropsychiatric Disease and Treatment, vol. 12, , p. 2149-2164 (PMID 27601909, PMCID 5003599, DOI 10. 2147/NDT.S111818 )
- Kornstein SG, Schneider RK, « Clinical features of treatment-resistant depression », The Journal of Clinical Psychiatry, vol. 62, no Suppl 16, , p. 18–25 (PMID 11480880)
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