Dahmane El Harrachi

chanteur algérien
Dahmane El Harrachi
Nom de naissance Abderrahmane Amrani
Naissance
El Biar (Algérie)
Décès (à 54 ans)
Aïn Benian (Algérie)
Genre musical Chaâbi
Instruments mandole, banjo, qanûn, alto, ney (flûte en roseau), târ (tambourin), darbouka et piano.
Influences Musique arabo-andalouse (çanâa d'Alger)

Abderrahmane Amrani, connu sous le nom de scène Dahmane el Harrachi (en arabe : دحمان الحراشي), est un musicien, auteur-compositeur-interprète algérien, de musique chaâbi. Né le à El Biar, Alger, et mort le à Aïn Benian dans la banlieue ouest d'Alger. Considéré comme un grand maître (cheikh) du chaâbi. Il a contribué à faire connaître ce genre du musique en l'exportant a travers le monde par sa chanson Ya Rayeh. Il est le père de Kamel El Harrachi, également auteur-compositeur-interprète de Chaâbi[1].

Biographie modifier

Algérois originaire de Djellal dans la wilaya de Khenchela, son père s'installe à Alger en 1920 et devient muezzin à la Grande Mosquée. Après la naissance de Dahmane (diminutif de Abderrahmane), la famille déménage à Belcourt, rue Marey, puis s'installe définitivement dans le quartier populaire de El-Harrach. Benjamin d'une famille de onze enfants, c'est d'El-Harrach que Dahmane tient son surnom d'El Harrachi. Il s'initie très tôt au banjo, il est influencé par le chanteur chaâbi Khelifa Belkacem (décédé en 1951). À 16 ans, il interprétait déjà les chansons de ce dernier. Le certificat d'études en poche, il se fait cordonnier puis receveur de tramway sur la ligne reliant Maison Carrée à Bab El Oued. C'est déjà un virtuose du banjo et beaucoup de chanteurs chaâbi des années 1940 s'offrent ses services tels que : Hadj Menouar, Cheïkh M'Hamed Bourahla, Cheikh Hacène El-Annabi, Abdelkader Ouchala et surtout Cheikh El Hasnaoui avec qui il se produit pour la première fois au Café des Artistes, rue de Charonne à Paris en 1952[2].

En 1949, il se rend en métropole et s'installe à Lille, puis à Marseille et enfin à Paris, ville qu'il ne quittera pratiquement plus. Pendant des années, il se produit dans les cafés maghrébins des villes de France. Il interprétait le répertoire chaâbi en s'accompagnant d'un banjo. Il découvre alors le décalage entre la réalité de l'immigration et le répertoire maghrébin du Melhoun écrit entre le XVIe et le XIXe siècle. Auteur-compositeur, il adapte à sa manière le chaâbi en créant un nouveau langage musical et poétique. Ses chansons parlent du vécu dans un parler soutenu, compréhensible par toute la communauté maghrébine[3].

Il enregistre son premier disque chez Pathé Marconi en 1956, pendant la guerre d'indépendance. Sa chanson portait le titre de Behdja Bidha Ma T'houl (Alger la blanche ne perdra jamais de son éclat) et compose aussi la chanson Kifech Nennsa Biled El Khir (Comment pourrai-je oublier le pays de l'abondance). Artiste original, il a modernisé le Chaâbi et a donné au banjo et au mandole un phrasé, une harmonie et des accentuations qui lui sont propres et qui le distinguent des autres chanteurs Chaâbi. Son répertoire est constitué d'environ 500 chansons dont il est l'auteur. Cassant la tradition des ‘Qacidates (paroles) et du rituel des soirées Chaâbi, il invente la chanson populaire sur fond de mélodies Chaâbi. Pour donner plus de contenance à ses textes lyriques, il fait très souvent appel au procédé métaphorique. Son jeu du banjo, de la mandole, sa voix rocailleuse se prête très bien à son répertoire brossant les thèmes de la nostalgie du pays, les souffrances de l’exil, la passion pour sa ville natale, l'amitié, la famille, les déboires amoureux, les vicissitudes de la vie, la droiture, la rigueur morale tout en fustigeant la malhonnêteté, l'hypocrisie, l'ingratitude et la mauvaise foi[4]. Comme le chanteur oranais Ahmed Saber, Dahmane El Harrachi n'était pas apprécié par «le culturellement correct» d'Alger et «le politiquement parfait» du régime politique de Houari Boumédiène. Ses paroles populaires, incisives et ses mélodies le font apprécier du grand public populaire, le journaliste et chercheur Mahdi Berrached précise que «El Harrachi était écouté dans les cafés, les bars ou entre copains en bord de mer. Il ne rentrait pas dans les maisons».[5]

Il a fait toute sa carrière artistique en France et eu enfin la reconnaissance de ses pairs lors du Festival de la Musique Maghrébine qui s'est tenu au début des années 1970 à La Villette. Découvert sur le tard par la nouvelle génération en Algérie, il ne s'est produit officiellement en public qu'en 1974 à la salle Atlas d'Alger où il remporta un franc succès. À la télévision algérienne, il a laissé trois enregistrements et a joué son propre rôle de chanteur Chaâbi, dans le téléfilm Saha Dahmane (Salut Dahmane) tourné juste avant sa disparition dans un accident de la route survenu le 31 août 1980 à Aïn Benian, à 19 km environ à l'ouest d'Alger.

Après sa mort, son fils, Kamel El Harrachi, également auteur-compositeur-interprète de Chaâbi, continue de faire vivre son répertoire[1],[6]. Sa chanson la plus célèbre Ya Rayah (Celui qui s'en va), traitant de l'émigration, du départ, a connu un grand succès à sa sortie en France en 1973. Rachid Taha la reprendra en 1997, et la chanson connaitra un succès planétaire, ravivant l'héritage musical de la légende de la musique algérienne et arabe Dahmane El Harrachi.

En 2014, sort le film documentaire Thaourate El Harrachi (La Révolution D'El Harrachi), écrit par Mourad Ouabbas et réalisé Farah Alame,  qui retrace la carrière artistique de Dahmane El Harrachi. Dans le documentaire, la parole est donnée à certains artistes qui ont connu El Harrachi, comme Kamel Hamadi ou Cheikh Namous, et à ceux qui ont repris ses chansons, comme Cheb Khaled[7],[8].

Discographie modifier

Cinéma modifier

En 1980, Dahmane el Harachi a joué son propre rôle de chanteur de châabi dans un film intitulé "Saha Dahmane"[9] (Salut Dahmane) tourné juste avant sa disparition. Le film a été réalisé par le metteur en scène Salim Belkadi auquel ont participé un bon nombre de chanteurs et d'acteurs notamment Mohamed Mokhtari, Mohamed el Badji, Amar Ouhadda, Hadj Noureddine, Benbourek Arab, Smail Kerrar, Ammar Ferhat, Boualem Bellili, Lakhdar Abada et Mohamed Gliz.

Notes et références modifier

  1. a et b Fouzia Marouf, « Kamel El Harrachi, chanteur «  J’apporte un nouveau souffle au chaâbi  » », Le Soir Échos,‎ (lire en ligne)
  2. (ar) Dahmane El Harrachi, Chaou, Hamdi Benani et Hadj M'Hamed El Anka, Chaâbi d'Algérie / Dahmane El Harrachi, chant, Wagram Music, (lire en ligne)
  3. Mohamed Touati, « Il nous a quittés il y a 41 ans, L'inoubliable Dahmane El Harrachi », (consulté le )
  4. El Harrachi Dahmane (lire en ligne)
  5. El Watan, « Dahmane El Harrachi, le chanteur de la périphérie », (consulté le )
  6. admin, « Cela s’est passé un 7 juillet 1926, naissance de Dahmane El Harrachi », sur Babzman, (consulté le )
  7. La Rédaction, « Documentaire : «Thaourate El Harrachi» », (consulté le )
  8. « Dahmane El Harrachi, le chanteur de la périphérie », (consulté le )
  9. « Film musical et portrait de Dahmane el Harrachi , Saha Dahmane فلم تمثيلي غنائي ـ صحى دحمان "الحراشي" » Accès libre [HTML/Video], sur www.okbob.net

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Algérie-Actualité, no 981, du 2 au 8 août 1984
  • Algérie-Actualité, no 1234, du 8 au 14 juin 1989
  • Révolution africaine, no 1332, du 15 septembre 1989
  • Révolution africaine, no 1357, du 2 au 8 mars 1990
  • Le Soir d'Algérie, 30 août 1993
  • Horizons, 30 août 1995

Liens externes modifier