Date de la mort de Jésus

épisode du Nouveau Testament

La date de la mort de Jésus de Nazareth n'est pas connue avec certitude. Les historiens la situent aujourd'hui généralement vers 30, le plus souvent le vendredi ou le vendredi (calendrier julien), soit le vendredi ou le vendredi (calendrier grégorien proleptique) de notre ère.

Andrea Mantegna, La Lamentation sur le Christ mort, fin du XVe siècle

Le problème de la datation

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Pour la recherche contemporaine, les dates les plus fréquemment proposées sont le 30 et le 33[1] (calendrier julien).

Selon les évangiles canoniques, Jésus est crucifié sous la préfecture en Judée de Ponce Pilate[2], dont on sait par ailleurs qu'elle dure de 26 à 36. D'autres éléments du Nouveau Testament permettent de réduire la fourchette : l'évangile selon Luc (3:1) indique que Jean le Baptiste commence sa prédication la quinzième année du règne de Tibère, soit vers 28-29, et que celle de Jésus commence peu après[2]. Cette date est corroborée par l'évangile selon Jean (Jean 2:20), selon lequel au début de la prédication de Jésus, il s'est écoulé 46 ans depuis la construction du Temple de Jérusalem, ce qui nous amène en 27-28[2]. La durée de la prédication de Jésus est difficile à préciser, mais va de quelques mois si l'on suit les synoptiques à deux ou trois ans si l'on suit l'évangile de Jean[2]. Certains avancent même une durée du ministère de Jésus de 3 ans et demi[3]. Cette idée rejoint l'idée que Jésus aurait célébré 4 Pâques selon Jean[4]. Par ailleurs, une date tardive est difficilement compatible avec la chronologie de Paul de Tarse tirées des Actes des Apôtres et de ses lettres (en particulier la Lettre aux Galates : « En prenant en compte la datation de Luc pour le début de la prédication de Jean le Baptiste, la période de l'administration de Pilate, et les éléments chronologiques déduits de la chronologie de Paul, la plupart des historiens se contentent de dire que Jésus a été exécuté entre 29 et 33 »[5].

Les évangiles indiquent que cette exécution a eu lieu un vendredi parce qu'il s'agissait d'un double sabbat[6], mais pour les synoptiques c'est le lendemain du repas de la Pâque (15 nisan) alors que pour l'évangile de Jean c'est le jour du repas de la Pâque (14 nisan). Les historiens retiennent généralement plutôt la version de Jean, car il semble douteux que le procès et l'exécution de Jésus aient pu se dérouler pendant la Pâque juive[2]. Il est à noter qu'à cette époque-là on disait parfois « la Pâque » pour parler de la fête tout entière, c'est-à-dire le jour de la Pâque suivi de la fête des Gâteaux sans levain (soit 8 jours). Une offrande de paix, volontaire, était faite le jour de la Pâque et une autre obligatoire, le lendemain, 15 Nisan[7]. C'est certainement cette deuxième offrande que les chefs juifs craignaient de ne pouvoir manger sans souillure. Les données astronomiques sur la visibilité de la nouvelle lune permettent de savoir que, dans la fourchette 26-36, les années pour lesquelles il est possible que le 14 nisan tombe un vendredi sont 27, 30, 33 et 36, les années 27 et 36 étant moins probables[8]. Dans la fourchette 29-33, il reste le 30 et le 33[1],[9],[10],[11].

Le Talmud de Jérusalem indique que, quarante ans avant la destruction du Temple de Jérusalem, le droit de prononcer les sentences capitales n'était plus accordé aux Israélites[12], ce qui pose la question du procès de Jésus. En effet, le Sanhédrin n'avait plus à cette époque le pouvoir de prononcer la peine capitale[13].

Ouvrages

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  • Roger T. Beckwith, Calendar and Chronology, Jewish and Christian: Biblical, Intertestamental and Patristic Studies, Brill, 2001 [2]
  • Raymond E. Brown, La Mort du Messie, Bayard, (1re éd. 1994)
  • Jack Finegan (en), Handbook of Biblical Chronology : Principles of Time Reckoning in the Ancient World and Problems of Chronology in the Bible, Princeton University Press,
  • Harold W. Hoehner, « The chronology of Jesus », dans Tom Holmen et Stanley E. Porter, Handbook for the Study of the Historical Jesus, Brill,
  • John Paul Meier, Un certain juif : Jésus. Les données de l'histoire, t. I : Les sources, les origines, les dates, Cerf,
  • Simon Claude Mimouni, « Questions chronologiques relatives à Jésus », dans Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le Christianisme des origines à Constantin, PUF/Nouvelle Clio,
  • (en) C. Philipp E. Nothaft, Dating the Passion : The Life of Jesus and the Emergence of Scientific Chronology (200–1600), Brill Academic Publishers, [3]
  • George Ogg, The Chronology of the Public Ministry of Jesus, Cambridge University Press, 1940, rééd. 2014
  • Brant Pitre, Jesus and the Last Supper, Eerdmans, 2015 [4]

Articles

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Helen K. Bond (en) Dating the Death of Jesus: Memory and the Religious Imagination, New Testament Studies, vol. 59, no. 04, 2013, pp. 461-475. [5]

Articles connexes

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Notes et références

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  1. a et b (en) Philipp E. Nothaft, Dating the Passion: The Life of Jesus and the Emergence of Scientific Chronology (200–1600), BRILL, 2011, p. 26: « In spite of all these vagaries, the repeated attempts to calculate the Passion date during the twentieth century have left us with a surprisingly small number of possible candidates. It is now generally agreed that the two most likely dates are 7 April, AD 30,and 3 April, AD 33, which were both instances of 14 Nisan according to modern calculation. [...] Out of these dates, 3 April, AD 33, appears to be the likeliest for reasons both astronomical and historical.» - Nothaft donne comme référence : John K. Fotheringham, “The Evidence of Astronomy and Technical Chronology for the Date of the Crucifixion,” Journal of Theological Studies 35 (1934), pp. 146–162 ; August Strobel, Ursprung und Geschichte des frühchristlichen Osterkalenders, Akademie-Verlag, 1977 pp. 70–100 ; Bradley E. Schaefer, “Lunar Visibility and the Crucifixion,” Quarterly Journal of the Royal Astronomical Society 31 (1990), pp. 53–67 [1]; George Ogg, The Chronology of the Public Ministry of Jesus, Cambridge University Press, 1940, rééd; 2104, p. 277 ; Raymond E. Brown, The Death of the Messiah, Doubleday, 1994, pp. 1373–1376; Jack Finegan, Handbook of Biblical Chronology: Principles of Time Reckoning in the Ancient World and Problems of Chronology in the Bible, Hendrickson Publishers (en), 1998, pp.359–65 - Alden A. Mosshammer, The Easter Computus and the Origins of the Christian Era, Oxford University Press, Oxford Early Chistian Studies, 2008, p. 50: « Most scholars favour either Friday, 7 April of AD 30, following the full moon of 6 April, or Friday, 3 April of AD 33, on which date there was an astronomical full moon. E. J. Bickerman (1968: 26) warned that, given the poor state of our knowledge about how the Jerusalem authorities regulated the religious calendar in this period, all such attempts to the date the Passion astronomically are futile. Leo Depuydt (2002), however, has recently argued that the authorities would have observed the moon in such as way as to make Friday, 18 March AD 29, the most likely date. Nikos Kokkinos (1989) favours 30 March AD 36, on the grounds that the Passion occurred after the death of John the Baptist, which he dates to AD 35. »
  2. a b c d et e Simon Claude Mimouni, « Questions chronologiques relatives à Jésus », dans Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le Christianisme des origines à Constantin, PUF/Nouvelle Clio,
  3. The International Standard Bible Encyclopedia, 1957, tome III, pp. 1628, 1629.
  4. Jean 2,13 ; 5,1 ; 6,4 ; 13,1
  5. (en) E. P. Sanders, The Historical Figure of Jesus, Penguin, 1995, Appendix I chronology : « Taking into account Luke's dating of the beginning of John the Baptist's ministry, the period of Pilate's administration, and the evidence derived from the chronology of Paul, most scholars are content to say that Jesus was executed sometime between 29 and 33 CE ».
  6. Jean 19:31
  7. Alfred Edersheim, The Temple, p. 186, 187, 1874.
  8. Hoehner 2010, p. 2353
  9. Raymond E. Brown, La mort du Messie, Bayard, (1re éd. 1994), p. 1512 :

    « Blinzer (Prozess, p. 101-102) a énuméré les options d’environ cent auteurs concernant l’année de la mort de Jésus : aucun de ceux qu’il cite n’a opté pour l’an 34 (en fait, c’est le cas de Zeitlin) ou 35, alors qu'un à trois d’entre eux privilégiaient respectivement les années 26, 27, 28, 31, 32 et 36. Treize ont opté pour 29, cinquante-trois pour 30, et vingt-quatre pour 33 - ce qui rejoint la fourchette évoquée ci-dessus. »

  10. Voir aussi Annie Jaubert, « La date de la dernière Cène », in Revue de l'histoire des religions, 146-2, 1954.
  11. Dans Les œuvres de Flavius Josèphe (angl.) par William Whiston, une note marginale sur les Antiquités judaïques, livre XVIII, chap. III, §3 donne le 3 avril 33 après notre ère (calendrier julien) comme date de la mort de Jésus.
  12. Moïse Schwab, Le Talmud de Jérusalem, tome 10, Paris, 1888, page 28 et tome 11, Paris, 1889, p. 3.
  13. Marie-Françoise Baslez, Bible et Histoire : Judaïsme, hellénisme, christianisme, Folio/Histoire, 1998 (ISBN 2-07-042418-9), p. 211-213.