Deborah Lifchitz

linguiste française spécialiste des langues sémiotiques éthiopiennes (1907–1942)

Deborah Lifchitz (parfois écrit Lifschitz, Lifszyc ou Livchitz) est une ethnologue et linguiste russe puis française, spécialiste en particulier des langues sémitiques de l'Éthiopie. Elle a notamment travaillé au musée de l'Homme à Paris et a pris part à la mission Dakar-Djibouti entre 1932 et 1933. Elle est déportée à Auschwitz en 1942, où elle est assassinée.

Deborah Lifchitz
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Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Дебора Ліфшиц ou Дебора ЛифшицVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
russe (jusqu'en )
française (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activité
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Biographie

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Deborah Lifchitz est née en 1907 à Kharkov, ville d’Ukraine, alors partie de la Russie. En 1919, à la suite de la Révolution d'Octobre, sa famille part pour la Crimée puis, en 1920, pour Varsovie. Elle y suit des études secondaires dans une école française.

En 1927, Deborah Lifchitz quitte la Pologne pour Paris où, outre une formation de bibliothécaire, elle étudie les langues orientales et se spécialise dans les langues sémitiques de l’Éthiopie. Après l'obtention de son diplôme, elle rejoint avec le peintre Gaston-Louis Roux la mission Dakar-Djibouti en Afrique, où elle travaille en particulier sur les Falachas[1]. Après son retour à Paris, Deborah Lifchitz occupe un poste au département Afrique du musée de l'Homme. En 1935, elle part avec Denise Paulme, dans le cadre de la mission du musée d'Ethnographie du Trocadéro, à Songa au Soudan français (actuel Mali). Dans le cadre de cette mission, elle rapporte deux pièces dogon actuellement exposées au musée du Louvre et au musée du quai Branly - Jacques-Chirac.

Deborah Lifchitz est l'auteure d'un livre et de plusieurs articles, qui sont encore considérés comme des jalons dans la recherche sur les langues éthiopiennes. La publication en 1940 de son ouvrage principal intitulé : Textes Ethiopiens magico-religieux[2].

Elle obtient la nationalité française en 1937. Lorsque les nazis entrent à Paris, Deborah Lifchitz reste dans la capitale et se déclare comme « juive » en 1941. Après avoir perdu son emploi en raison des lois racistes de Vichy, elle est accueillie par son collègue Michel Leiris. Cachée chez ses amis, Louise et Michel Leiris, en , elle est débusquée[3] et arrêtée par la police française, envoyée dans un camp français, puis déportée par le convoi no 34 en date du 18 septembre 1942 de Drancy à Auschwitz, où elle est assassinée à son arrivée le 20 septembre. Selon le témoignage de Marcel Cohen, elle a été gazée.

Au cours de ses études et de son travail au musée de l'Homme, Deborah Lifchitz étudie et collabore avec les anthropologues et spécialistes de l'Afrique à Paris. Parmi eux, Michel Leiris, Wolf Leslau, Marcel Griaule, Marcel Mauss, Marcel Cohen, Paul Boyer, Paul Rivet ou Denise Paulme, avec qui elle a écrit de nombreux articles.

Références

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  • Marianne Lemaire, « L’empreinte du faux », L’Homme, n° 203-204, 2012, p. 545-554.
  • Marianne Lemaire, Celles qui passent sans se rallier. La mission Paulme-Lifchitz, janvier-, Paris, LAHIC / DPRPS-Direction des patrimoines, 2014, Les Carnets de Bérose, n° 5, version en ligne
  • Marianne Lemaire, « Deborah Lifchitz, une carrière d’ethnologue française dans l’entre-deux-guerres », Revue d’histoire des sciences humaines, n° 35 « Carrières de femmes », 2019, p. 197-213, version en ligne
  • Denise Paulme et Deborah Lifchitz, Lettres de Sanga, éditées par Marianne Lemaire, Paris, CNRS Éditions, 2015, 278 p.
  • Lukian Prijac, « Déborah Lifszyc (1907-1942) : ethnologue et linguiste (de Gondar à Auschwitz) », Aethiopica, 2008, n° 11, p. 148-172.

Liens externes

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Notes et références

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