Decennalia

fête officielle dans la Rome antique, célébrant les intervalles de dix ans du règne d'un empereur

Les decennalia sont une fête officielle dans la Rome antique, célébrant les intervalles de dix ans du règne d'un empereur. Des commémorations similaires furent organisées pour la vingtième année de règne (vicennalia) et même pour la trentième année de règne (tricennalia).

Base commémorative des Decennalia de Constance Chlore et Galère en 303, sur le forum romanum.

Origine et durée

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L'origine de cette fête remonte à 18 av. J.-C., par Auguste[1] qui n'avait accepté le pouvoir suprême à l'origine que pour une période de dix ans, au bout de laquelle il lui fut formellement renouvelé pour une nouvelle décennie. La thèse formulée en 1936 par Harold Mattingly qui prend comme départ du décompte la date de la première attribution de la puissance tribunicienne est considérée comme caduque[2]. Selon le mode de comptage romain, les decennalia commémorent le début de la dixième année suivant le jour de proclamation de l'empereur (dies imperii), soit selon un comput moderne le neuvième anniversaire de cette proclamation[3]. Cette règle n'est toutefois pas absolue, selon les études de Paul L. Strack (de), approfondies par Marguertie Rachet : Trajan, absent de Rome en janvier 107, fête ses decennalia en janvier 108, soit au début de sa onzième année de règne[4], Hadrien respecte le même délai et commémore les siennes en octobre 127[5]. Pour Antonin le Pieux, il y a un désaccord entre Rachet, qui date ses decennalia en février 148[6], tandis qu'André Chastagnol les situe en 147[7].

Les empereurs conservèrent la tradition des decennalia jusque dans l'Antiquité tardive. Les dernières commémorations sont les vicennalia de Constantin Ier en 326 à Rome et ses tricennalia en 335 à Constantinople, les tricennalia de Constance II en Arles en 353[8], et les decennalia de Gratien le 24 aout 376[9]. Selon une certaine forme de continuité, le roi ostrogoth Théodoric le Grand fête ses trente ans de règne à Rome en 500[9].

Cérémonies

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Elles étaient marquées par des jeux, des émissions monétaires commémoratives, et des largesses impériales prenant au IVe siècle la forme de pièces d'argenterie telles que le missorium de Théodose. Quelques textes évoquent les decennalia : Dion Cassius, témoin oculaire des decennalia de Septime Sévère en 202, décrit des exhibitions de fauves et d'animaux exotiques à bord d'un bateau dans un « théâtre » avec une « piscine », qui serait peut-être le plan d'eau central du Circus Maximus, suivies de venationes durant sept jours[10],[11] ; l'Histoire Auguste décrit de façon fantaisiste une gigantesque procession dans Rome à l'occasion des decennalia de Gallien en 262[12],[1].

Les émissions monétaires commémorant les decennalia sont émises à partir du règne d'Antonin le Pieux. Elles montrent des rites religieux, comme l'empereur effectuant une libation sur un petit autel, puis apparaissent des revers portant les formules de vœux telles que VOTIS X ET XX à partir des decennalia de Gallien en 262[13].

Des monuments pouvaient également être construits pour cette occasion comme l'ensemble des colonnes honorifiques élevées sur le forum pour les secondes decennalia de Dioclétien et Maximien — on parle alors volontiers de vicennalia associées aux decennalia de Constance Chlore et Galère - en 303[14].

Références

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  1. a et b Chastagnol 1987, p. 493.
  2. Rachet 1980, p. 200.
  3. Chastagnol 1987, p. 491.
  4. Rachet 1980, p. 201 et suiv..
  5. Rachet 1980, p. 204.
  6. Rachet 1980, p. 214.
  7. Chastagnol 1987, p. 492.
  8. Chastagnol 1987, p. 506.
  9. a et b Chastagnol 1987, p. 507.
  10. Dion Cassius, 76, 1, 4
  11. Chastagnol 1987, p. 497-499.
  12. Histoire Auguste, Vie de deux Galliens, VII et IX
  13. Chastagnol 1987, p. 501-502.
  14. Chastagnol 1987, p. 494.

Bibliographie

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  • William Smith, A Dictionary of Greek and Roman Antiquities, John Murray, London, 1875, s. v. Decennalia (En ligne)
  • Daremberg et Saglio, « Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio, article DECENNALIA », sur Université Toulouse Jean Jaurès (consulté le ).
  • André Chastagnol, « Aspects concrets et cadre topographique des fêtes décennales des empereurs à Rome », dans L'Urbs : espace urbain et histoire (Ier siècle av. J.-C. - IIIe siècle ap. J.-C.). Actes du colloque international de Rome (8-12 mai 1985), École Française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome » (no 98), (lire en ligne), p. 491-507
  • André Chastagnol, « La fête décennale de Valentinien II », Revue numismatique, vol. 3,‎ , p. 171-179 (lire en ligne)
  • Lotfi Naddari, « Decennalia et Vicennalia d’Antonin le Pieux dans les provinces romaines d’Afrique ? », Antiquités africaines, no 51,‎ , p. 91-110 (lire en ligne)
  • Marguerite Rachet, « Decennalia et Vicennalia sous la dynastie des Antonins », Revue des Études Anciennes, t. 82, nos 3-4,‎ , p. 200-242 (lire en ligne)

Voir aussi

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