Desi Bouterse
Desiré Delano Bouterse, dit Desi Bouterse (prononcé : /ˈbɑutərsə/), né le à Domburg, est un homme d'État surinamais, président de la République du au .
Desi Bouterse | |
Portrait officiel de Desi Bouterse (2010). | |
Fonctions | |
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Président de la République du Suriname | |
– (9 ans, 11 mois et 4 jours) |
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Élection | |
Réélection | |
Vice-président | Robert Ameerali Ashwin Adhin |
Prédécesseur | Ronald Venetiaan |
Successeur | Chan Santokhi |
Président du Conseil national militaire de la République du Suriname | |
– (4 jours) |
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Prédécesseur | Henk Chin A Sen (président de la République) |
Successeur | Fred Ramdat Misier (président de la République) |
– (2 jours) |
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Prédécesseur | Johan Ferrier (président de la République) |
Successeur | Henk Chin A Sen (président de la République) |
Président de la Communauté caribéenne | |
– (5 mois et 29 jours) |
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Secrétaire | Irwin LaRocque |
Prédécesseur | Denzil Douglas |
Successeur | Kenny Anthony |
Biographie | |
Nom de naissance | Desiré Delano Bouterse |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Domburg (Suriname) |
Nationalité | Surinamaise |
Parti politique | Parti national démocratique |
Conjoint | Ingrid Waldring (mariés en 1990) |
Profession | Militaire |
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Présidents de la République du Suriname | |
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Il est l'une des personnalités les plus marquantes de l'histoire du Suriname : successivement militaire — instructeur de sport qui atteint le grade de colonel — puis instigateur d'un coup d’État menant à la dictature militaire du Suriname, il est par la suite chef des armées et désormais homme politique, président et fondateur du Parti national démocratique (NDP). Élu président de la République en 2010, il est réélu en 2015 mais échoue aux élections de 2020.
Le , il est condamné à 20 ans de prison par un tribunal militaire surinamais pour les meurtres de 15 opposants politiques appelés massacres de décembre 1982[1],[2]. Cette peine est confirmée en appel en mais Desi Bouterse se pourvoit en cassation et reste libre[3]. Le , la Haute Cour confirme la peine et le lendemain, le parquet annonce par un communiqué qu'il « va maintenant procéder à l'exécution de la peine et […] consultera les personnes condamnées et/ou leur avocat pour déterminer le jour et la date de l'exécution de la peine »[4]. Alors qu'il doit être incarcéré le , il refuse de se présenter à la prison et la police émet un mandat d'arrêt à son encontre[5].
Biographie
modifierFamille
modifierDésiré Delano Bouterse est né le à Domburg, dans le district de Wanica. Divorcé d'Ingrid Figueira, il est marié à Ingrid Waldring depuis 1990. Il est père de trois enfants, Peggy et Dino avec sa première femme, et Jen-ai avec la deuxième.
Son fils, Dino Bouterse, est arrêté en août 2013 au Panama et extradé vers les États-Unis pour des accusations de trafic de drogue et d’armes[6]. Il est condamné le 12 mars 2015 pour trafic d'armes et de cocaïne, ainsi que pour tentative de soutien au Hezbollah, organisation considérée comme terroriste par les États-Unis[7]. Il pourrait être libéré de prison en 2027.
Coup d'État et régime autoritaire
modifierAu lendemain de l'indépendance du Suriname, le , la situation économique de l'ancienne colonie néerlandaise reste précaire. Dési Bouterse, alors colonel dans l'armée régulière, prend le contrôle du pays grâce à un coup d'État le . Son régime militaire en place, il devient alors président du Conseil militaire national, laissant dans un premier temps le président de la République Johan Ferrier à son poste (il assure la fonction présidentielle deux fois durant quelques jours en 1980 et 1982). La prise du pouvoir par les militaires, largement soutenue par la population, vise officiellement à lutter contre la corruption, le chômage (qui frappe alors 18 % de la population active), et à remettre de l'ordre dans les affaires publiques. Cependant, « les plans politiques étaient vagues, aucune discussion idéologique n'avait eu lieu en préparation du coup d’État », note l'historienne Rosemarijn Hoefte[8].
Il établit des relations diplomatiques avec l’Union soviétique, Cuba et la Corée du Nord, sans pour autant que son régime ne manifeste la moindre orientation communiste. Les Pays-Bas suspendent l'aide au développement accordée à leur ancienne colonie, déstabilisant ainsi l'économie surinamaise. Dans le même temps, la chute des cours de la bauxite, principale exportation surinamaise, accentue la crise économique. Le régime est rapidement confronté à plusieurs soulèvements, tantôt conduits par une partie de l’armée, tantôt par des civils[9]. À partir des 1983, dans la foulée de l'invasion de la Grenade par les États-Unis, le Surinam se rapproche de Washington et expulse les diplomates cubains, peut-être par crainte d'une agression américaine[8].
La répression est féroce, étant lui-même le donneur d'ordre, d'après certains témoignages, des massacres de décembre 1982, au cours desquels quinze opposants politiques sont assassinés. La révolte dirigée par Ronnie Brunswijk, l'un de ses gardes du corps, conduit à la guerre civile qui dure de 1986 à 1992, faisant plusieurs centaines de morts. Il reste de facto le dirigeant de la nation jusqu'à sa démission en 1988.
Échec aux élections de 1996
modifierAprès le retour d'un gouvernement démocratique, dirigé successivement par Ronald Venetiaan et Jules Wijdenbosch, il perd l’élection présidentielle de mai 1996, face à Jules Wijdenbosch. Le slogan de son parti le NDP était : « Leti a Faya », soit en français « allumez la lumière ». Un autre candidat malheureux de ces élections de 1996 : Ronnie Brunswijk, son ancien adversaire militaire durant la guerre civile.
Président de la République
modifierLors des élections législatives du , la coalition Megacombinatie (« grande coalition ») qu'il dirige arrive en tête avec un peu plus de 40 % des voix et obtient 23 sièges, nombre insuffisant pour pouvoir gouverner sans partenaire et pour élire le président de la République. Des tractations entre partis ont lieu et le suivant, Bouterse est élu président de la République par l'Assemblée nationale en obtenant 36 suffrages sur 50 votants[10]. Il prend ses fonctions le 12 août.
Parmi les réformes de son gouvernement, il rend l’école publique gratuite, augmente le salaire minimum et introduit la gratuité des soins médicaux pour les moins de 16 ans et les plus de 60 ans.
Les élections législatives du sont de nouveau remportées par la Megacombinatie qui, avec 27 sièges sur 51, obtient une majorité absolue mais pas celle des deux tiers nécessaire à la réélection de Bouterse[11]. Le suivant, Bouterse, seul candidat, est néanmoins réélu par l'Assemblée nationale pour un deuxième mandat de président de la République[12].
Il échoue à obtenir un troisième mandat aux élections législatives de 2020, remportées par le Parti de la réforme progressiste (VHP) dirigé par Chan Santokhie qui remporte l'élection présidentielle consécutive[13].
Condamnations pour trafic de drogue et meurtres
modifierAyant depuis longtemps profité de son statut pour diriger un trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe, il a été accusé à plusieurs occasions, et le 6 juillet 1999, il est condamné par contumace à 16 ans de prison et 2 millions de dollars d'amende pour trafic de cocaïne par un tribunal aux Pays-Bas. Le 30 juin 2000, sa condamnation est réduite à 11 ans de prison par la cour d'appel de La Haye. Depuis, un mandat d'arrêt international l'empêche de quitter le territoire du Suriname.
Au fil des ans, son passé revient sur le devant de la scène et le gouvernement dit préparer une action judiciaire contre les participants actifs aux massacres de décembre 1982. À l'époque, quinze principaux opposants au régime militaire sont tués par balles au fort Zeelandia. Il prétend qu'il n'était pas présent et que la décision a été prise par le commandant de bataillon Paul Bhagwandas (en), mort en 1996. Toutefois, il en reconnaît la responsabilité politique. En 2017, Bouterse est impliqué dans un procès où l'accusation lui demande de répondre du massacre de décembre. Bien qu'il ait essayé d'empêcher sa tenue en invoquant la sécurité nationale, il risque 20 ans de prison s'il est reconnu coupable[14]. Le 29 novembre 2019, alors qu'il était en voyage officiel en Chine, le président Desi Bouterse a été condamné par un tribunal militaire surinamais à 20 ans de prison pour le massacre de décembre 1982. Six autres anciens officiers de l’armée du Suriname ont également été condamnés avec lui, dont un ancien consul du Suriname en Guyane[2],[1].
Le , Dési Bouterse est condamné à 20 ans de prison pour les Massacres de décembre 1982[15]. Il doit être incarcéré le .
Alors qu'il reste très populaire, notamment dans les classes les plus pauvres, des milliers de ses partisans se sont rassemblés au siège de son parti pour lui exprimer leur soutien[16].
Le , alors qu'il doit être incarcéré deux jours plus plus tard, son épouse Ingrid Bouterse annonce qu'il refuse de se présenter à la prison[17]. La police émet alors un mandat d'arrêt à son encontre[5].
Notes et références
modifier- (en) Ank Kuipers, « Suriname President Bouterse convicted of murder for 1982 executions », Reuters, (lire en ligne)
- Frédécric Farine, « Desi Bouterse condamné à 20 ans de prison par un tribunal militaire du Suriname dans l’affaire de l’exécution d’opposants en décembre 1982 », Guyaweb, (lire en ligne)
- Hélène Ferrarini, « La fatalité de l'or au Surinam », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le ).
- « Suriname: le parquet va faire écrouer l'ancien président Bouterse (communiqué) », sur RFI, (consulté le )
- « Suriname: mandat d'arrêt contre l'ancien président Bouterse (police) », sur RFI, (consulté le )
- « Suriname : drogue, armes et présidence », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Etats-Unis: le fils du président du Suriname lourdement condamné », sur RFI, (consulté le )
- Hélène Ferrarini, « La fatalité de l'or au Surinam », sur Le Monde diplomatique,
- Françoise Barthélémy, « Tentative de déstabilisation au Suriname », sur Le Monde diplomatique,
- « Surinam : l'ex-dictateur Desi Bouterse élu président », lapresse.ca, 19 juillet 2010.
- « Au Suriname, large victoire du parti de l’ex-putschiste Desi Bouterse », lemonde.fr, 26 mai 2015.
- (en) « Suriname's Bouterse Secures Second Presidential Term », Voice of America, 14 juillet 2015.
- « Suriname : le parti du président Desi Bouterse perd les élections », sur Guyane la 1ère (consulté le )
- « Suriname : 20 ans de prison requis contre le président Bouterse », sur Courrier international, le 29 juin 2017.
- « Desi Bouterse definitief veroordeeld tot 20 jaar cel voor Decembermoorden », sur NOS, le 20 décembre 2023.
- « Suriname: peine de 20 ans de prison confirmée en appel pour l'ex-président Bouterse », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne)
- « Suriname : l’ancien président Desi Bouterse refuse d'aller en prison », sur Le Figaro, (consulté le )
Liens externes
modifier- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :