Deuxième Intifada sahraouie

L'Intifada de l'Indépendance[1] ou plus connue sous le nom de « Deuxième Intifada sahraouie » (le mot intifada est traduit par « soulèvement » en arabe) aussi appelée Intifada de mai[2], est un terme militant sahraoui désignant une série de troubles, de manifestations et d'émeutes qui ont éclaté en mai 2005[réf. nécessaire] dans les parties contrôlées par le Maroc du Sahara occidental et du sud du Maroc. Cet événement a également été appelé l'Intifada d'El-Aaiun par les mêmes sources.[réf. nécessaire]

Deuxième Intifada sahraouie

Informations
Date Mai-Novembre 2005
Localisation Sahara occidental
Caractéristiques
Participants Indépendantistes sarahouis
Revendications Indépendance du Sahara occidental, respect des droits de l'homme
Nombre de participants Plusieurs centaines
Types de manifestations Manifestations, résistance civile, émeutes
Bilan humain
Morts 1
Blessés Plusieurs dizaines

Contexte modifier

  Le Sahara occidental, anciennement "Sahara espagnol", a été revendiqué par le Maroc en 1975, à la suite du retrait du territoire de l'Espagne. Une guerre avec le Front Polisario, représentant de la population indigène sahraouie selon les Nations unies, soutenu par l'Algérie voisine, a dès lors débuté. En 1991, un cessez-le-feu a été convenu, sous la condition d'un référendum sur l'autodétermination (y compris les options d'indépendance ou d'intégration au Maroc). Depuis 1991, les conditions de mise en place d'un référendum ont fait l'objet d'années de différends entre les parties, bien que le cessez-le-feu continue de tenir malgré les tensions qui subsistent des deux côtés. Le Maroc contrôle la majorité du territoire (près de 80%), les forces du Polisario contrôlant une croupe (estimé à 20%). Une mission de la MINURSO de l'ONU patrouille la ligne de démarcation.

L'activité politique sahraouie dans les parties du Sahara occidental sous contrôle marocain reste sévèrement réduite et les répressions policières et les disparitions forcées ont été une réponse fréquente aux protestations civiles[3], d'après les membres du Front Polisario. Le climat politique s'est progressivement détendu dans les années 1990, après le cessez-le-feu, suivi d'une importante libéralisation du Maroc. Depuis la libéralisation politique du Royaume chérifien, des manifestations intermittentes ont lieu et des groupes affiliés au Polisario ont déclaré des "intifadas mineures" en 1999 et 2000, aboutissant souvent à l'arrestation de dizaines de manifestants[4],[5].

Manifestations et arrestations modifier

Les manifestations ont commencé le 21 mai 2005 à Laâyoune, après que des proches protestant contre le transfert d'un prisonnier sahraoui accusé de trafic de drogue et d'insulte à la monarchie marocaine vers une prison d'Agadir au Maroc, ont été violemment dispersés par la police, provoquant de nouvelles manifestations au cours des jours qui ont suivis. Les manifestations se sont propagées fin mai à d'autres villes du Sahara occidental, telles que Smara et Dakhla, et ont été accompagnées de manifestations d'étudiants sahraouis vivant dans des villes marocaines telles qu'Agadir, Casablanca, Fès, Marrakech et Rabat. Les unités de sécurité publique marocaines ont réprimé les troubles, bien que certaines manifestations pro-indépendance ultérieures aient éclaté par la suite, dont la plus récente a été signalée en novembre 2005. Le 30 octobre 2005, un premier décès a été enregistré lorsque Hamdi Lembarki, 31 ans, est décédé après ce que les organisations de défense des droits de l'homme ont assuré qu'il s'agissait de brutalités policières lors de son arrestation, bien que les autorités marocaines aient d'abord attribué sa mort à un accident[6],[7].

Plus d'une centaine de manifestants sahraouis pro-Polisario auraient été arrêtés par les autorités marocaines d'après les dires de l'organisation internationale des droits de l'homme, et une trentaine de manifestants et de militants sahraouis bien connus des droits de l'homme ont été emprisonnés à l'issue de procès sommaires. Parmi eux figurent l'ancien prisonnier politique Ali Salem Tamek (qui n'a participé directement à aucune manifestation, mais a été arrêté à son retour de l'étranger), le militant des droits de l'homme Mohamed Elmoutaoikil et Aminatou Haidar, une ancienne disparue. Une campagne internationale pour sa libération a été signée par 178 membres du Parlement européen, et elle a été nommée comme candidate au prix Sakharov[8],[9]. Une grève de la faim de 50 jours de tous les Sahraouis arrêtés a mis la santé de plusieurs en danger, et l'action a été avortée.

Le 14 décembre 2005, 14 sahraouis indépendantistes et militants des droits de l'homme, dont les militants susmentionnés et la plupart des autres dirigeants politiques sahraouis pro-Polisario, ont été condamnés à des peines pouvant aller entre six mois de prison à trois ans d'incarcération par un tribunal d'El-Aaiún, avec pour motifs : "trouble à l'ordre public", "appartenance à des associations illégales", "incitation à l'agitation", "atteinte aux biens publics" et "émeutes". Les accusés ont formellement nié les accusations de recours à la violence[10]. Amnesty International et Human Rights Watch ont toutes deux exprimé de vives inquiétudes au sujet des procès, soulignant des informations faisant état de tortures et d'abus antérieurs de certains des prisonniers[11],[12].

Réactions internationales modifier

De nombreuses organisations internationales de défense des droits de l'homme ont montré leur intérêt pour les allégations d'abus marocains à l'encontre de manifestants sahraouis. L'organisation Amnesty International a demandé l'ouverture d'une enquête sur les faits présumés de torture de prisonniers et a appelé à des procès équitables. Elle a également formulé le souhait d'une libération des prisonniers politiques. Cela a été repris par Human Rights Watch et d'autres associations[12].

Le Maroc a limité l'accès sur le territoire du Sahara Occidental aux journalistes et diplomates, affirmant que leur présence publique est utilisée par des militants pro-Polisario pour déclencher davantage d'émeutes. Des missions d'enquête de pays européens se sont vu refuser l'accès au territoire, dont plusieurs délégations parlementaires de haut rang et des ambassadeurs étrangers au Maroc[13]. Plusieurs journalistes étrangers, principalement européens, mais aussi des correspondants d'Al Jazeera, ont été expulsés après avoir interviewé des manifestants, et d'autres ont été empêchés de s'y rendre[14]. En novembre 2005, les autorités marocaines ont fermé plusieurs sites web pro-indépendance ou pro-Polisario. Cette action a été condamné par Reporters sans frontières, pouvant être interprété comme un acte de censure sur Internet[15].

Le Parlement européen a voté à 98 voix en faveur, 1 voix s'est abstenue et aucune voix contre, une résolution d'octobre 2005 qui déplorait les expulsions de journalistes suivant le soulèvement et réclamait la « libération immédiate » des prisonniers politiques[16].

Conséquences modifier

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. An Urgent Appeal
  2. Western Sahara Between Autonomy and Intifada
  3. Amnesty International – Morocco / Western Sahara – Covering events from January – December 2003
  4. Amnesty International – REPORT 1999: MOROCCO AND WESTERN SAHARA
  5. U.S. Department of State – Western Sahara – 2001 Country Reports on Human Rights Practices
  6. 2005 County Reports on Human Rights Practices – Morocco – Respect of Human rights US Department of State
  7. (es) Luis de Vega, « Un joven detenido por la Policía, primera víctima mortal de la "Intifada saharaui" », ABC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Western Sahara Human Rights – FREE AMINATOU HAIDAR
  9. Western Sahara Human Rights – Members of the European Parliament who support the International Campaign for the liberation of AMINATOU HAIDAR and of all Saharawi political prisoners
  10. Reuters – Morocco jails Western Sahara activists over riots
  11. Amnesty International – Morocco / Western Sahara – Sahrawi human rights defenders under attack
  12. a et b Human Rights Watch – Morocco/Western Sahara: Activists Need Fair Trial
  13. [1]
  14. (es) « RSF denuncia las condiciones de trabajo de los periodistas en el Sahara Occidental », IFEX (Reporters Without Borders), (consulté le )
  15. Reporters without borders – Morocco puts US censorship busting site Anonymizer.com on its black list
  16. European Parliament resolution on human rights in Western Sahara

Liens externes modifier