Dialium guianense est une espèce d'arbre néotropical appartenant à la famille des Fabaceae.

Dialium guianense
Description de cette image, également commentée ci-après
échantillon type de Dialium guianense collecté par Aublet en Guyane
Classification APG IV (2016)
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Rosidae
Ordre Fabales
Famille Fabaceae
Sous-famille Dialioideae
Tribu Dialieae
Genre Dialium

Espèce

Dialium guianense
(Aubl.) Sandwith, 1939

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Synonymes

selon tropicos :

  • Arouna divaricata Willd.
  • Arouna guianensis Aubl. - Basionyme
  • Aruna divaricata Willd.
  • Dialium acuminatum Spruce ex L. Williams
  • Dialium divaricatum Vahl[1]

selon GBIF :

  • Arouna divaricatum Willd.
  • Arouna guianensis Aubl. - Basionyme
  • Aruna divaricata Willd.
  • Dialium acuminatum Spruce
  • Dialium acuminatum Spruce ex Ll.Williams
  • Dialium divaricatum (Willd.) Vahl
  • Dialium floribundum[2]

Il est connu en Guyane comme Ti-koubari (Créole), Wap-kamwi-puvemna (Palikur), Takulu wɨla (Teko), Wɨla takulu (Wayãpi), Beiju-de côco, Cururu, Jutaí-mirim, Parajuba, Pau-ferro, Pororoca (Portugais), Pikin loca[3], Kouata loca (Nenge tongo)[4], Arouma[5] ou Arounier de la Guyane.

Ailleurs, on l'appelle Gupaque, Palo de Lacandon (Mexique), Chate, Cuatchi, Paleta, Palo de Lacandon, Tamarindo prieto (Guatémala), Canillo, Paleta, Palete negro, Tamarindo prieto (Honduras), Tamarindo (Amérique Centrale), Ironwood, Monkey apple, Wild tamarind (Belize), Comenegro, Tamarindo montero (Nicaragua), Alfenique (Costa-Rica), Alfenique, Fria, Sangrillo negro, Tamarindo de montana (Panama), Cururu, Jutai mirim, Jutai pebo, Parajuba, Pau-ferro, Pororoca (Brésil)[6], ou encore au Venezuela sous les noms de Chipe, Cocutundek, Iktin-yek, Kakaten (Arekuna), Motua-aji, Yeimoji (Yanomami) ou Bergantín, Tamarindo, Cacho[7].

Description modifier

échantillon en fruit de Dialium guianense collecté dans le Pernambouc

Dialium guianense est un grand arbre atteignant jusqu'à 30 m de haut. Son bois est de couleur brun rouge foncé, très lourd (densité : 1 à 1,15), avec un large aubier jaunâtre moins lourd (densité : 0,70)[4].

Les feuilles sont imparipennées, mesurant de 5-10 x 2-3 cm, à 5-7 folioles alternes de forme ovale, oblongue ou lancéolées, acuminées coriaces glabres.

Les inflorescences sont terminales et axillaires, en panicules formées de grappes, avec des bractées et bractéoles caduques.

Les fleurs blanches ou verdâtres pédicellées, comportent 5 sépales sub-libres imbriqués, 0 pétales, et 2 étamines. Les anthères sont basifixes (non versatiles). L'ovaire est subsessile, en général biovulé, avec un style à petit stigmate terminal.

Les fruits sont des gousses de forme ovoïde, longs d'environ 1,5-2,5 cm, de couleur rouge à brune, en panicules larges et lâches, subsessile, obovoïde crustacée pulpeuse indéhiscente à 1-2 graines, albumen présent[7],[8],[5],[9].

Répartition modifier

Dialium guianense est présent depuis depuis Veracruz au sud du Mexique, jusqu'à Espírito Santo au Brésil, en passant par l'Amérique centrale, la Colombie, le Venezuela (Bolívar, Amazonas, Táchira, Zulia), le Guyana, le Suriname, la Guyane, l'Équateur, le Pérou et la Bolivie[7].

Écologie modifier

On rencontre Dialium guianense dans les forêts-galeries, les forêts sempervirentes de plaine à montagnardes inférieures, à 50-900 m d'altitude[7].

Plusieurs aspects ont été étudiés :

  • les structures macro et microscopique de son bois[10],[4],
  • la croissance de ses plantules sous serre[11],
  • le parasitage de ses feuilles par le champignon Bellulicauda dialii[12],
  • sa défense contre les prédateurs[13],
  • la prédation et la dissémination de ses graines par les primates[14],[15],[16],[17],
  • la viabilité de ses graines[18],
  • sa taxonomie[19],
  • les propriétés mécaniques de son bois[20],
  • sa place dans la dynamique de regénération forestière[21],[22],
  • la germination de ses graines[23],
  • la composition de la cendre de son bois[24]

Usages modifier

L'arille autour des graines de Dialium guianense est comestible et a un goût acide et acidulé rappelant le tamarin[7]. Il peut être consommé cru, mais est surtout utilisé pour la confection de boissons[6]. Dialium guianense est cultivé pour ses fruits au Brésil[25].

Son bois est excellent[10], extrêmement dur et abrasif[26],[27].

On extrait une huile essentielle à partir des feuilles de Dialium guianense[28]

Dialium guianense est une des espèces les plus employées par les communautés rurales de Rio Formoso au Brésil (forêt Atlantique)[29].

Histoire naturelle modifier

En 1775, le botaniste Aublet propose la diagnose suivante[30] :

Dialium guianense par Aublet (1775) Planche 5. Les parties détachées de la fleur ſont de grandeur naturelle. - 1. Stipules. - 2. Bouton de fleur. - 3. Corolle épanouie. piſtil. Étamines. - 4. diſque. Ovaire. Style. Stigmate. Deux étamines. - 5. Étamine ſéparée. - 6. Capſule. - 7. Capſule coupée en travers. Graine. - 8. Graine ſéparée.[30]
échantillon type de Dialium guianense collecté par Aublet en Guyane
« 1. AROUNA (guianensis.) (Tabula 5.)

Arbor triginta, aut quadraginta-pedalis, ad ſummitatem ramoſa, ramulis hinc & indè divaricatis. Folia alterna, imparipinnata ; foliolis alternis, ovatis, obtusè acuminatis, glabris, ſtipulatis. Stipulæ binæ, deciduæ, ad baſim petioli communis. Flores numeroſi, virides ; racemi paniculatim diſpoſiti. Capsula fuſca, glabra, ſulcata. Semina ſubrotunda, glabra, pulpâ acidâ & rufeſcente obvoluta.

Nomen Caribæum Arouna.

Floret Septembri. Fructus maturos edit Martio.

Habitat in ſylvis deſertis remotis, præcipuè prope fluvium Sinemari.
 »

« L'AROUNIER de la Guiane. (PLANCHE 5.).

Le tronc de cet arbre s'élève à trente ou quarante pieds, ſur environ deux pieds de diamètre. Son écorce eſt liſſe, grisâtre. Son bois eſt blanc, peu compacte. Il pouſſe à ſon ſommet un grand nombre de branches chargées de rameaux, qui ſe répandent & s'étendent en tout ſens. Les rameaux ſont garnis de feuilles alternes, ailées, à deux rangs de folioles terminées par une impaire ; leur nombre eſt de ſept pour l'ordinaire. Elles ſont liſſes, vertes, entières, ovales, terminées par une pointe mouſſe; leur pédicule eſt très - court, accompagné de deux stipules qui tombent. Les plus grandes feuilles ont deux pouces & demi & long ſur un pouce de large. À la naiſſance de la côte, ſur laquelle elles ſont rangées alternativement, il, a deux ſtipules qui tombent. De l'aiſſelle des feuilles, & à l'extrémité des rameaux, s'élèvent des grappes branchues, alternes, dont les branches s'écartent à droite & à gauche.

Les fleurs ſont très petites ; leur calice eſt d'une ſeule pièce, diviſée profondément en cinq parties vertes. Il n'y a point de corolle. Les étamines ſont deux, placées ſur un diſque qui porte l'ovaire. Le pistil eſt un ovaire oblong, arrondi, brun, velu, ſurmonté d'un style vert, courbe & terminé par un stigmate obtus. Cet ovaire devient une capſule rouſsâtre, ovalaire, un peu comprimée, marquée d'un ſillon ſur un côté dans toute ſa longueur. Elle contient une ou deux graines enveloppées d'une pulpe rougeâtre & acide.

[…]

Cet arbre eſt nommé Arouna par les Galibis.

II étoit en fleur dans le mois de Novembre, & en fruit dans le mois de Mars.

II croît dans les grandes forêts de la Guiane, en allant de la crique des Galibis à la rivière de Sinemari. »

— Fusée-Aublet, 1775.

Notes et références modifier

  1. (en-US) « Dialium guianense (Aubl.) Sandwith - synonyms », Tropicos, Saint Louis, Missouri, Missouri Botanical Garden (consulté le ).
  2. (fr + en) Référence GBIF : Dialium guianense
  3. Molino J.-F., Sabatier D., Grenand P., Engel J., Frame D., Delprete P. G., Fleury M., Odonne G., Davy D., Lucas E. J. et Martin C. A., « An annotated checklist of the tree species of French Guiana, including vernacular nomenclature », Adansonia, sér. 3, vol. 44, no 26,‎ , p. 345-903 (DOI 10.5252/adansonia2022v44a26)
  4. a b et c Pierre DÉTIENNE, Paulette JACQUET et Alain MARIAUX, Manuel d'identification des bois tropicaux : Tome 3 Guyane française, Quae, (lire en ligne), p. 102
  5. a et b (en) Scott A. Mori, Georges Cremers et Carol Gracie, Guide to the Vascular Plants of Central French Guiana : Part 2. Dicotyledons, vol. 76, New York Botanical Garden Pr Dept, coll. « Memoirs of the New York Botanical Garden », , 776 p. (ISBN 978-0-89327-445-0), p. 172
  6. a et b Alain Fouqué, Espèces fruitières d'Amérique tropicale, Paris, IFAC, , 320 p.
  7. a b c d et e (en) Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 4, Caesalpiniaceae–Ericaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 799 p. (ISBN 9780915279524), p. 179-180
  8. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome II - Podostémonacées à Sterculiacées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALlER, , 398 p., p. 88
  9. R. L. STEYAERT, « CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE DIALIUM », Bulletin de la Société Royale de Botanique de Belgique, vol. 84, no 1,‎ , p. 29-45 (lire en ligne)
  10. a et b (pt) ARTHUR A. LOUREIRO, « Contribuição ao estudo anatômico da espécie Dialium gilianense (Aubl.) Sandw. (Leguminosae) », Acta amaz.,‎ , p. 85-87 (lire en ligne)
  11. (es) Georgina Vargas-Simón, Reinaldo Pire et Martha Lázaro Dzul, « CRECIMIENTO PLANTULAR EN CONDICIONES DE INVERNADERO DE LA ESPECIE FORESTAL Dialium guianense (Aubl.) Sandwith », Colombia Forestal, Bogotá, vol. 21, no 1,‎ , p. 58-68 (DOI 10.14483/2256201x.11491, lire en ligne)
  12. (en) Olinto L. Pereira, Lorrayne B. Bosquetti et Robert W. Barreto, « Bellulicauda dialii on Dialium guianense (Leguminosae) in Brazil », Fitopatol. bras., vol. 30, no 1,‎ , p. 79-80 (lire en ligne)
  13. (en) Karina Boege et Rodolfo Dirzo, « Intraspecific variation in growth, defense and herbivory in Dialium guianense (Caesalpiniaceae) mediated by edaphic heterogeneity », Plant Ecology, vol. 175,‎ , p. 59–69 (lire en ligne)
  14. (en) Julieta Benítez-Malvido, Isela Zermeño-Hernández, Ana María González-DiPierro, Rafael Lombera et Alejandro Estrada, « Frugivore choice and escape from pre-dispersal seed predators: the case of Dialium guianense and two sympatric primate species in southern Mexico », Plant Ecol, vol. 217,‎ , p. 923–933 (DOI 10.1007/s11258-016-0617-6)
  15. (en) Alberto Anzures-Dadda, Ellen Andresen, María Luisa Martínez et Robert H. Manson, « Absence of Howlers (Alouatta palliata) Influences Tree Seedling Densities in Tropical Rain Forest Fragments in Southern Mexico », Int J Primatol, vol. 32,‎ , p. 634–651 (DOI 10.1007/s10764-011-9492-0, lire en ligne)
  16. (en) L´ıliam P. Pinto et Eleonore Z. F. Setz, « Diet of Alouatta belzebul discolor in an Amazonian Rain Forest of Northern Mato Grosso State, Brazil », International Journal of Primatology, vol. 25, no 6,‎ , p. 1197-1211 (lire en ligne)
  17. (en) Ana María González‐Di Pierro, Julieta Benítez‐Malvido et Rafael Lombera, « Germination success of large‐seeded plant species ingested by howler monkeys in tropical rain forest fragments », Am J Bot., vol. 108,‎ , p. 1625–1634 (DOI 10.1002/ajb2.1730, lire en ligne)
  18. (pt) GIOVANE LEITÃO OLIVEIRA, « METODOLOGIA DO TESTE DE TETRAZÓLIO PARA AVALIAÇÃO DA VIABILIDADE E VIGOR DE SEMENTES DE Dialium guianense (Aubl.) Sandwith e Parkia pendula Benth. Ex Walp. », UNIVERSIDADE FEDERAL RURAL DA AMAZÔNIA, BELÉM,‎ , p. 36 (lire en ligne)
  19. (en) Marcus José de Azevedo Falcão Junior, Rafael Barbosa Pinto et Vidal de Freitas Mansano, « A taxonomic revision of the genus Dialium (Leguminosae: Dialiinae) in the netotropics », Phytotaxa, vol. 283, no 2,‎ , p. 123-142 (DOI 10.11646/phytotaxa.283.2.2, lire en ligne)
  20. (en) Van Casteren, Adam, Sellers W. I., Thorpe S. K. S., Coward S., Crompton R. H. et Ennos A. R., « The Mechanics of bending failure in three neotropical tree species Dialium guianense, Brosimum alicastrum and Cedrela odorata. »,  The University of Manchester (United Kingdom),‎ (lire en ligne)
  21. (en) Ximena Garcia-Orth et Miguel Martínez-Ramos, « Seed Dynamics of Early and Late Successional Tree Species in Tropical Abandoned Pastures: Seed Burial as a Way of Evading Predation », Restoration Ecology, vol. 16, no 3,‎ , p. 435–443 (DOI 10.1111/j.1526-100X.2007.00320.x, lire en ligne)
  22. (es) VM Zarco-Espinosa, JI Valdez-Hernández, G Ángeles-Pérez et O Castillo-Acosta, « ESTRUCTURA Y DIVERSIDAD DE LA VEGETACIÓN ARBÓREA DEL PARQUE ESTATAL AGUA BLANCA, MACUSPANA, TABASCO », Universidad y Ciencia, vol. 26, no 1,‎ , p. 1-17 (lire en ligne)
  23. (es) Vargas Simón, Georgia, Molina Martínez, René Fernando, Moguel Ordóñez et Eduardo Javier, « Caracterización del fruto, semilla y estudios de germinacion del guapaque (dialium guianense (Aubl.)Sandwith.)(Parte B) », Universidad y Ciencia (Universidad Juárez Autónoma de Tabasco - Villahermosa, México), vol. 38, no 19,‎ , p. 77-83 (lire en ligne)
  24. (en) N. Torelli et K. Cufar, « Mexican tropical hardwoods. Comparative study of ash and silica content », Holz als Roh- und Werkstoff, vol. 53,‎ , p. 61-62 (lire en ligne)
  25. (pt) Vitória Cláudia Oliveira Machado, Sávio Ferreira de Freitas, Wanderson Morais de Sousa, Brainer William Cruz dos Santos et Tassiane Dos Santos Ferrão, « Caracterização de frutos de Dialium Guianense cultivados na Região Norte do Brasil », Research, Society and Development, vol. 10, no 17,‎ , e123101724231 (DOI 10.33448/rsd-v10i17.24231, lire en ligne)
  26. (es) Roy García Sandí et Róger Moya Roque, « El aserrío de Dialium guianense (Aubl) Sandwith en Costa Rica », Madera y Bosques, vol. 4, no 1,‎ , p. 41-51 (lire en ligne)
  27. (es) Pamela Bravo Cámara, « Análisis comparativo de las propiedades físicas de la madera de Dialium guianense (Aubl.) Sandwith (tamarindo), en el sentido longitudinal y transversal de cuatro porciones del árbol y sus probables usos, Las Piedras – Tambopata », UNIVERSIDAD NACIONAL AMAZÓNICA DE MADRE DE DIOS, Puerto Maldonado - Perú,‎ , p. 105 (lire en ligne)
  28. (pt) J. Jorge Neto et B. Mancini, « Dialium guianense (Aubl.) Sandw., Leguminosae: análise cromatográfica do óleo essencial. », Revista de Ciências Farmacêuticas, vol. 14,‎ , p. 125-132 (lire en ligne)
  29. (en) Luiz Vital F. Cruz Da Cunha et Ulysses P. De Albuquerque, « Quantitative ethnobotany in an Atlantic Forest fragment of Northeastern Brazil–Implications to conservation », Environmental Monitoring and Assessment, vol. 114,‎ , p. 1–25 (DOI 10.1007/s10661-006-1074-9, lire en ligne)
  30. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , 16-18 p. (lire en ligne).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Références taxinomiques modifier

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