Dictature de Charles de Casaulx
La dictature de Charles de Casaulx est la période de 1591 à 1596 pendant laquelle la ville de Marseille s'affranchit, sous la conduite du premier consul Charles de Casaulx, de la tutelle du roi de France et du parlement de Provence.
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4a/Charles_de_Casaulx.jpg/300px-Charles_de_Casaulx.jpg)
Cet épisode a lieu dans le contexte des guerres de religion, alors que Marseille a rejoint la Ligue catholique en 1588[1]. En 1589, la ville refuse de reconnaître Henri IV comme roi et, en Charles de Casaulx y prend le pouvoir[1]. Casaulx exerce pendant cinq ans un pouvoir personnel et autoritaire, qui prend fin le par son assassinat par Pierre de Libertat[1]. Selon la légende, Henri IV aurait déclaré en apprenant la soumission de la ville « C'est maintenant que je suis roi de France[1] ! »
Contexte
modifierAu XVIe siècle, la Provence est soumise aux violences : par deux fois, en 1524 et 1536, Marseille subit le siège des troupes du Saint-Empire romain germanique[2]. À cela s'ajoutent les guerres de religion : aux « Provinces-Unies du Midi » constituées à Nîmes en 1574 et qui tombent sous la coupe d'Henri de Navarre, s'oppose une Ligue catholique qui rejette la personne royale jugée incapable de s'opposer au protestantisme[3].
À Marseille, les négociants qui détiennent le pouvoir font preuve d'un « pragmatisme commercial »[4] : les conflits religieux ne doivent pas empêcher le commerce, malgré les réfugiés provençaux qui fuient les guerres en venant s'abriter à Marseille. Le peuple marseillais en revanche, fervent catholique, est fermement opposé à la Réforme[4] et la Ligue recrute dans les petits commerçants de la ville[5].
La situation est tendue et plusieurs groupes tentent de s'emparer du pouvoir par la force : en , le courant pro-savoyard de la Ligue n'arrive pas à faire introduire Hubert de Vins dans Marseille[5] puis, le , les deuxième et troisième consuls, Antoine de Lenche et Jean Bousquet, royalistes, échouent à réduire l'influence des ligueurs et Lenche est mis à mort en place publique[6].
La prise de pouvoir
modifierEn , après l'assassinat du duc de Guise, Marseille adhère à la Ligue catholique[7]. Quelques mois plus tard, quand Henri III est assassiné et qu'Henri de Navarre, chef protestant, devient roi, Arles, Aix et d'autres villes provençales se rebellent.
À Marseille, une procession menée par les consuls se rend aux portes de la ville pour y planter une croix et signifier sa liberté à l'égard du nouveau roi[7]. Cependant la Ligue est divisée à Marseille entre les modérés, les bigarrats, qui entendent garder la ville dans le giron français, et les radicaux menés par Charles de Casaulx[7]. Celui-ci s'empare du pouvoir en [1], après l'échec d'un coup de force des bigarrats[7]. En , Casaulx est élu premier consul de Marseille[8].
Marseille indépendante
modifierChute de Casaulx et répression
modifierNotes et références
modifier- Edmond Echinard, Pierre Echinard et Médéric Gasquet-Cyrus, Marseille pour les nuls, First Editions, , « La Ligue et la dictature de Casaulx »
- Alèssi Dell'Umbria, Histoire universelle de Marseille, Agone, , « Marseille fait sécession », p. 97
- Dell'Umbria 2006, p. 99
- Dell'Umbria 2006, p. 100
- Dell'Umbria 2006, p. 103
- Dell'Umbria 2006, p. 105
- Dell'Umbria 2006, p. 106
- Dell'Umbria 2006, p. 108
Bibliographie
modifier- Wolfgang Kaiser (trad. de l'allemand), Marseille au temps des troubles (1559-1596), Paris, École des hautes études en sciences sociales, coll. « Recherches d'histoire et de sciences sociales », , 411 p. (ISBN 2-7132-0989-7, OCLC 722669486, BNF 35547736).
- Wolfgang Kaiser, « Fare col leone e con la volpe : la « réduction de Marseille » (17 février 1596) », dans Gabriel Audisio (dir.), Prendre une ville au XVIe siècle : histoire, arts, lettres, Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence, coll. « Le temps de l'histoire », , 260 p. (ISBN 2-85399-581-X, lire en ligne), p. 75-91.