Diego de Landa

évêque espagnol du Yucatán, un des meilleurs chroniqueurs du monde maya (1524-1579)
Diego de Landa
Portrait de Diego de Landa (auteur inconnu, XVIe siècle, couvent franciscain San Antonio de Padua d'Izamal).
Fonctions
Évêque du Yucatán (d)
Diocèse du Yucatan (d)
à partir du
Gregorio de Montalvo Olivera (en)
Évêque
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 54 ans)
MéridaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Diego de Landa CalderónVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Ordre religieux
Consécrateur
Cristóbal Rojas Sandoval (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Diego de Landa Calderón (né le [1], mort le ) est un missionnaire espagnol franciscain, devenu évêque du Yucatán à la fin de sa vie par ailleurs connu pour être le premier et l'un des meilleurs chroniqueurs du monde maya, dont il s'acharna pourtant à détruire les vestiges.

Biographie modifier

Page extraite de Relación de las Cosas de Yucatán, dans laquelle Diego de Landa retranscrit des glyphes mayas.

Né à Cifuentes de la Alcarria (Guadalajara, Espagne) le [2], Diego de Landa se fait franciscain en 1541. Il entre au couvent de San Juan de los Reyes de Tolède. Répondant à l'appel missionnaire il fut parmi les premiers franciscains de son ordre à être envoyé au Yucatán pour y prêcher l'évangile aux peuples mayas, après la conquête espagnole de leur territoire.

Sa première affectation fut la mission de San Antonio à Izamal, où il établit sa résidence. Ses pratiques pour évangéliser les Mayas étaient particulièrement radicales. Les pratiques idolâtres des indiens ne cessant pas à ses yeux, même de la part d'indiens baptisés, il organisa le avec l'aide de l'alcade Diego Quijada une étrange cérémonie au cours duquelle furent détruits 27 codex, 13 autels en pierre de grande taille, 22 pierres de petite taille, 197 vases peints et 5 000 « idoles de différentes tailles et formes »[3],[4]. Seuls trois livres précolombiens de hiéroglyphes mayas (également appelés codex) et, peut-être, les fragments d'un quatrième ont survécu. L'ensemble de ces ouvrages est connu sous le nom de codex maya.

Très mécontent de lui l'évêque Francisco Toral, franciscain comme lui, arrivant tout juste de Mexico (il venait d'être nommé au Yucatan) finit par le faire renvoyer en Espagne en 1563 afin d'y être jugé par un tribunal ecclésiastique. Le motif d'accusation est double: D'une part son usage de la violence d'autre part avoir outrepassé ses droits en s'attribuant un rôle d'inquisiteur. Lors de son procès, Diego de Landa nia avec vigueur que ces procédures entrainèrent des décès ou des blessures graves[5]. Après plusieurs années de procès (au cours desquelles il écrivit sa Relation, 1566), il fut non seulement absous (1569) des accusations qu'on portait contre lui mais aussi nommé évêque du Yucatan (1572), où il retourna l'année suivante et exerça sa charge d'évêque jusqu'à sa mort.

Œuvre modifier

Il est l'auteur de Relación de las Cosas de Yucatán, ouvrage dans lequel il décrit précisément la langue, la religion, la culture et l'écriture mayas. Le manuscrit original, écrit en 1566 lors de son retour en Espagne pour y être jugé, a été perdu. Nous en avons une version abrégée due à des copistes qui ont conservé du manuscrit original ce qu'il y avait certainement de plus intéressant. Cette version réduite de la Relación, réalisée vers 1660, fut découverte en 1862 par le clerc français Charles Étienne Brasseur de Bourbourg. qui publia le manuscrit deux ans plus tard dans une édition bilingue franco-espagnole intitulée Relation des choses de Yucatán de Diego de Landa.

Controverse modifier

Déjà de son vivant Diego de Landa a été décrit comme un fanatique pour la violence avec laquelle il lutta contre ce qu'il concevait être l'idolâtrie des indiens. Pourtant fin connaisseur de la culture et de la langue des Mayas il fit néanmoins brûler presque tous les manuscrits mayas (codex) qu'il put trouver. Par ailleurs dans son souci d'éradiquer la sorcellerie et punir ceux qui, parmi les Mayas étaient soupçonnés de pratiquer les sacrifices humains, Diego de Landa s'attribuant des pouvoirs d'inquisiteur (qu'il n'avait pas et qui lui vaudra un procès en Espagne) semble avoir plus que cautionné la violence physique contre les indiens convaincus de ces "crimes"[6].

Références dans des œuvres de fiction modifier

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Relation des choses du Yucatán, texte espagnol et traduction française en regard par l’abbé Brasseur de Bourbourg, Arthus Bertrand éditeur, Paris, 1864[7]
  • (es) Texte espagnol de Diego de Landa établi par Juan de Dios de la Rada y Delgado, Madrid (1884)[8] comme Appendice à sa traduction espagnole de l’ Essai sur le déchiffrement de l'écriture hiératique de l'Amérique centrale de Léon de Rosny paru à Paris en 1876.
  • Diego de Landa, Relation des choses du Yucatan, texte espagnol et traduction française, édition annotée, par Jean Genet[9], Les Editions Genet, volume I, 1928 – volume II, 1929
  • Diego de Landa, William Gates, translator, (1937) 1978. Yucatan Before and After the Conquest An English translation of Landa's Relación
  • (en) Landa’s Relación de las cosas de Yucatan, a translation edited with notes by Alfred M. Tozzer, Cambridge, Massachusetts, États-Unis, 1941[10] (Papers of the Peabody Museum of American Archaeology and Ethnology, Harvard University, v. 18)
  • (es) Fray Diego de Landa, Ediciones Alducin, Naucalpan, Estado de México, 1997[11]
  • Diego de Landa, Relation des choses du Yucatán suivi de Francisco López de Cogolludo, Histoire du Yucatán, Livre IV, chapitre 1 à 9. Introduction, traduction, notes et Appendices de François Baldy, Les Belles Lettres, 2014[12]

Sur Internet

Autres ouvrages relatifs à Diego de Landa

  • Rosario Acota & a. Guide bleu du Mexique, Hachette Tourisme, édition 2004, page 593.
  • Clendinnen, Inga. Ambivalent Conquests: Maya and Spaniard in Yucatan, 1517-1570. 2 ed. 2003. Cambridge: Cambridge UP.
  • Marshall E. Durbin, 1969. An Interpretation of Bishop Diego De Landa's Maya Alphabet (Philological and Documentary Studies, 2/4)
  • Relacion de las cosas de Yucatan/The relationship of the things of the Yucatan (in series Cronicas De America) 2002.

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. (es) Brian M. Fagan, Precursores de la arqueología en América, Fondo de Cultura Económica, 1984, p. 39.
  2. (es) Dante Liano, Literatura y funcionalidad cultural en Fray Diego de Landa, Bulzoni, 1988, p. 27.
  3. Le détail des pièces détruites est attribué à la lettre du jésuite yucatèque Domingo Rodríguez à l'évêque de Yucatán Estévez y Ugarte le 20 mars 1805 (cf. John F. Chuchiak IV, El regreso de los autos de fe: Fray Diego de Landa y la extirpación de idolatrías en Yucatán, 1573-1579, Península, UNAM, Centro Peninsular en Humanidades y Ciencias Sociales, vol.1, no 0, Mérida, 2005, note 8).
  4. Michel Davoust, « La découverte de l'écriture maya par les chroniqueurs et religieux espagnols du XVIe au XVIIIe siècle », Actes du colloque La "découverte" des langues et des écritures d'Amérique (7-11 septembre 1993, Paris).
  5. David E. Timmer, Providence and Perdition : Fray Diego de Landa Justifies His Inquisition against the Yucatecan Maya, Cambridge University Press, American Society of Church History, Vol. 66, No. 3 Septembre 1997, pp. 478.
  6. Inga Clendinnen, Ambivalent Conquests: Maya and Spaniard in Yucatan, 1517-1570, seconde éd. Cambridge : University Press, 1987.
  7. L’abbé Brasseur de Bourbourg découvrit en 1862 le manuscrit de Landa à la bibliothèque de l’Académie Royale d’Histoire à Madrid. Il en établit la première version en espagnol – le manuscrit pouvant être sujet à interprétations diverses – et en fit la traduction française présentée en regard du texte espagnol non sans avoir subdivisé le texte de Landa en chapitres numérotés et sous-titrés, le manuscrit se présentant sans aucune subdivision. Sa Relation des choses du Yucatan, parue de 1864, est donc la première édition de ce document fondamental pour la connaissance des mœurs, coutumes, croyances, cérémonies, numération, calendrier et glyphes mayas. Brasseur de Bourbourg a arrêté sa traduction au chapitre qu’il avait numéroté XLII, négligeant la suite, la jugeant sans doute de moindre intérêt. Comme indiqué ci-dessus, l’édition de 1864 de Brasseur de Bourbourg est consultable sur Internet.
  8. Le texte espagnol de Juan de Dios de la Rada y Delgado, paru vingt ans après la version de Brasseur de Bourbourg, se trouve en Appendice d’un ouvrage paru à Madrid en 1884 intitulé Ensayo sobre la interpretación de la escritura hierática de la América Central, traduction espagnole de l’étude de Léon de Rosny Essai sur le déchiffrement de l’écriture hiératique de l’Amérique centrale, largement basée sur les informations données par Landa dans sa Relation et première tentative sérieuse de compréhension de l’écriture et de la numération maya.
    Comme l’indique Juan de Dios de la Rada, son texte est établi directement à partir du manuscrit de Landa se trouvant à l’Académie Royale d’Histoire de Madrid. Il s’agit donc d’une version intégrale (contrairement à Brasseur de Bourbourg), non subdivisée en chapitres et reproduisant fidèlement (mais non en fac-simile) les dessins de Landa. Comme indiqué ci-dessus (Bibliographie, Internet), le texte de Juan de Dios de la Rada est consultable et téléchargeable en PDF sur le site espagnol de la « Biblioteca Virtual de Patrimonio Bibliógrafico » (BVPB).
  9. L’édition de Jean Genet est, comme celle de Brasseur de Bourbourg, incomplète : le tome 1 présente en regard le texte espagnol et la traduction française des chapitres I à XXXIII et le tome 2 des chapitres XXXIV à XLI. Manquent donc les chapitres XLII à LII que Genet avait l’intention de publier (il avait annoncé le texte intégral), mais dont il ne put assurer la publication étant mort auparavant. Bien qu’à l’époque de sa publication on n’avait pas encore pu déchiffrer l’écriture maya et que la connaissance de la civilisation maya était très loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui, les notes de Genet sont infiniment moins fantaisistes que celles de Brasseur de Bourbourg.
  10. L’édition d’Alfred Tozzer représente la somme de toutes les connaissances sur les Mayas, archéologiques ou livresques, appliquées au texte de Landa, acquises jusqu'en 1941. L’ouvrage de Tozzer est en anglais, y compris le texte de Landa présenté sans aucune subdivision, comme l’avait fait Juan de Dios de la Rada au texte duquel Tozzer se réfère comme étant, à son avis, la meilleure des versions espagnoles. Les notes de Tozzer sont extrêmement nombreuses et très riches. C’est vraiment l’ouvrage de référence sur la Relation de Landa.
  11. L’ouvrage intitulé Fray Diego de Landa, publié par les Editions Alducin au Mexique, présente deux caractéristiques fondamentales : c’est le texte intégral de Landa, sans aucune note, avec tous les dessins originaux et les cartes dessinées par Landa. Ce texte diffère sur certains points de détail (interprétation de ce qui est écrit au manuscrit) des versions de Brasseur de Bourbourg, de Tozzer ou des versions espagnoles consultables sur Internet. L’édition Alducin se présente en chapitres (ceux de Brasseur de Bourbourg), y compris la fin de l’ouvrage non traitée par Brasseur de Bourbourg.
  12. La traduction de François Baldy donne, pour la première fois en français, l'intégralité du texte de Landa (chapitre I à LII). Le texte espagnol ayant servi pour cette traduction est celui de l’édition Alducin dont ont été reproduits les dessins originaux et les cartes de Landa. Y sont systématiquement signalées en notes les différences d’interprétation du manuscrit existant entre les textes espagnols d’Alducin, de Brasseur de Bourbourg, de l’Asociación Europea de Mayistas et d’Artehistoria, ces deux dernières étant disponibles sur Internet. À noter que les chapitres I à XLII de cette traduction, les plus significatifs concernant la civilisation maya, ont été relus et corrigés par Claude-François Baudez, aujourd’hui décédé, qui faisait autorité sur les Mayas.
    Divers Appendices font le point sur les connaissances actuelles relatives aux Mayas (écriture, numération, calendrier, etc.) permettant d’éclairer ce qui est obscur ou inexact dans le texte de Landa qui n’avait pas compris certaines choses particulières à la civilisation maya, trop complexes ou hors de portées des connaissances mathématiques de son époque.
    En complément à la traduction de Landa est jointe la traduction des chapitres I à IX de l’Historia de Yucatán de Diego López de Cogolludo (1660), écrite cent années après la Relation de Landa, les chapitres choisis traitant de certains des sujets précédemment abordés par Landa.