Dieu reçoit

talk-show humoristique québécois parodiant la religion catholique

Dieu reçoit
Genre Talk-show
Périodicité Hebdomadaire
Création Claude Legault
Pierre-Yves Bernard
Réalisation Pierre Théorêt
Scénario Pierre-Yves Bernard
Claude Legault
Jean-François Léger
Jean-François Mercier
Présentation Claude Legault
Musique Jean-Claude Marsan
Pays Drapeau du Canada Canada
Langue Français
Nombre de saisons 1
Nombre d’émissions 8
Production
Durée 22 minutes
Format d’image 4/3
Format audio Stéréo
Production Dominique Chaloult
Production exécutive François Carignan
Paul Dupont-Hébert
André Larin
Vincent Leduc
Société de production Productions Coscient inc.
Diffusion
Diffusion Télévision Quatre-Saisons
Date de première diffusion
Date de dernière diffusion
Statut arrêtée

Dieu reçoit était un talk-show québécois animé par Claude Legault et diffusé initialement les mardis soirs à 19 heures, puis les vendredis soirs à 22 heures 30, entre le 16 février 1999[1] et le 23 avril 1999[2], sur les ondes de Télévision Quatre-Saisons. L'émission a été annulée à la suite de pressions de certains groupes religieux catholiques québécois.

Concept modifier

Chaque semaine, un membre de la colonie artistique québécoise est invité par Dieu à visiter le Paradis et à rencontrer son conseil d'administration.

Fiche technique modifier

  • Titre original : Dieu reçoit
  • Réalisation : Pierre Théorêt
  • Producteur : Dominique Chaloult
  • Scénario : Pierre-Yves Bernard, Claude Legault, Jean-François Léger, Jean-François Mercier
  • Société de production: Productions Coscient inc.
  • Langue originale : français
  • Pays de production : Drapeau du Canada Canada

Distribution modifier

Interprètes principaux modifier

Interprètes invités modifier

Historique modifier

La genèse de Dieu reçoit modifier

Le , Claude Legault présente pour la première fois son personnage de Dieu lors du spectacle Jeunes pour rire au Théâtre St-Denis. Initialement apparaissant avec une barbe, il arrache celle-ci pour se transformer en une personne ordinaire délivrant des sermons vulgaires. Le numéro remporte un certain succès auprès du public[3].

Le , Claude Legault présente son personnage lors d'un gala Juste pour rire animé par Yvon Deschamps. Le numéro est très bien accueilli par les journalistes présents, qui soulignent l'impact presque aussi important que celui de Deschamps en tant qu'animateur[4].

Au mois de , Legault présente son spectacle intitulé Le Monde selon Dieu lors de la 14e édition du festival Juste pour rire. L'évènement est présenté à l'Espace Go. Co-écrit avec Pierre-Yves Bernard, le spectacle explore la vision que Dieu aurait de l'humanité s'il décidait de rendre visite aux habitants de la Terre. Dieu est horrifié par les comportements stupides de ses protégés. Sur scène, Legault est accompagné des comédiens Louis Champagne et Guillermina Kurwin, tandis que la direction musicale est assurée par Jean-Claude Marsan[5].

La réception critique du spectacle est mitigée, avec des moments hilarants et une énergie présente, mais également des numéros décevants et une inégalité globale dans la qualité du spectacle[6],[7]. Le spectacle sera par la suite présenté à Sherbrooke et Montréal entre et , attirant plus de 10 000 spectateurs[8].

L'arrivée de Dieu reçoit modifier

En , Télévision Quatre-Saisons annonce que, à partir de , les mardis soirs de la programmation seront dédiés à l'humour. Parmi les nouveautés annoncées, on retrouve Dieu reçoit, un talk-show humoristique qualifié de « céleste » par les journalistes. Également au programme, un autre talk-show controversé intitulé Black-out au Lion d'or et un doublage québécois de la série d'animation américaine King of the Hill, rebaptisée Henri pis sa gang. Luc Doyon, vice-président à la programmation de TQS, déclare que la programmation sera audacieuse et que la chaîne assumera les conséquences potentielles de ces émissions[9].

En , la date de diffusion du premier épisode de Dieu reçoit est annoncée pour le à 19 heures. La première saison de l'émission est prévue pour comprendre 13 épisodes[8]. L'humoriste Guy A. Lepage est annoncé comme le premier invité. À l'époque, Claude Legault exprime sa confiance quant à la réception favorable de Dieu reçoit par le public, soulignant l'absence de controverse lors des représentations de son spectacle Le Monde selon Dieu[8].

« Les gens sont beaucoup plus intelligents qu'on ne le croit. Ils savent très bien que je ne ne ris pas de Dieu mais plutôt des hommes. Dieu observe l'espèce humaine et se demande s'il n'a pas créé le monde trop vite. Il veut lâcher la job, donner ça à son fils, mais le fils, Jésus, ne veut rien savoir. Membre d'une famille dysfonctionnelle, Jésus préfère d'ailleurs son père adoptif (Joseph) et rêve de travailler le bois. »[8]

— Claude Legault, La Presse

Premières réserves et oppositions modifier

Un visionnement de presse est organisé le [10]. À la suite de cette séance, les journalistes affirment que le premier épisode de l'émission présente des imperfections. Ils notent que le concept n'est pas encore pleinement développé et qu'une partie des gags ne réussit pas à atteindre leur objectif[10]. Malgré les réserves exprimées par les journalistes, Pierre-Yves Bernard, co-auteur de la série, se montre optimiste :

« On évolue en même temps que le concept et la compréhension de notre concept. [...] On ne tire pas de plaisir particulier à choquer les gens. L'émission est le reflet de ce qu'on est. Elle porte un regard critique sur la religion. Pourquoi ne pas désacraliser un peu les choses? »[10]

— Pierre-Yves Bernard, La Presse

Au même moment, TQS commence à recevoir des lettres de protestation avant même la diffusion du premier épisode[10].

Accueil modifier

Accueil critique modifier

À la suite de sa diffusion le , les journalistes se demandent qui est le public cible de l'émission et remettent en question la pertinence de l'adaptation de la pièce de théâtre en un talk-show télévisé[11].

« Bouffer du curé et de la religion, les Cyniques l'ont fait il y a 30 ans, à une époque où c'était subversif. Pour les jeunes auditeurs d'aujourd'hui, les références catholiques ne veulent plus rien dire et certains se demandent si l'Immaculée-Conception est le nom d'un nouveau groupe de rap. Ne restent finalement que les quelques véritables croyants, qui seront, avec raison, choqués dans leurs valeurs. »[11]

— Paul Cauchon, Le Devoir

En conséquence, les journaux québécois reçoivent et publient des textes d'opinion provenant de groupes religieux qui demandent l'annulation de l'émission[12],[13]. Ces groupes expriment leur désapprobation quant à la présence d'une telle émission sur une chaîne de télévision généraliste[12],[13].

« Ce fut tristement l'émission la plus dégradante que j'ai eu l'occasion de regarder concernant certaines valeurs de la foi catholique. On y dénotait aucune forme d'humour, mais plutôt un maladif plaisir à ridiculiser le sacré d'un croyant. »[12]

— Abbé Pierre Gonneville, La Presse

« Si une émission comme Dieu reçoit portait sur le judaïsme ou sur l'islamisme, vivement et avec raison, les réactions se feraient sentir aussitôt dans ces communautés culturelles, et les journalistes auraient tôt fait de dénoncer l'émission comme « raciste ». [...] Nous ne pouvons croire qu'une telle émission se poursuivra durant treize semaines! Nous ne pouvions taire notre réaction. ÇA SUFFIT! »[13]

— Un groupe de religieuses de la Résidence Pointe-Claire, La Presse

L'émission reçoit néanmoins l'appui du mouvement raëlien. Son fondateur, Raël, soutient que l'émission joue un rôle critique en remettant en question les anciens mythes qui ont eu un impact négatif sur la vie des individus pendant des générations[14].

Cotes d'écoute modifier

Lors de sa première, l'émission Dieu reçoit a attiré 847 000 spectateurs[15]. Cependant, dès la deuxième émission, les audiences ont diminué de moitié pour atteindre 400 000 spectateurs[15].

Annulation de l'émission modifier

Entêtement et désengagement modifier

Luc Doyon prend note des plaintes, mais affirme que l'émission est là pour rester. À ce stade, il n'est pas question d'annuler l'émission ni de modifier son contenu[16]. Doyon envisage même la possibilité de donner une voix aux détracteurs de l'émission par le biais d'une émission spéciale[16]. Parallèlement, l'attaché de presse de Jean-Claude Turcotte encourage les paroissiens mécontents à écrire au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, qui recevra un certain nombre de lettres[16]. La productrice de l'émission, Dominique Chaloult, se sent dépassée par les événements[16].

« C'est sûr qu'on s'attendait à avoir des plaintes, mais pas à ce point-là. Ça nous dépasse un peu. D'autant plus qu'on a reçu des appels injurieux. Je ne comprends pas. Si on ne vaut pas un peu d'humour dans la vie, on ne vaut pas grand chose. Cette émission n'a pas été conçue pour choquer le monde. C'est un regard sur notre société à travers les yeux d'un personnage qui est Dieu. Je pense qu'elle est mal interprétée. On y voit une offense à la religion, ce n'est strictement pas ça. On veut juste faire un bon show de divertissement, c'est tout. »[16]

— Dominique Chaloult, La Presse

Au mois de , le commanditaire principal de l'émission, Labatt Bleue, annonce son retrait[17]. Isabelle Lavoie, directrice des communications de Labatt, explique que la compagnie ne voit plus l'intérêt d'être associée à une émission qui suscite la controverse[17]. Elle maintient cependant que l'argent qui a été retirée de Dieu reçoit sera réaffectée ailleurs dans la programmation de la station[17].

Changements et effondrement de Dieu reçoit modifier

À la suite de cet événement, la direction de TQS organise plusieurs réunions afin de discuter de l'avenir de Dieu reçoit et décider si l'émission doit rester à l'antenne[14]. En plus de perdre son commanditaire principal, l'émission connaît une baisse de moitié de son auditoire entre la première et la deuxième émission[15].

À l'issue de ces réunions, la direction de TQS prend plusieurs décisions concernant l'émission. Tout d'abord, elle change l'horaire de diffusion. À partir du , Dieu reçoit est déplacée du mardi à 19 heures au vendredi à 22 heures 30, immédiatement après la reprise de l'émission La fin du monde est à 7 heures[18]. De plus, il est annoncé que la série ne compte pas les 13 épisodes initialement prévus, mais prend fin après la diffusion des 6 épisodes déjà enregistrés[18].

Finalement, l'émission est retirée des ondes après la diffusion du dernier épisode le 23 avril 1999[18].

Épisodes modifier

# Artiste invité Réalisation Première diffusion
11Guy A. LepagePierre ThéorêtDrapeau du Canada 16 février 1999
21Ghislain TaschereauPierre Théorêt (studio)
Stéphane Lapointe (extérieur)
Drapeau du Canada 23 février 1999
31Marc LabrèchePierre Théorêt (studio)
Stéphane Lapointe (extérieur)
Drapeau du Canada 9 mars 1999
41Michel BarrettePierre ThéorêtDrapeau du Canada 16 mars 1999
51Jean-René DufortPierre ThéorêtDrapeau du Canada 26 mars 1999
61Pierre LegaréPierre Théorêt (studio)
Stéphane Lapointe (extérieur)
Drapeau du Canada 9 avril 1999
71France CastelPierre Théorêt (studio)
Stéphane Lapointe (extérieur)
Drapeau du Canada 16 avril 1999
81Martin DrainvillePierre ThéorêtDrapeau du Canada 23 avril 1999

Postérité modifier

  • Claude Legault réapparaîtra dans le rôle de Dieu, aux côtés de Sylvain Larocque dans le rôle du Diable, lors de trois galas du Grand Rire de Québec. La première représentation a eu lieu en lors du gala intitulé « La Genèse ». Le deuxième gala, intitulé « Les Tentations », a eu lieu en . Finalement, leur dernière collaboration s'est déroulée en lors du gala « Grandes premières »[19],[20],[21].

Notes et références modifier

  1. Danièle L. Gauthier, « La télévision et la Saint-Valentin », Le Droit,‎ , p. 24
  2. « Téléguide », Le progrès-dimanche,‎ , F26
  3. Jocelyne Lepage, « Le spectacle Jeunes pour rire », La Presse,‎ , A8
  4. Daniel Lemay, « Myriam, Macha, Dieu, Yvon et les autres... », La Presse,‎ , B6
  5. Mario Cloutier, « Ouverture du Festival Juste pour rire », Le Devoir,‎ , A1
  6. Josée Lapointe, « Festival Juste pour rire: la claquette sans dentelle », Le Soleil,‎ , p. C3
  7. Stéphane Baillargeon, « Le rire et le sacré », Le Devoir,‎ , A4
  8. a b c et d Jean Beaunoyer, « Où est Dieu? À la télé! », La Presse,‎ , p. D3
  9. Paul Cauchon, « TQS mise sur la surprise », Le Devoir,‎ , B11
  10. a b c et d Suzanne Colpron, « Dieu reçoit à TQS », La Presse,‎ , B12
  11. a et b Paul Cauchon, « Pour la cote! », Le Devoir,‎ , B10
  12. a b et c Pierre Gonneville, « Défoulement grotesque et maladif à TQS », La Presse,‎ , B2
  13. a b et c Un groupe de religieuses de la Résidence Pointe-Claire, « Ça suffit! », La Presse,‎ , B2
  14. a et b Louise Cousineau, « TVA et le cinéma québécois: une question d'affaires », La Presse,‎ , p. D5
  15. a b et c Daniel Germain, « Agenda », Commerce,‎ , p. 10
  16. a b c d et e Suzanne Colpron, « Dieu reçoit et TQS croule sous les plaintes », La Presse,‎ , p. D5
  17. a b et c Suzanne Colpron, « Labatt ne commandite plus Dieu reçoit », La Presse,‎ , B5
  18. a b et c Louise Cousineau, « Dieu change d'heure avant de disparaître », La Presse,‎ , B7
  19. « Le duo Claude Legault et Sylvain Larocque au Grand rire | Radio-Canada Info », sur Radio-Canada (consulté le )
  20. « Claude Legault : Des nouvelles du Bon Dieu », sur Voir.ca, (consulté le )
  21. Marie-Josée Boucher, « Gala Grandes premières avec Sylvain Larocque et Claude Legault », (consulté le )