Discussion:Algérie française/Archives/2

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Légendes

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    Algérie
    (ar) الاحتلال الفرنسي للجزائر
    (ber) ⵜⴰⵙⴻⵃⵔⴻⵙⵜ ⵏ ⴼⵔⴰⵏⵙⴰ

    18301962

    Drapeau
    Drapeau de la France
    Blason
    Blason de l'Algérie composé sous le Second Empire[1]
    Description de cette image, également commentée ci-après
    Évolution de l'Algérie française de 1830 à 1962 :
    • 1830
    • 1834
    • 1840
    • 1848
    • 1870
    • 1900
    • 1930
    • 1934
    • 1956
    Informations générales
    Statut Colonie (1830-1848)
    Départements et territoires (1848-1957)
    Départements (1957-1962)
    Capitale Alger
    Langue(s) Français (officielle)
    Arabe algérien
    Langues berbères
    Monnaie Boudjou (1830-1848)
    Franc algérien (1848-1960)
    Nouveau franc (1960-1962)
    Démographie
    Population (1954) 9 442 000
    Densité (1954) 3,96 hab./km2
    Superficie
    Superficie 2 381 741 km2
    Histoire et événements
    1830 Prise d'Alger
    1847 Reddition d'Abd el-Kader
    1848 Création des départements français d'Algérie
    1870 Décret Crémieux
    1945 Massacre de Sétif, Guelma et Kherrata
    1954-1962 Guerre d'Algérie
    1962 Indépendance de l'Algérie

    L'Algérie française (à laquelle il est également fait référence en tant qu'Algérie coloniale, Algérie colonisée, Algérie au temps de la France[suppr. 1], Algérie avant l'indépendance, ou simplement colonisation[suppr. 2]) est une expression pouvant désigner la période historique durant laquelle le territoire de l'actuelle Algérie fut sous la domination française. Cette période comprend la conquête de l'Algérie par la France (qui débuta par la prise d'Alger en 1830 et se termina par l'annexion du Sahara en 1902), la colonisation proprement dite, avec la création des départements français d'Algérie (1848) (Oran, Alger et Constantine) et des Territoires du Sud (1902), et enfin la guerre d'Algérie (1954-1962) jusqu'à la proclamation de l'indépendance du pays le 5 juillet 1962.

    La période dite de l'Algérie française (au sens historique du terme), ou de l'Algérie coloniale, va, dans l'histoire de l'Algérie, de 1830, avec la prise d'Alger, à 1962, avec l'indépendance du pays. Cette période est également désignée, dans son ensemble, comme celle de la colonisation, de l'occupation ou de la présence française. La dénomination officielle en français du territoire correspondant est Algérie depuis 1839. L'entreprise de conquête se termine par l'annexion du Sahara en 1902, tandis que la colonisation proprement dite voit la création des départements français d'Algérie (1848-1957) — Oran, Alger et Constantine — et des territoires du Sud (1902-1957). La résistance à l'occupation fait place après la Première Guerre mondiale à la constitution d'un mouvement national. Enfin, après la guerre d'Algérie (1954-1962), l'indépendance du pays est proclamée le 5 juillet 1962.

    Pour désigner officiellement en français les territoires conquis par la France, la dénomination « Algérie » a été établie par une ordonnance du roi Louis-Philippe le [suppr. 3],[suppr. 4], qui fut suivie le par une instruction du ministre de la Guerre>[suppr. 5], Virgile Schneider[suppr. 3].

    Terminologie et périodisation modifier

    « Algérie » est le nom officiel du territoire pendant la période coloniale. Le terme est issu, peut-être via le catalan[2], de l'arabe Al-Djaza’ir (الجزائر), qui dans le texte des traités passés par la « régence » d'Alger nomme aussi bien la ville que le pays qu'elle commande[3]. Il est déjà présent en français avant 1830, quoique relativement rare : la primauté en est attribuée à Fontenelle, qui aurait dès 1680 publié une brochure intitulée De l'Algérie et des Algériens[4]. Mais le pays est désigné, à cette époque, par les expressions les plus diverses : « Barbarie », « El Djezair », « Numidie », « Africa », « Ifrikyia », « Royaume d'Alger »[5], etc.[6]

    Juridiquement, le nouvel espace délimité par la conquête, qui était auparavant celui de la Régence, est d'abord dénommé « Établissements français du Nord de l'Afrique » ou « Possessions françaises dans le Nord de l'Afrique[7] ». Une ordonnance de Louis-Philippe en date du [5], venant après « les premiers temps qui ont suivi l'occupation du pays d'Alger », organise l'administration « en Alger »[8]. L'appellation « Algérie » est proposée par une première instruction du ministère de la Guerre le , pour le huitième anniversaire de la prise de la ville, puis définitivement officialisée le par une nouvelle instruction[9], signée du ministre Virgile Schneider[5].

    L'expression « Algérie française » voit son usage s'amplifier vers la fin de la période coloniale : le rappel du lien avec la France, superflu avant 1954, s'impose après cette date lorsque ce lien est mis en cause[10]. Confrontée au processus de décolonisation, la Quatrième République française utilise la formule pour réaffirmer l'idée d'un territoire indissociable de la métropole[11]. Dans les dernières années de la guerre d'Algérie, elle est le slogan des opposants à l'indépendantisme puis à la politique d'autodétermination et, notamment, de l'OAS[12]. Après 1962, elle devient usuelle pour distinguer la période de celle de l'Algérie indépendante et des autres époques de l'histoire du pays ; dans le même temps, elle est parfois employée pour désigner, au sein de la société coloniale, la « sphère » française, par opposition à l'« Algérie algérienne »[13] ; ou encore pour qualifier, dans la France contemporaine, les milieux et les courants demeurés attachés à la souveraineté française sur l'Algérie[14].

    Dans son sens historique, « Algérie française » est généralement utilisée comme synonyme de l'expression « Algérie coloniale ». Aux yeux de l'historienne Sylvie Thénault, cette dernière présente l'intérêt de désigner explicitement l'état du pays à cette époque[13] ; dans le cadre d'un découpage en plusieurs parties de l'histoire de l'Algérie à la période coloniale, faisant succéder à une phase de prise de possession, de 1830 à 1880, une phase de « soumission du pays et, de ce fait, [d']organisation pérenne de l'Algérie française sous toutes ses formes »[15], de 1881 à 1918, Sylvie Thénault considère que si « la tutelle française sur l'Algérie [...] fut officiellement instaurée en 1830, avec la capitulation du dey Hussein, elle resta instable pendant près d'un demi-siècle, les insurrections relayant la résistance armée d'Abd el-Kader, et elle ne fut vraiment organisée que dans les années 1880 et 1890. L'Algérie française n'avait rien d'une évidence et sa construction nécessita des décennies »[16]. Jacques Bouveresse, spécialiste de l'histoire du droit, fait une césure plus tardive : à l'intérieur des « cent trente-deux années de la présence ou de l'occupation française », il situe « l'apogée de la colonisation » de 1898 à 1945, demi-siècle marqué par l'activité des délégations financières[17]. Pour Mourad Betrouni, directeur algérien du Patrimoine, c'est 1870 qui sépare les deux étapes fondamentales de l'occupation française, celles de l'administration militaire et de l'administration civile[18].

    Notes et références modifier

    1. Collectif, « Algérie », sur OLDJP, la Banque du blason 2 (consulté le ).
    2. Louis Leschi, « Les Origines d'Alger », Feuillets d'El-Djezair,‎ (lire en ligne).
    3. Ahmed Koulakssis et Gilbert Meynier, LʼÉmir Khaled : Premier zaʼîm ? identité algérienne et colonialisme français, coll. « Histoire et perspectives méditerranéennes », , 379 p. (ISBN 9782858028597, lire en ligne), p. 17 Inscription nécessaire.
    4. Guy Pervillé, « Comment appeler les habitants de l'Algérie avant la définition légale d'une nationalité algérienne ? », Cahiers de la Méditerranée, no 54,‎ , p. 56 (DOI 10.3406/camed.1997.1175).
    5. a b et c Lucienne Martini, Racines de papier : Essai sur l'expression littéraire de l'identité pieds-noirs, Paris, Publisud, , 295 p. (ISBN 9782866007850, OCLC 37497081), « L'Algérie et les « Algériens » dans les lettres françaises avant 1962 », p. 13« Jusqu'en 1830, il est peu question de l'Algérie dans les lettres françaises. [...] Le pays a, jusque là, été désigné par les termes les plus divers : "Barbarie", "El Djezair", "Numidie", "Africa", "Ifrikya", "Royaume d'Alger". Le nouvel espace délimité par la conquête, Régence d'Alger sous les Turcs, s'est, d'abord, juridiquement appelé : "Etablissements français du Nord de l'Afrique" ou "Possessions françaises dans le Nord de l'Afrique". Une ordonnance de Louis- Philippe, le 1er décembre 1831, institue "Algérie" à partir du nom d'Alger [...] ; l'appellation ne sera couramment employée qu'en 1838. Dans une lettre du 14 octobre 1839 adressée au maréchal Vallée, gouverneur, le Général Schneider, Ministre, Secrétaire d'Etat de la guerre, demande que le terme d'Algérie, "déjà consacré par une application constante dans les documents aux chambres législatives et dans plusieurs discours du trône" soit définitivement "substitué aux dénominations précédemment en usage". »
    6. Arthur Pellegrin (Les Appellations successives de l'Algérie : étude de toponymie, Alger, Société nationale des entreprises de presse, coll. « Documents algériens. Série culturelle » (no 74), , 8 p. (lire en ligne)) et Marcel Amrouche (Terres et hommes d'Algérie : Enquêtes-documentaires de la Radiodiffusion-télévision française, Alger, Société algérienne de publication, (OCLC 9304365), p. 28) relèvent encore « Libye », « Maurétanie », « Maghrib el-Aousit » ou, chez le second auteur, « Maghreb », liste à laquelle il ajoute « Afrique Mineure ».
    7. Notamment dans ce qui est considéré comme l'acte d'annexion par la France, l'ordonnance du 22 juillet 1834 relative au commandement et à la haute administration des possessions françaises dans le nord de l'Afrique, Bulletin des lois du royaume de France, IXe série, t. 9, 2e partie, Paris, Imprimerie royale, bulletin no 324, texte no 5450, p. 121-122.
    8. Ordonnance du 1er décembre 1831 qui confie à un intendant civil, en Alger, la direction et la surveillance des services civils et financiers et de l'administration de la justice, Bulletin des lois du royaume de France, IXe série, t. 3, 2e partie, Paris, Imprimerie royale, , bulletin no 126, texte no 3607, p. 603-604.
    9. Dominique Venner, « L’Algérie, histoire d’une terre tragique », La Nouvelle Revue d'histoire, no 4 (hors-série),‎ (lire en ligne).
    10. Pierre-Louis Rey, « Camus l'Algérien », L'Histoire, no 349,‎ , p. 8 (lire en ligne).
    11. (en) Ian Lustick, Unsettled States, Disputed Lands : Britain and Ireland, France and Algeria, Israel and the West Bank-Gaza, Cornell University Press, (ISBN 9780801480881, lire en ligne), p. 107.
    12. Jacques Delarue, « Quelle Algérie française ? », Matériaux pour l'histoire de notre temps, no 26,‎ , p. 2-5 (lire en ligne).
    13. a et b Sylvie Thénault, « L'histoire au musée : l'espace, les temps, les mots de l'Algérie coloniale », dans Éric Savarese, L'Algérie dépassionnée : Au-delà du tumulte des mémoires, Éditions Syllepse, (ISBN 9782849501849), p. 52.
    14. Valentine Gauchotte, Les Catholiques en Lorraine et la Guerre d'Algérie, , 112 p. (ISBN 9782738483263, lire en ligne), p. 98 Inscription nécessaire.
    15. Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanassa Siari Tengour et Sylvie Thénault, Histoire de l'Algérie à la période coloniale, la Découverte, (lire en ligne), p. 13 Inscription nécessaire.
    16. Sylvie Thénault, « 1881-1918 : l'« apogée » de l'Algérie française et les débuts de l'Algérie algérienne », dans Histoire de l'Algérie à la période coloniale, la Découverte, (lire en ligne), p. 163 Inscription nécessaire​.
    17. Jacques Bouveresse, « L’administration de l’Algérie à l’apogée de la colonisation (1898-1945) : réflexions en forme de bilan » [PDF], sur diplomatie.gouv.fr (consulté le ), p. 1.
    18. Mourad Betrouni (directeur du Patrimoine), « Algérie : L'inventaire du patrimoine culturel est la construction de l'identité nationale », dans Euromed Heritage, UNESCO, (lire en ligne [PDF]), p. 35-41.
    • Notes supprimées :
    1. Raphaëlle Branche, « “Au temps de la France”. Identités collectives et situation coloniale en Algérie », Vingtième siècle : Revue d'histoire, Paris, Presses de Sciences Po, vol. I, no 117 « Historicités du 20e siècle : Coexistence et concurrence des temps »,‎ , p. 199-213 (ISBN 9782724633337, OCLC 827075496, DOI 10.3917/vin.117.0199)
    2. en arabe الاستعمار, istiʿmar)
    3. a et b Lucienne Martini, « L'Algérie et les "Algériens" dans les lettres françaises avant 1962 », dans Racines de papier : Essai sur l'expression littéraire de l'identité pieds-noirs, Paris, Publisud, , 295 p. (ISBN 9782866007850, OCLC 37497081), p. 13« Jusqu'en 1830, il est peu question de l'Algérie dans les lettres françaises. [...] Le pays a, jusque là, été désigné par les termes les plus divers : "Barbarie", "El Djezair", "Numidie", "Africa", "Ifrikya", "Royaume d'Alger". Le nouvel espace délimité par la conquête, Régence d'Alger sous les Turcs, s'est, d'abord, juridiquement appelé : "Etablissements français du Nord de l'Afrique" ou "Possessions françaises dans le Nord de l'Afrique". Une ordonnance de Louis- Philippe, le 1er décembre 1831, institue "Algérie" à partir du nom d'Alger [...] ; l'appellation ne sera couramment employée qu'en 1838. Dans une lettre du 14 octobre 1839 adressée au maréchal Vallée, gouverneur, le Général Schneider, Ministre, Secrétaire d'Etat de la guerre, demande que le terme d'Algérie, "déjà consacré par une application constante dans les documents aux chambres législatives et dans plusieurs discours du trône" soit définitivement "substitué aux dénominations précédemment en usage". »
    4. Belkacem Mebarki, « Le texte littéraire algérien : brisures d'un imaginaire », Synergies Algérie, Sylvains-les-Moulins, Groupe d'études et de recherches pour le français langue internationale (GERFLINT), no 13,‎ , p. 13 (lire en ligne [PDF], consulté le ) — Extrait de l'ordonnance royale de 1831 : « Le pays occupé par les Français dans le Nord de l’Afrique sera, à l’avenir, désigné sous le nom d’Algérie. En conséquence, les dénominations d’ancienne régence d’Alger et de possessions françaises dans le Nord de l’Afrique cesseront d’être employées dans les actes et les correspondances officielles », au vu de ce que mentionne Pierre Montagnon dans Histoire de l'Algérie : Des origines à nos jours, Paris, Pygmalion, (ISBN 9782857045427, OCLC 39376386), p. 157.
    5. Sylvie Thénault, Violence ordinaire dans l'Algérie coloniale : Camps, internements, assignations à résidence, Paris, Odile Jacob (réimpr. 2012) (1re éd. 2011), 381 p. (ISBN 9782738182036, OCLC 772498524, lire en ligne), p. 17. — Thénault situe l'officialisation du terme français « Algérie » à partir d'une décision de 1939 du ministre de la Guerre, faisant l'impasse sur l'ordonnance royale l'instituant près de huit ans plus tôt, citée par Martini (1997) et Mebarki (2011).
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