Discussion:Environnement visionnaire
Bonjour, je trouve que le titre de cette rubrique, "environnements visionnaires" ne va pas pour qualifier le corpus d'environnements visés, réalisés par des autodidactes ne se voulant pas artistes, comme il est dit plus loin dans l'article (avec pertinence). Il sonne au fond un peu trop américain pour des oreilles françaises. Comme c'est souligné dans l'article du reste, cela provient d'une plume anglo-saxonne celle de John Maizels. Les environnements créés par des autodidactes à leurs moments de loisirs, ou bien lorsqu'ils sont à la retraite pour la majorité des créateurs d'extraction populaire, ne sont pas "visionnaires", terme qui suppose une vision intérieure brochée sur quelque conception anticipatrice, sur quelque illumination débouchant parfois sur une vision prophétique. Les retraités d'origine paysanne, artisanale, ouvrière ne sont pas concernés dans la plupart des cas par ce genre de phénomène. On parle d'art visionnaire en songeant à des peintres fantastiques, notamment anglo-saxons, William Blake par exemple. On est très loin du phénomène que veut décrire votre rubrique. Je propose pour ma part "Environnement spontanés" qui couvre à mon sens plus adéquatement le champ étudié. (Bruno Montpied)
- "Environnements spontanés" me parait assez bon et englobe toutes les productions dont il est question dans cet article, même s'il me semble que, si on s'en tient seulement aux productions françaises, le terme de "visionnaire" s'applique relativement bien à nombre d'entre elles, de Cheval à Niki de Saint-Phalle, en passant pas Chomo, Fouré ou Tatin. Ce dernier terme présente l'avantage de ne pas réduire le phénomène à l'art brut, mais de l'étendre aussi aux productions d'artistes plus savants, qui sont souvent visionnaires et peut-être moins spontanés. Mais il est vrai qu'il s'applique moins pour des œuvres plus "réalistes", populaires et décoratives et il est loin de faire l'unanimité chez les spécialistes français, pour les raisons doctrinales et culturelles que vous évoquez. Maintenant, je ne pense pas être habilité à modifier le titre d'un article ; cela reste donc à un modérateur officiel Wiki de trancher et d'opérer ce changement... --Fanoflesage (d) 2 avril 2010 à 18:52 (CEST)
- Je renvoie aussi à l'article architecture naïve qui s'applique peut-être mieux aux créations strictement populaires et françaises... --Fanoflesage (d) 2 avril 2010 à 21:36 (CEST)
- Quelques remarques sur les observations de "Fanoflesage": "Architecture" n'est pas non plus adéquat dans la mesure où, en France, il y a en réalité très peu de monuments architecturés, hormis, cas exceptionnels, le Palais Idéal de Cheval, et peut-être, les maquettes de Charles Billy dans le Rhône, celles de Ferreira da Costa dans le Calvados. Dans ces derniers cas, ce sont d'ailleurs plus des décors tirant vers le mobilier que l'immobilier. Il y a en définitive (quand on regarde l'ensemble du corpus)assez peu de cas relevant de la construction immobilière, sans doute en raison des tracasseries administratives, des réglementations régissant le droit de construire en France. Les créateurs pour la plupart d'origine, et de culture, populaires n'ont généralement pas très envie de se colleter à des demandes d'autorisation de construire. Leurs actes sont empreints d'une spontanéité qui paraît évidente de ce point de vue.
Tatin ou Chomo étaient plus artistes que Cheval, Fouré ou Picassiette. Leurs cultures sont très différentes, ce qui conditionne en partie la "naïveté" qu'on leur trouve selon les cas. Il me paraît personnellement qu'il ne faut pas mélanger dans la catégorie des environnements naïfs ou spontanés, des Nikki de St-Phalle, des Chomo, ou des Tatin avec des créateurs d'origine plus populaire (Cheval et Fouré sont vraiment des cas à part, pas emblématiques de l'ensemble du corpus). Les trois premiers sont vraiment des artistes, la première étant même une professionnelle reconnue dans l'art moderne (elle fit partie des ces nombreux artistes favorables, comme son mari Jean Tinguely, ou Jean Dubuffet, ou encore les artistes du groupe Cobra, à l'art spontané des autodidactes populaires). Le mélange des différentes catégories de créateurs d'environnements naïfs ou plus artistes est là aussi une influence des compilateurs américains, qu'on n'est pas obligé de suivre dans un article qui traiterait des environnements vus de France. (Bruno Montpîed)