Dissyllabe
Usage
modifierLe dissylabe (préfixe grec di-, « deux »[1]) est un vers pair et court[1].
En poésie française, on peut le trouver en isométrie. En ce cas, Michèle Aquien relève que « le retour très fréquent de la rime et la virtuosité ainsi manifestée concentrent des effets expressifs très forts[1] ». Par exemple, chez Victor Hugo[1] :
On doute
La nuit...
J'écoute : —
Tout fuit,
Tout passe ;
L'espace
Efface
Le bruit.
— Victor Hugo, « Les Djinns »
Ou au début du même poème :
Murs, ville,
Et port.
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
— Victor Hugo, « Les Djinns »
Mais il est plus fréquemment utilisé en hétérométrie[1],[2]. Dans cet usage, il apporte un « contrepoint rythmique au vers avec lequel il est employé[1] ». Par exemple, chez Alfred de Musset[1] :
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?
— Alfred de Musset, « Ballade à la lune »
Chez Paul Verlaine, il peut être « la dislocation savante d’un vers long »[3] :
– Do, mi, sol, mi, fa, –
Tout le monde va,
Rit, chante
Et danse devant
Une belle enfant
Méchante
— Paul Verlaine, Fêtes galantes, « Colombine »
Le dissylabe est également utilisé dans le vers libre, où il « souligne le plus souvent un nom ou une expression en les détachant soit en début de groupement de vers, soit en clausule[1] ». Ainsi, chez Émile Verhaeren[1] :
Le feu monte, grandit, se déchevelle, ondule,
Rugit et se propage et s'étire si fort
Qu'il frôle, avec ses langues d'or,
Hercule.
— Émile Verhaeren, Les Rythmes souverains
Bibliographie
modifier- Michèle Aquien, Dictionnaire de poétique, Paris, Le Livre de poche, (ISBN 978-2-253-16006-9).
- Michèle Aquien, La Versification, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 1377), , 10e éd. (1re éd. 1990), 127 p. (ISBN 978-2-13-080395-9).
- Brigitte Buffard-Moret, Précis de versification : Avec exercices corrigés, Armand Colin, coll. « Cursus », , 3e éd., 192 p. (ISBN 978-2-200-63532-9).
Notes et références
modifier- Aquien 1993, p. 111.
- Aquien 2018, p. 34.
- Buffard-Moret 2023, p. 57.
Liens externes
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