Drôle de garçon
Drôle de garçon, en version originale Funny Boy, est un roman d'apprentissage de Shyam Selvadurai paru en 1994, qui raconte la vie d'Arjie, un enfant des classes supérieures tamoules srilankaises pris dans le conflit cingalais-tamoul. Au long des six chapitres du roman, le personnage principal, qui fréquente une école suivant le modèle britannique, se rend compte qu'il aime les hommes.
Intrigue et personnages
modifierLe premier chapitre s'ouvre sur Arjie habillé en fille pour participer à un jeu d'enfants appelé bride-bride[1].
Au sein de l'école, un élève appelé Shehan est particulièrement harcelé à cause de son comportement très queer, et il est beaucoup puni par le directeur, Black Tie[2].
Arjie décide d'aller en classe de langue singhalaise alors qu'il est censé aller dans la classe de tamoul[1].
Dans une des scènes, Arjie doit réciter le poème The Best School of All par Henry Newbolt devant ses camarades de classe. En le lisant de manière exagérée et théâtrale, Arjie déforme l'intention du poème et ridiculise subtilement le directeur qui voulait, avec ce poème, glorifier son école à la victorienne comme la voie à suivre pour construire le futur du pays[3].
Un chapitre est dédié à la relation entre la tante d'Arjie et un homme cingalais, et comment elle est obligée de se séparer de lui à cause du conflit[1].
Le dernier chapitre du livre est davantage autobiographique et fait l'inventaire des agressions envers la famille d'Arjie qui l'ont poussée à émigrer vers le Canada[4].
Thèmes
modifierArjie est drôle aux deux sens du terme, c'est-à-dire qu'il fait de l'humour mais aussi qu'il se comporte de manière étrange en détournant les identités nationales et sexuelles construites au sein de l'empire britannique[5]. La forme et le style de l'œuvre contribuent eux-mêmes à tordre les standards du genre du roman d'apprentissage scolaire cher à la littérature victorienne, en mettant en relief ses présupposés hétéro-sexistes[6]. Ainsi, le texte révèle comment l'idéal de la masculinité repose sur un système de classes sociales[7].
Éditions, traductions et adaptations
modifierLe roman est traduit par Frédéric Limare et Susan Fox-Limare en 2000[8]. En 2020, le roman est adapté au cinéma par la réalisatrice Deepa Mehta[9].
Références
modifier- (en) José Santiago Fernández Vázquez, « The Quest for Personal and National Identity in Shyam Selvadurai’s Funny Boy », Commonwealth Essays and Studies, vol. 24, no 1, , p. 103–115 (ISSN 2270-0633, DOI 10.4000/1248q, lire en ligne, consulté le )
- (en) Chitra Sadagopan et Yanuka Devi Baniya, « Unsettling the System of Sexual and Ethnic Oppression in Shyam Selvadurai’s Funny Boy », dans Recent Topics Related to Human Sexual Practices - Sexual Practices and Sexual Crimes, IntechOpen, (ISBN 978-0-85466-133-6, lire en ligne)
- Katherine Bell, « Breaking the Narrative Ties that Bind in Shyam Selvadurai’s Funny Boy », ESC: English Studies in Canada, vol. 38, no 3, , p. 255–275 (ISSN 1913-4835, lire en ligne, consulté le )
- (en) Sumanta Rajbanshi, « Treatment of the Themes of Sexuality, Identity and Politics in Shyam Selvadurai’s Funny Boy: An Analysis », DLC IMAGE: PRATIBIMBO, vol. 2, no 2, , p. 10–14 (ISSN 2583-8881, lire en ligne, consulté le )
- Louis Lo, « Sexual/Textual Tendencies in Shyam Selvadurai's Funny Boy », Concentric: Literary and Cultural Studies, vol. 44, no 2, , p. 199–224 (DOI 10.6240/concentric.lit.201809_44(2).0008, lire en ligne, consulté le )
- « Naturalizing ‘Queerness’: A Study of Shyam Selvadurai’s Funny Boy », Rupkatha Journal on Interdisciplinary Studies in Humanities, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Marta González Acosta, « Class, Gender, Race and the Construction of Masculinity in Shyam Selvadurai's Funny Boy », Revista Canaria de Estudios Ingleses, no 45, (ISSN 2530-8335, lire en ligne, consulté le )
- Niroshini Gunasekera et Adriana Şerban, « Revisiting Cultural Aspects of Translation: The Case of “Running in the Family” and “Funny Boy” in French », Respectus Philologicus, vol. 35, no 40, , p. 182–194 (ISSN 2335-2388 et 1392-8295, DOI 10.15388/RESPECTUS.2019.35.40.13, lire en ligne, consulté le )
- Marc-André Lussier, « Funny Boy : parfois puissant, parfois trop appuyé ★★★ », La Presse, (lire en ligne, consulté le )