Dualité dans l'Égypte antique

La dualité était un des concepts égyptiens ; pour les égyptiens de l'antiquité, tout ou presque allait par paire[1] soit complémentaire, soit antithétique :

N16
N16
les « Deux Terres » (Tȝ.wy, Taouy), la Haute-Égypte et la Basse-Égypte représentant le double-pays
M26M16
le lotus (Šmˁ) et le papyrus (Ḥȝ), les plantes héraldiques de Haute et de Basse-Égypte
N10
X1
B1B1
les « Deux Brillantes » (Psḏ.ty), nom d'une divinité
G39
X1 Z4
L2
X1 Z4
les « Jumeaux royaux » (sȝ-ty-bjty), les dieux Shou et Tefnout
G5
V30
E20
V30
les « Deux Maîtres » (Nbwy), Horus et Seth
G16
les « Deux Maîtresses » (Nbty), les deux déesses protectrices, Nekhbet (Nḫb.t), le vautour blanc de Haute-Égypte et Ouadjet (Wȝḏy.t), le cobra de Basse-Égypte ; les deux maîtresses composent le nom de Nebty dans la titulature du pharaon
M23
t
L2
t
le jonc (sw.t) et à l'abeille (bj.t) font également partie de la titulature du pharaon
S6
 
S2S4
la « double couronne » (sḫm.ty, Pschent, littéralement les deux puissantes) qui associe la couronne blanche oblongue (Ḥḏ.t, Hedjet ou Šmˁs), de l'ancien royaume du Sud (Haute-Égypte) et la couronne rouge, plate à fond relevé (Dšr.t, Desheret ou Mḥ(w)s), de l'ancien royaume du Nord (Basse-Égypte)
R15X1
N25
 
 
R14X1
N25
l'Orient (Jȝb.t) et l'Occident (Jmn.t)[2]
D58Z7N26Z7G37
 
 
D58Z7D58M17N35
G37
le bien (bw-nfr) et le mal (bw-jqr), littéralement lieu bon et lieu mauvais
l'harmonie (maA.t) et le désordre (isf.t), littéralement lieu bon et lieu mauvais
D21
G43
X1 Z4
O32
la « double porte » (rw.ty), entrée du palais ou du temple
M20
X1 N23
R4
X1 Q3
N35D4
Q1
A40
la « Double campagne de la Satisfaction d'Osiris » (Sḫ.t-Ḥtp n(y).ty Wsjr), un nom du paradis
I6G17
X1
O49
 
 
D46
N37
D21
X1
G27N25
l'Égypte (km.t, kemet, la terre noire) et l'étranger (dšr.t, le désert)

Égyptien hiéroglyphique

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Exemples d'accords grammaticaux en nombre
\ Singulier Duel Pluriel
Masculin un bras
ˁ
deux bras
ˁ.wy
des bras
ˁ.w
Féminin un œil
jr.t
deux yeux
jr.ty
des yeux
jr.wt

La dualité occupait une place si importante dans la pensée égyptienne, qu'il existait un nombre grammatical particulier pour la représenter : le « duel » (qui s'ajoute au singulier et au pluriel). Ce nombre, ayant des caractéristiques distinctes du pluriel, est utilisé pour tous les mots ou notions allant par paires : les bras, les yeux, les obélisques, etc. Le duel est signifié par l'ajout d'un suffixe particulier au nom : .wy au masculin et .ty au féminin (l'accord de l'adjectif est, lui, généralement omis). À noter que la dualité peut également être marqué par le doublement du hiéroglyphe déterminatif (forme généralement qualifié d'« archaïque »).

Le triel n'est pas attesté en égyptien et un triplement du hiéroglyphe déterminatif représente le pluriel[3].

Pratiquement toutes les divinités étaient associées par paires et fréquemment de même racine nominale (comme dans l’Ogdoade d'Hermopolis : Amon et Amonet, Heh et Hehet, Kekou et Kekout, Noun et Nounet).

  1. Cette marque de dualité est généralement caractérisée par y (masculin) ou ty (féminin) dans le suffixe du mot.
  2. Exemple :
    M17N35R14X1
    N25
    R15X1
    N25
    jn Jmn.t ∅ ? Jȝb.t ∅ ?, « Est-ce l'Occident (ou) l'Orient ? » (textes des sarcophages II, 142e, G2T)
  3. Le pluriel est généralement signalé par le suffixe w.