Ensemble de lancement Vega
L'Ensemble de lancement Vega (abrégé ELV, parfois nommé ZLV, Zone de Lancement Vega) est un ensemble de lancement de fusées spatiales situé sur la base de lancement de Kourou en Guyane française construit en 1973. Créé à l'origine pour le lancement de fusées Europa 2, il est reconverti pour les fusées Ariane 1, 2 et 3 et prend alors l'appellation ELA-1 pour Ensemble de lancement Ariane 1. À la fin des années 2000 il subit un remaniement majeur pour permettre le lancement des fusées légères européennes Vega. Le premier tir du nouveau lanceur a eu lieu le depuis l'ensemble de lancement refondu baptisé ELV.
Historique
modifierLa création de l'ELA-1
modifierDepuis 1947, la France utilisait pour développer ses lanceurs spatiaux et missiles balistiques le Centre interarmées d'essais d'engins spéciaux situé à Hammaguir, en Algérie. La guerre d'Algérie et l'indépendance qui en découle conduisit les autorités françaises à abandonner le centre. Grâce à des « clauses secrètes » dans les Accords d'Évian, signés le , la France a l'autorisation de disposer pour 5 ans encore de la base. C'est ainsi qu'a décollé le une fusée Diamant-A avec à son bord le premier satellite artificiel Français, Astérix (A-1). Le centre est évacué en 1967.
Dès la signature des accords, le ministère de la Défense français planifie la création d'une nouvelle base dans les Landes à Biscarrosse, le Centre d'Essais de Lancement de Missiles. Ce centre ne permet cependant pas de profiter de la rotation terrestre pour mettre en orbite un satellite, puisque les lancements ne peuvent se faire que vers l'ouest, direction opposée aux zones habitées.
Le Centre national d'études spatiales (CNES) décide alors de créer sa propre base de lancement. 14 sites seront étudiés, à l'étranger comme dans les départements d'outre-mer. La Guyane sera finalement retenue le , pour sa stabilité politique, l'absence de tremblements de terre, de cyclones et son positionnement par rapport à l'océan Atlantique, autorisant des lancements vers l'est sans risque de retombée de débris du lanceur sur des zones habitées. De plus, la proximité du centre par rapport à l'équateur (5°23' nord) permet des lancements « économiques » en carburant, et donc en poids.
Un premier ensemble de trois pas de tir pour fusées-sondes est achevé dès 1968. L'année suivante verra la construction de l'ensemble Diamant. Le pas de tir adapté à Europa 2, nommé CECLES, ne sera terminé qu'en 1971.
L'échec du vol F-11 d'Europa 2 le provoque l'arrêt du programme, et les vols des fusées Diamant sont stoppés en 1975. Le centre est mis en sommeil jusqu'à l'arrivée du nouveau lanceur européen Ariane, prévu pour 1977. Les seuls lancements pendant cette période furent ceux des fusées-sondes météorologiques Super Arcas.
Pour des raisons économiques, Ariane devra réutiliser le pas de tir CECLES conçu pour Europa 2. Mais celui-ci s'avère trop petit. Il faut donc « gagner de la hauteur ». Avec d'énormes vérins, la tour de lancement de 1 200 tonnes[1] est rehaussée de 6 mètres, pendant que, par-dessous, de nouveaux éléments sont intégrés. Le massif de béton qui supporte le lanceur sera lui, « enterré » de 6 mètres.
La première Ariane 1 s'envolera le de ce pas de tir, rebaptisé ELA-1.
Par la suite, l'ELA-1 subira des modifications légères en 1981 pour lancer quelques exemplaires des versions Ariane 2 (vols 18, 23, 26, 28 et 30) et Ariane 3 (vols 10, 11, 12, 13, 15, 19, 21, 24 et 32).
L'abandon
modifierAprès 25 tirs d'Ariane, l'ELA-1 est fermé en . La tour est détruite en [2]. Au sol, il reste le massif en béton et le château d'eau[3], qui seront réutilisés 18 ans plus tard par le nouveau lanceur Vega.
ELV : Réutilisation du pas de tir par la fusée Vega
modifierEn 1998, l'Agence spatiale européenne décide la création d'un nouveau lanceur de plus faible puissance qu'Ariane 5, proposant des lancements à coût moins élevé (21 millions d'euros contre 110 millions d'euros pour un lancement double d'Ariane 5). L'année suivante, il est proposé d'utiliser l'ELA-3, le pas de tir d'Ariane 5. La complexité de ce lanceur empêche de s'en servir ; l'attention se tourne vers l'ELA-2, voué à Ariane 4, encore employée à l'époque[4]. Celui-ci est trop grand, et c'est donc l'ELA-1, renaissant sous le nom d'ELV (Ensemble de Lancement Vega) qui se charge d'accueillir Vega dès son premier lancement, en .
L'ELA-1 a dû subir des ajouts et des modifications, comme l'édification d'un nouveau portique.
Liste des vols lancés depuis l'ELV
modifierCette liste s'appuie sur les éléments fournis par le site Le coin des amatheurs de sciences[5].
Date | Vol | Charge | Résultat | Lanceur |
---|---|---|---|---|
F11 | STV-4 | Échec | Europa 2 | |
L01 | Cat/Ballast et Techno | Succès | Ariane 1 | |
L02 | Oscar 9 et Firewheel | Échec | Ariane 1 | |
L03 | Apple, Cat et Météosat | Succès | Ariane 1 | |
L04 | Marecs A, Thésée, Cat | Succès | Ariane 1 | |
L05 | Sirio 2, Marecs B | Échec | Ariane 1 | |
L06 | ECS 1, Amsat 3 | Succès | Ariane 1 | |
L07 | Intelsat 5F7 | Succès | Ariane 1 | |
L08 | Intelsat 5F8 | Succès | Ariane 1 | |
V9 | Spacenet 1 | Succès | Ariane 1 | |
V10 | ECS-2, Telecom 1A | Succès | Ariane 3 | |
V11 | Spacenet II, Marecs B2 | Succès | Ariane 3 | |
V12 | Arabsat 1A, Brasilsat S1 | Succès | Ariane 3 | |
V13 | GStar I, Telecom 1B | Succès | Ariane 3 | |
V14 | Giotto | Succès | Ariane 1 | |
V15 | Spacenet F3, ECS 3 | Échec | Ariane 3 | |
V16 | Viking et Spot 1 | Succès | Ariane 1 | |
V18 | Intelsat 5F14 | Échec | Ariane 2 | |
V19 | ECS 4, Aussat K3 | Succès | Ariane 3 | |
V21 | Télécom 1C, Spacenet 3R | Succès | Ariane 3 | |
V23 | Intelsat V F 13 | Succès | Ariane 2 | |
V24 | ECS 5, Insat 1C | Succès | Ariane 3 | |
V26 | TDF 1 | Succès | Ariane 2 | |
V28 | Intelsat 5F15 | Succès | Ariane 2 | |
V30 | TéléX | Succès | Ariane 2 | |
V32 | Olympus | Succès | Ariane 3 |
Date | Vol | Charge | Résultat | Lanceur |
---|---|---|---|---|
VV01 | LARES - ALMAsat1 | Succès | Vega | |
VV02 | PROBA-V, VNREDSat 1A, ESTCube-1 | Succès | Vega | |
VV03 | KazEOSat 1A | Succès | Vega | |
VV04 | Intermediate eXperimental Vehicle (IXV) | Succès | Vega | |
VV05 | Sentinel-2 | Succès | Vega | |
VV06 | Lisa Pathfinder | Succès | Vega | |
VV07 | PeruSat-1, SkySat 4, 5, 6 et 7 | Succès | Vega | |
VV08 | Göktürk 1 | Succès | Vega | |
VV09 | Sentinel-2B | Succès | Vega | |
VV10 | OPTSAT-3000, Vénμs | Succès | Vega | |
VV11 | Mohammed VI-A | Succès | Vega | |
VV12 | ADM-Aeolus | Succès | Vega | |
VV13 | Mohammed VI-B | Succès | Vega | |
VV14 | PRISMA | Succès | Vega | |
VV15 | Falcon Eye 1 | Échec | Vega | |
VV16 | SSMS POC (ESAIL & 52 Autres) | Succès | Vega | |
VV17 | Seosat, TARANIS | Échec | Vega | |
VV18 | Pléiades Neo 3 + 5 Cubsat | Succès | Vega | |
VV19 | Pléiades Neo 4 + 4 Cubsat | Succès | Vega | |
VV20 | Trois satellites CERES | Succès | Vega | |
VV21 | LARES-2 et 6 cubesats | Succès | Vega-C | |
VV22 | Pléiades Neo 5 & 6 | Échec | Vega-C |
Galerie
modifier-
Vue d'artiste du satellite Giotto, lancé le lors du vol V14.
-
Le satellite Viking en cours d'assemblage, mis à poste lors du vol V16.
-
Spot 1 (V16)
Annexes
modifierNotes et références
modifier- Martine Castello, chap. 13 « Vers le premier tir », dans La grande aventure de... Ariane, Paris, Librairie Larousse, , 216 p. (ISBN 2-03-518232-8), p. 132
- Photographie du CNES de la destruction de la tour de l'ELA-1 en juin 1991
- Photographie aérienne du CNES prise en 2001 qui montre les infrastructures restantes
- Le dernier lancement d'Ariane 4 eu lieu le 15 février 2003.
- « Liste des lancements d'Ariane, toutes versions confondues » [PDF], (consulté le ).
Liens externes
modifier- « CSG ELA 1 », sur capcomespace.net via Internet Archive (consulté le )
- http://www.cnes-csg.fr/web/CNES-CSG-fr/4144-lensemble-de-lancement-vega.php