Ecclesia semper reformanda
Ecclesia semper reformanda, en français « l'Église est toujours à réformer », ou Ecclesia reformata semper reformanda, « L'Église réformée est toujours à réformer » est une expression latine popularisée par le théologien protestant Karl Barth en 1947[1], et qui dériverait d'une citation d'Augustin d'Hippone[2]. Il renvoie à la conviction que l'Église doit sans cesse se réexaminer afin de maintenir sa pureté de doctrine et de pratique[3],[4].
Histoire
modifierUn des premiers exemples de cette formule est dans un écrit de Jodocus van Lodenstein, un théologien luthérien hollandais critique à l’égard de la tradition luthérienne, dans Beschouwinge van Zion (Contemplation de Sion), Amsterdam, 1674-1678[5] qui revendique la « vérité […] que dans l'Église aussi il y a toujours beaucoup à réformer » (« Sekerlijk de Gereformeerde Waarheyd […] leert dat in de Kerke ook altijd veel te herstellen is »[6]).
La variante Ecclesia reformata semper reformanda, également utilisée par Karl Barth, fait référence au désir d'un érudit cité par Jodocus van Lodenstein que l'Église ne devrait pas être appelé Reformata (déjà réformée une fois pour toutes), mais Reformanda (dans un processus de réforme)[7].
Protestantisme
modifierIl est aujourd'hui largement mais informellement utilisé dans les églises réformées, calvinistes et presbytériennes. L'Église réformée de France a utilisé comme devise Ecclesia reformata, semper reformanda. Il est souvent associé aux Cinq solae[8].
Catholicisme
modifierLa formule est utilisée par le théologien catholique suisse Hans Küng[9],[10] et d'autres réformateurs de l'Église catholique influencés par l'esprit de Vatican II au cours des années 1960[11].
L'Église catholique utilisé l'idée dans le document Lumen gentium du Concile Vatican II, nr. 8: « Dum vero Christus, "sanctus, innocens, impollutus" (Hebr 7,26), peccatum non novit (cf. 2Co 5,21), sed sola delicta populi repropitiare venit (cf. Hebr 2,17), Ecclesia in proprio sinu peccatores complectens, sancta simul et semper purificanda, poenitentiam et renovationem continuo prosequitur », « Alors que le Christ, "saint, innocent et sans souillure" n'a rien connu du péché, mais est venu expier seulement les péchés du peuple, l'Église, embrassant dans son sein les pécheurs, à la fois sainte et toujours en quête de purification, suit toujours la voie de la pénitence et du renouveau ».
Références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ecclesia semper reformanda est » (voir la liste des auteurs).
- Steve Perisho: "Semper reformanda," at http://spu.libguides.com/DCL2017/Reformation#s-lg-box-wrapper-18675181, citing himself (August Bauer in 1893) but more importantly J.N. Mouthaan, "Besprekingsartikel: Ecclesia semper reformanda: modern of premodern?," Documentatieblad Nadere Reformatie 38, no. 1 (2014): 88 (86-89), who cites Abraham Kuyper in 1892, and observes that this means both that "The formulation ecclesia semper reformanda is much older than 1947", and that "The origin of this formulation lies therefore even earlier [than in] Kuyper."
- Theodor Mahlmann: "Ecclesia semper reformanda". Eine historische Aufarbeitung. Neue Bearbeitung, in: Torbjörn Johansson, Robert Kolb, Johann Anselm Steiger (Hrsg.): Hermeneutica Sacra. Studien zur Auslegung der Heiligen Schrift im 16. und 17. Jahrhundert, Berlin - New York 2010, pp. 382–441, here pp. 384–88.
- Meike Drechsler, « Protestantisme : que signifie « ecclesia semper reformanda est » ? », Réforme, (lire en ligne)
- Abigaïl Bassac, « Ecclesia reformata semper reformanda », Évangile et liberté, (lire en ligne)
- Michael Bush, "Calvin and the Reformanda Sayings," in Herman J. Selderhuis, ed., Calvinus sacrarum literarum interpres: Papers of the International Congress on Calvin Research (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 2008) p. 286. (ISBN 978-3-525-56914-6)
- Cited according to Theodor Mahlmann, p. 423.
- Cf. Theodor Mahlmann, p. 387.
- André Fontaine, « IV. - Situation du protestantisme », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Hans Küng, « Tribune - "Abolissons l’infaillibilité pontificale" », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Henri Fesquet, « "Être vrai : l'avenir de l'Église", de Hans Küng », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Sarah Belouezzane et Thomas Wieder, « Le pape François sous le feu croisé des réformateurs allemands et des courants conservateurs », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )