Edmund Bergler, né le et mort le , est un psychanalyste américain d'origine autrichienne spécialiste de sujets tels que le développement de l'enfance, les crises de la quarantaine, les mariages sans amour, le jeu, les comportements autodestructeurs et l'homosexualité. Il est notamment très critique de l'homosexualité, qu'il considère en 1948 comme « la maladie dominante [du] pays », et de son collègue Alfred Kinsey, dont il a rejeté l'échelle des orientations sexuelles.

Biographie

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Edmund Bergler est né le à Kolomya, dans l'actuelle Ukraine. Bergler fuit l'Autriche nazie en 1937-1938 et s'installe à New York[1],[2], où il travaille comme psychanalyste. Bergler a écrit 25 livres de psychologie et 273 articles publiés dans des revues professionnelles[3]. Il a également rédigé des dizaines de manuscrits inachevés, qui sont la possession de la Edmund and Marianne Bergler Psychiatric Foundation[2].

Travaux

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Bergler a été le plus important théoricien psychanalytique de l'homosexualité dans les années 1950. Selon le psychiatre homosexuel Kenneth Lewes[4], « Bergler a souvent pris ses distances avec la tradition psychanalytique centrale, tout en revendiquant une position importante au sein de celle-ci. Il se voyait comme un révolutionnaire qui transformerait le mouvement ». Vers la fin de sa vie, Bergler est devenu une source d'embarras pour de nombreux autres analystes : « Ses opinions lors des conférences et des symposiums étaient rapportées sans remarque, ou bien elles étaient adoucies et leur côté offensif émoussé »[5].

Bergler a été le plus important théoricien psychanalytique — et détracteur — de l'homosexualité dans les années 1950. Selon le psychiatre homosexuel Kenneth Lewes[4], « Bergler a souvent pris ses distances avec la tradition psychanalytique centrale, tout en revendiquant une position importante au sein de celle-ci. Il se voyait comme un révolutionnaire qui transformerait le mouvement ». Bergler contribue à alimenter la peur violette en déclarant en 1948 que l'homosexualité est « la maladie dominante [du] pays, loin devant les cancers, les tuberculoses, les insuffisances cardiaques et la polio »[6]. Il a vivement critiqué le chercheur en sciences sexuelles Alfred C. Kinsey et a rejeté l'échelle de Kinsey, estimant qu'elle reposait sur des hypothèses erronées[7]. Dans un article publié dans la revue Psychiatric Quarterly (en), Bergler estime que « D'un point de vue statistique, Kinsey évite à 100 % la moindre concession à l'existence de l'inconscient dynamique. Selon l'« approche taxonomique » à laquelle Kinsey adhère, l'« animal humain », comme Kinsey appelle l'homo sapiens, semble ne pas avoir encore développé la partie inconsciente de sa personnalité (...). Ses remarques désobligeantes sur la psychanalyse freudienne sont principalement basées sur l'ignorance ou la résistance, ou les deux ». Bergler déclare également que « Les homosexuels approuvent leur perversion parce que cette acceptation — qui correspond à un mécanisme de défense — leur permet de cacher inconsciemment leur conflit le plus profond, la régression orale-masochiste. Comme l'homosexuel qui n'a pas été traité n'a aucune idée de la situation réelle, il s'accroche fièrement à son mécanisme de défense. Ce n'est que dans les cas où une part de culpabilité intérieure n'est pas rassasiée par les difficultés réelles (dissimulation, ostracisme social, extorsion) que connaît tout homosexuel que se pose le problème du changement »[8]. Vers la fin de sa vie, Bergler est devenu une source d'embarras pour de nombreux autres analystes : « Ses opinions lors des conférences et des symposiums étaient rapportées sans remarque, ou bien, elles étaient adoucies et leur côté offensif émoussé »[9].

Il est connu pour son insistance sur l'universalité du masochisme inconscient. On se souvient de ses théories sur l'homosexualité et le syndrome de la page blanche, terme qu'il a inventé en 1947[10]. Bergler, qui a travaillé sur le sujet plus que tout autre psychanalyste, a soutenu que tous les joueurs jouent en raison d'un « masochisme psychique »[11].

Références

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  1. Jennifer Terry, An American obsession: science, medicine, and homosexuality in modern society, University of Chicago Press, (ISBN 978-0-226-79366-5 et 978-0-226-79367-2), p. 308-314
  2. a et b Edmund Bergler, The talent for stupidity: the psychology of the bungler, the incompetent, and the ineffectual, Internat. Univ. Press, (ISBN 978-0-8236-6345-3)
  3. Edmund BERGLER et Marianne BERGLER, Selected papers of Edmund Bergler : 1933-1961, Grune & Stratton, (lire en ligne)
  4. a et b (en-US) Sam Roberts, « Kenneth Lewes, Who Challenged Views of Homosexuality, Dies at 76 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  5. Kenneth Lewes et Kenneth Lewes, Psychoanalysis and male homosexuality, J. Aronson, coll. « The master work series », (ISBN 978-1-56821-484-9)
  6. (en) Edmund Bergler, « The myth of a new national disease: Homosexuality and the Kinsey report », The Psychiatric Quarterly, vol. 22, nos 1-4,‎ , p. 66–88 (ISSN 0033-2720 et 1573-6709, DOI 10.1007/BF01572406, lire en ligne, consulté le )
  7. Martin S. Weinberg et Alan P. Bell, Homosexuality; an annotated bibliography, Harper & Row, (ISBN 978-0-06-014541-5)
  8. (en) Edmund Bergler, « The myth of a new national disease: Homosexuality and the Kinsey report », The Psychiatric Quarterly, vol. 22, nos 1-4,‎ , p. 66–88 (ISSN 0033-2720 et 1573-6709, DOI 10.1007/BF01572406, lire en ligne, consulté le )
  9. Kenneth Lewes et Kenneth Lewes, Psychoanalysis and male homosexuality, J. Aronson, coll. « The master work series », (ISBN 978-1-56821-484-9)
  10. Salman Akhtar, Comprehensive dictionary of psychoanalysis, Karnac, (ISBN 978-1-85575-860-5 et 978-1-85575-471-3)
  11. The Psychology of gambling, Lane, (ISBN 978-0-7139-0642-4)

Liens externes

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