Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg

organisation de spoliation
Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg
Sceau de l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, utilisé de 1941 à 1944 pour marquer les documents saisis par les troupes d’occupation allemandes.
Histoire
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Dépend de

L’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) (Équipe d'intervention du Reichsleiter Rosenberg) était une section du bureau de politique étrangère du NSDAP, dirigée par Alfred Rosenberg, au sein de l'Office des Affaires étrangères du NSDAP. L'ERR se voulait l'organe exécutif de la Hohe Schule (École supérieure) de Rosenberg.

Champ d'activité de l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg.

L'ERR a effectué à partir de 1940 d'importantes confiscations de biens appartenant à des Juifs et des francs-maçons dans les territoires occupés par la Wehrmacht.

Histoire modifier

Par un décret du Führer du , Adolf Hitler autorise l'ERR à confisquer :

  • les bibliothèques d'État et les archives des manuscrits précieux pour l'Allemagne ;
  • les greffes des autorités ecclésiastiques et des loges maçonniques ;
  • tous les autres biens culturels de valeur appartenant à des juifs.

En , l'ERR a été mis en place à Paris. L'administration centrale a toutefois été transférée à Berlin le . D' à , 29 convois ont transporté des biens saisis de Paris jusqu'au château de Neuschwanstein en Allemagne, où l'ERR avait constitué son principal lieu d'entreposage. Jusqu'au , selon l'estimation de l'ERR elle-même, 1 418 000 wagons de chemin de fer contenant des livres et des œuvres d'art (ainsi que 427 000 tonnes par bateau) ont ainsi transité vers l'Allemagne.

L'ERR en France (à partir de 1940) modifier

Établi à Paris en , il est dirigé par le baron Kurt von Behr (de) (1890-1945) assisté de Bruno Lohse (1911-2007). Des objets d'art ont été confisqués dans plus de cinquante lieux différents et exposés lors de sept expositions au Jeu de paume, surtout dans le but de montrer à Rosenberg et Hermann Göring, avec lequel l'ERR collabore étroitement à Paris, une vue d'ensemble des objets précieux confisqués. Le marchand Walter Hofer (en) est le principal agent de Göring. Achille Boitel (en), Roger Dequoy, Martin Fabiani, font partie des contacts français en lien avec Bruno Lohse[1].

Les bibliothèques ayant fait l'objet de saisies, dont la bibliothèque polonaise, la bibliothèque russe Tourguenev (13, rue de la Bûcherie) et les bibliothèques de nombreuses loges maçonniques parisiennes devaient alimenter la bibliothèque centrale de la Hohe Schule.

Mi-1941, le travail de l'ERR en France était pratiquement achevé. Selon le rapport de travail, 203 collectes avaient concerné 21 903 objets. Rose Valland, attachée de conservation au Jeu de paume, a fait l'inventaire détaillé des œuvres transférées, et de leur déplacement de 1940 à 1944.

En France, pendant l'occupation de Paris, l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg siège d'abord à l'hôtel Commodore (12, boulevard Haussmann) puis au 54, avenue d'Iéna[2].

L'ERR en Europe de l'Est (à partir de 1941) modifier

L'ERR a créé de nombreuses antennes en Europe de l'Est. Elle était en concurrence avec d'autres institutions nazies, notamment le Sonderkommando Künsberg et la Communauté de recherche et d'enseignement Ahnenerbe sous la tutelle de Heinrich Himmler. Les trois organisations s'occupaient en collaboration avec la Wehrmacht et la SS de détecter, de classer et d'évacuer (ou de détruire) des œuvres d'art et des archives.

Structure de l'ERR modifier

Administration de Berlin modifier

Le bureau central de Berlin, sous la direction de Georg Ebert (jusqu'en 1941) et plus tard de Gerhard Utikal (de), se divisait en trois sections :

  • département III - missions spéciales ;
  • département IIIa - organisation de la mise en sécurité des biens juifs ;
  • département IIIb - gestion commerciale pour l'équipe des arts figuratifs.

Équipes spécialisées de l'ERR en France modifier

Sous la direction de Gerhard Utikal, des docteurs Gerhard Wunder et Karl Brethauer, de Franz Seiboth et de l'inspecteur Hans Hagemeyer (de), cinq équipes spéciales coordonnaient l'activité de l'ERR à Paris :

  • équipe musique (Dr Herbert Gerigk) ;
  • équipe arts figuratifs (Kurt von Behr, Robert Scholz) ;
  • équipe bibliothèque de l'École supérieure (Hohe Schule) (Walter Grothe) ;
  • équipe préhistoire (Hans Reinerth) ;
  • équipe églises (Anton Deinert).

Bureaux extérieurs modifier

L'ERR avait des représentations à Amsterdam, Bruxelles, Belgrade, Riga, Reval, Vilnius, Dorpat, Minsk, Horki, Smolensk, Kiev, Kharkov, Dniepropetrovsk, Simferopol et Hohenschwangau.

Bases de données ERR modifier

En France, une base de données publiée par la Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l'Occupation (CIVS) permet de rechercher les œuvres ayant fait l’objet de spoliation avérée ou supposée[3].

Notes et références modifier

  1. Jonathan Petropoulos, Göring's man in Paris : the story of a Nazi art plunderer and his world, Yale University Press, , 416 p. (ISBN 978-0-300-25621-5 et 0-300-25621-3, OCLC 1226062084, lire en ligne).
  2. Bernard Génies et Jean-Gabriel Fredet, « Le casse de Hitler - À la recherche des chefs-d'œuvre volés aux Juifs », Le Nouvel Observateur no 2575, semaine du 13 mars 2014, p. 64-77.
  3. « Base TED - CIVS », sur www.civs.gouv.fr (consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (de) Hanns Christian Löhr, Kunst als Waffe – Der Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, Ideologie und Kunstraub im „Dritten Reich“, Berlin 2018, (ISBN 978-3-7861-2806-9).
  • (de) Auf Transport! Deutsche Stationen “sichergestellter” jüdischer und freimaurerischer Bibliotheken aus Frankreich und den Niederlanden (1940 - 1949) (Reihe: Lesesaal - Kleine Spezialitäten aus der Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek - Niedersächsische Landesbibliothek, 18) Beschreibt den Buchraub des ERR aus den beiden Ländern und die Restitution (ISBN 3-8271-8818-0) (ISSN 1610-4439)
  • (de) Rainer Strzolka, Vernichtung jüdischer Identität durch den nationalsozialistischen Raub von Wort und Schrift. In: AKMB news 9.3003.1, 3-7.
  • (de) Rainer Strzolka, Jüdischer Buchbesitz als Beutegut. Zum Symposium im Niedersächsischen Landtag le 14 novembre 2002. In: AKMB news 9.2003.1, 7-13.
  • Rainer Strzolka, Die Ausstellung “Seligmanns Bücher” In: AKMB news 9.2003.1, 14-15.
  • (de) Rainer Strzolka, Beiträge zur Provenienzforschung. Wiener Symposium zu Raub und Restitution in Bibliotheken. In: Buch und Bibliothek 55.2003.10/11, 650-651.
  • (de) Rainer Strzolka, Jüdischer Buchbesitz als Raubgut. Neue Forschungsbeiträge zur Restituierung jüdischer Bibliotheken. Ein Bericht zum 2. Hannoverschen Symposium. In: Buch und Bibliothek 57.2005.7/8, 530-532. – Nachdruck in: L.Aktiv. Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek N.F. 4.2005.28, 2-4.
  • Emmanuelle Polack et Philippe Dagen, Les carnets de Rose Valland : le pillage des collections privées d'œuvres d'art en France durant la Seconde Guerre Mondiale, Fage Éditions, 2011.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier