Ekrem İmamoğlu

homme politique turc, maire d'Istanbul à partir de 2019

Ekrem İmamoğlu, né le à Akçaabat, est un homme politique turc. Membre du Parti républicain du peuple (CHP), il est maire d'Istanbul du au . Il est réélu le .

Ekrem İmamoğlu
Illustration.
Ekrem İmamoğlu en mars 2024.
Fonctions
Maire d'Istanbul
[N 1]
(5 ans, 8 mois et 24 jours)
Élection 23 juin 2019
Réélection 31 mars 2024
Prédécesseur Ali Yerlikaya (intérim)
Lui-même
Successeur Nuri Aslan (tr)
Élection 31 mars 2019
Prédécesseur Mevlüt Uysal (en)
Successeur Ali Yerlikaya (intérim)
Lui-même
Maire de Beylikdüzü

(5 ans et 6 jours)
Élection 30 mars 2014
Prédécesseur Yusuf Uzun
Successeur Mehmet Murat Çalık (tr)
Biographie
Date de naissance (54 ans)
Lieu de naissance Akçaabat (Trabzon, Turquie)
Nationalité Turque
Parti politique CHP (depuis 2008)
Diplômé de Université d'Istanbul (annulé en 2025)
Profession Homme d'affaires
Religion Islam sunnite
Site web www.ekremimamoglu.com

Signature de Ekrem İmamoğlu
Maires d'Istanbul

En , alors qu'il est sur le point d'être désigné par la primaire du CHP comme candidat à la présidentielle de 2028 et qu'il fait figure de favori face au président sortant Recep Tayyip Erdoğan, son diplôme universitaire, nécessaire à sa candidature, est invalidé par l'université d'Istanbul, ce qui le rend inéligible. Il est arrêté le lendemain pour des accusations de corruption qu'il nie. Son arrestation provoque des manifestations massives de l'opposition turque.

Biographie

Ekrem İmamoğlu est originaire des côtes turques de la mer Noire. Il fait fortune dans l'immobilier avant de se lancer en politique[1]. Aslı Aydıntaşbaş, spécialiste de la politique turque au sein du Conseil européen des relations internationales, indique qu'il « est issu d’une famille traditionnellement située du côté social-démocrate, […] de la « gauche », mais avec des tendances conservatrices, où l’islam occupe une place importante »[2].

Il rejoint le Parti républicain du peuple (CHP) en 2008. L’année suivante, il devient le dirigeant du mouvement de jeunesse du parti.

À l’issue des élections municipales de 2014, il est élu maire de Beylikdüzü, un district d’Istanbul. Il occupe cette fonction jusqu’en 2019.

Mairie d'Istanbul

Candidat du CHP aux élections municipales de 2019 à Istanbul, il mène une campagne avec des allusions à l'islam[3]. Il est donné vainqueur par les premiers résultats. Mais sa victoire, qui remet en cause vingt-cinq années de domination locale du camp de Recep Tayyip Erdoğan, est contestée par l’AKP et par le président de la République[4],[1]. Son élection est finalement annoncée par le Conseil électoral supérieur (YSK) avec 13 729 voix d’avance, après recompte, le [4].

Le suivant, l’YSK annule le scrutin et ordonne la tenue de nouvelles élections[5]. Durant la campagne, il est assimilé par l'AKP à la figure du « Grec ennemi de la nation », voulant « transformer Istanbul en Constantinople ». Il est également la cible d’accusations de terrorisme, notamment de la part d’Erdoğan[6]. De son côté, il fait intervenir un imam lors d'un meeting et promet de ne pas revenir sur l'interdiction de vente d'alcool dans les cafés municipaux, ni sur les horaires non mixtes pour les piscines[7]. À l’issue du nouveau scrutin, le , il est réélu avec 54,2 % des suffrages, soit 5,4 points de plus que lors de l’élection précédente[8]. Il prend ses fonctions le suivant[9]. Le conseil municipal non renouvelé, reste majoritairement AKP[10].

Devenu maire, il suscite une polémique pour avoir déclaré « ici, c'est la Turquie, c'est Istanbul » en réaction à la présence d'enseignes en arabe de commerces appartenant à des réfugiés syriens[11]. Dans un autre registre, il promet de baisser les dépenses publiques et de planter des arbres et de la verdure sur la place Taksim, alors que le gouvernement a retiré aux maires, au profit des conseils municipaux, le droit de nommer les dirigeants des entreprises publiques[12].

Durant l’année 2019, l'exécutif d’Erdoğan est accusé d’empêcher le bon fonctionnement de son administration. Entre autres, les banques publiques refusent de financer les projets d’infrastructures « à caractère urgent » de la municipalité, même à court terme, obligeant le maire à se tourner vers des banques étrangères. Toute opération financière émanant de la mairie, comme le paiement des salaires des employés municipaux ou encore les projets d’extension du métro, lui est refusée[13].

En et bien que faisant partie de l'opposition au gouvernement d'Erdoğan, il rejoint les larges critiques émanant du pouvoir contre la reconnaissance du génocide arménien par le président des États-Unis Joe Biden en déclarant qu'il s'agissait d'une « grave erreur »[14].

Le , Ekrem İmamoğlu est réélu maire d'Istanbul avec environ 10 points d'avance sur son concurrent du parti présidentiel AKP, ce qui provoque des manifestations de liesse à Istanbul et aussi à Ankara où le maire Mansur Yavaş du même parti a aussi été réélu[15].

Candidature à l'élection présidentielle de 2028 et arrestation

Ekrem İmamoğlu est un potentiel candidat à l'élection présidentielle turque de 2028[16]. Étant classé parmi les personnalités politiques préférées des Turcs, sa popularité auprès de l'ensemble de l'électorat de l'opposition fait de lui le principal rival d'Erdogan. C'est pourquoi il est visé par des procédures judiciaires dont le but est de contrecarrer sa candidature[1]. En 2025, Ekrem İmamoğlu est visé par six procédures judiciaires[1].

Alors que son nom est déjà cité pour se présenter à l'élection présidentielle turque de 2023, les autorités turques ouvrent en une enquête contre lui, l'accusant d'avoir eu une attitude « irrespectueuse » en se tenant les mains dans le dos pendant la visite du mausolée du sultan Mehmet II[17]. Il est aussi accusé d'avoir tenu des propos « faisant l'éloge de criminels » lors de rencontre avec des maires membres du Parti démocratique des peuples, un parti politique pro-kurde fréquemment visé par la répression[17]. Le , il est condamné en première instance à deux ans et sept mois de prison pour insulte à des responsables turcs. Cette condamnation lui interdit tout mandat politique[18].

Le , son diplôme universitaire est annulé, ce qui pourrait lui interdire de se présenter à l'élection présidentielle de 2028[1]. Le lendemain, il est arrêté par la police, de même que plusieurs dizaines de ses collaborateurs, d'élus et membres de son parti, pour des accusations de « corruption », de « terrorisme » et « d'aide au PKK »[19],[20],[21]. Ekrem İmamoğlu nomme un membre du conseil municipal pour exercer provisoirement ses fonctions à compter du [22],[23],[24]. Son arrestation déclenche une vague de contestation dans de nombreuses villes comme Istanbul, Ankara, Izmir, ou encore Antalya[25],[26],[27]. Le maire d'Istanbul dénonce des « accusations immorales et sans fondement »[28].

Le , un juge ordonne son incarcération pour « corruption »[29],[30],[31]. Le jour même, il est incarcéré et démis de ses fonctions par le ministre de l'Intérieur[32],[33],[34].

Notes et références

  1. Nuri Aslan (tr) exerce ses fonctions du 20 au 23 mars 2025.
  1. a b c d et e Vadim Kamenka, « Turquie : principal opposant de Recep Tayyip Erdogan, le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, arrêté pour « corruption » et « terrorisme. » », sur L'Humanité, (consulté le ).
  2. Élie Saïkali, « Qui est Ekrem Imamoglu, le nouveau maire d’Istanbul ? », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  3. « Turquie : "Erdogan a réussi à imposer l'islam comme référent à tous les partis" », sur Marianne, (consulté le )
  4. a et b « Municipales en Turquie : le candidat de l’opposition proclamé vainqueur à Istanbul », Le Télégramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Turquie: l'Autorité électorale ordonne un nouveau scrutin municipal à Istanbul », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  6. « Municipale à Istanbul : l’AKP se démène pour ne pas perdre «sa ville» », sur www.liberation.fr, (consulté le )
  7. « En Turquie, le camp islamique se fissure », sur Slate.fr, (consulté le )
  8. « Municipales en Turquie: Imamoglu fait chuter Erdogan à Istanbul », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  9. « Istanbul: une foule pour saluer la prise de fonction du nouveau maire », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  10. « Turquie: les travaux d'Hercule d'Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul », sur RFI, (consulté le )
  11. « Des attaques contre des Syriens à Istanbul font craindre l’embrasement », sur Libération.fr, (consulté le )
  12. « Istanbul: après son triomphe, de nombreux défis attendent le nouveau maire », sur Le Point, (consulté le )
  13. « Les déconvenues d’Ekrem Imamoglu, le nouveau maire d’Istanbul », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  14. « Génocide arménien : après la reconnaissance de Biden, la Turquie soudée dans le déni », sur lemonde.fr (consulté le )
  15. « Élections. En Turquie, l’opposition “surprend Erdogan avec une victoire historique” aux municipales », sur Courrier international,
  16. (tr) « Özgür Özel CHP'nin Cumhurbaşkanı adaylarını açıkladı! », sur T24 (consulté le )
  17. a et b « Enquête contre le maire d'Istanbul pour irrespect envers un sultan », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  18. « Le maire d'Istanbul condamné, interdit de facto d'activité politique », sur Le Figaro, (consulté le )
  19. « Turquie : arrestation du maire d'Istanbul, rival annoncé d'Erdogan à la présidentielle », sur TF1 INFO, (consulté le )
  20. « Arrestation d'Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul et principal opposant à Erdogan », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  21. Fulya Ozerkan et Burcin Gercek, « Arrestation du maire d’Istanbul, principal opposant à Erdoğan », sur LaPresse.ca, (consulté le )
  22. (tr) « İstanbul Büyükşehir Belediye Başkanı vekaleti görevine İBB Meclis Üyesi Nuri Aslan getirildi », sur T24, (consulté le )
  23. (tr) Cihan Tekin, « İBB başkan vekilliğine Nuri Aslan getirildi - Diken », (consulté le )
  24. (en) « Istanbul gets acting mayor after Imamoğlu's detention », sur Daily Sabah, (consulté le )
  25. « A Istanbul, la mobilisation s’amplifie en soutien au maire, Ekrem Imamoglu, qui dénonce des accusations « sans fondement » », sur Le Monde, (consulté le )
  26. « Turquie : arrêté pour «corruption» et «terrorisme», le maire d’Istanbul dénonce des accusations «immorales et sans fondement» », sur Le Figaro, (consulté le )
  27. William Galibert, « Turquie : Istanbul s'enflamme après l'arrestation de son maire, principal rival d'Erdogan pour 2028 », sur RTL, (consulté le )
  28. « Turquie : le maire d’Istanbul dénonce des «accusations immorales et sans fondement», de nouveaux rassemblements de soutien massifs », sur Libération, (consulté le )
  29. « Turquie : un juge ordonne l’incarcération du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, dont l’arrestation a déclenché une vague de contestation », sur Le Monde, (consulté le )
  30. « Turquie : malgré les manifestations, un juge ordonne l’incarcération d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal opposant à Recep Tayyip Erdogan », sur Libération, (consulté le )
  31. « Un juge ordonne l'incarcération du maire d'Istanbul, figure de l'opposition turque, accusé de "corruption" », sur France Info, (consulté le )
  32. « Le maire d'Istanbul, principal opposant à Recep Tayyip Erdogan, démis de ses fonctions et placé en détention », sur Franceinfo, (consulté le )
  33. « Le maire d'opposition d'Istanbul démis de ses fonctions », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  34. « Ekrem Imamoglu, l'ennemi d'Erdogan et maire d’Istanbul est envoyé en prison et démis de ses fonctions | TV5MONDE - Informations », sur information.tv5monde.com, (consulté le )

Liens externes