Emma Porret

féministe et suffragiste suisse

Emma Porret, née le à Neuchâtel et morte le dans la même ville, est une féministe suisse, enseignante et suffragiste. Figure du mouvement féministe à Neuchâtel, en Suisse, elle déploie une activité internationale dans la presse en faveur du droit de vote des femmes.

Emma Porret
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 64 ans)
Nationalité
Formation
Activités
Enseignante, suffragisteVoir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

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Emma Porret naît le 6 décembre 1879 à Neuchâtel, dans une famille dont le père est originaire de Fresens et la mère, née Vuilleumier, originaire de La Sagne[1],[2].

Études

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Emma Porret effectue sa scolarité à Neuchâtel[2], et poursuit ses études à l’école normale de la ville où elle obtient le brevet primaire en octobre 1897[3].

Faisant partie des premières étudiantes de l'université locale, elle s'intéresse aux poètes mineurs du xviie siècle, et rédige sa thèse sur Moïse Sauvé, un poème de Marc de Saint-Amand qu'elle estime injustement vilipendé par Boileau[2]. En 1904, elle est licenciée ès lettres par l'Académie de Neuchâtel. Plurilingue, elle maîtrise, en plus du français, l'allemand, l'italien et l'anglais[4]. Elle enseigne pendant un an le français en Allemagne, dans un institut de Wolfenbüttel[2], puis dès 1905[5], elle enseigne comme professeure à l'École secondaire et à l'École professionnelle de jeunes filles[1],[6] du canton[4].

Bien qu'ayant un train de vie modeste, elle effectue de nombreux voyages d'études en Europe[2].

Suffrage féminin

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Emma Porret se distingue comme figure majeure au sein des mouvements féministes régionaux. Grâce à son engagement et sa direction, elle contribue significativement à la progression des droits des femmes, en se focalisant notamment sur l'égalité des droits en Suisse, dont le droit de vote[2],[7]. Elle joue un rôle crucial dans l'acquisition du droit pour les femmes à être éligibles dans les commissions scolaires[8] et les conseils de prud'hommes[2].

Elle a également été présidente du comité cantonal en faveur du suffrage féminin en 1919[9] et sa vie durant, de l'Union féministe pour le suffrage[2].

Dans la ligne de ses engagements féministes, elle adhère à l'Alliance des sociétés féminines suisses, et se montre active au sein du groupe de travail antifasciste et antinazi Femmes et démocratie[4].

Fondatrice

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Elle fonde l'Association suisse de femmes graduées d'université[10] ainsi que le Centre de liaison des Sociétés féminines neuchâteloises[4].

Rédactrice pour des journaux féministes

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Elle contribue à la rédaction du journal Le Mouvement féministe[6],[2], où elle rapporte notamment le contenu des débats parlementaires de son canton[11], ainsi qu'à son équivalent en Suisse alémanique, le Schweizerisches Frauenblatt. Elle écrit également pour l'lnternational Woman Suffrage sur la situation suisse[12],[13].

À partir de 1924, elle succède à Emilie Gourd, originaire de Genève, en tant que responsable de la Chronique féministe internationale publiée dans l'Annuaire des femmes suisses[4].

Décès

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Emma Porret meurt le 21 décembre 1943 des suites d'un accident après une longue et douloureuse immobilisation à l'hôpital de Neuchâtel, où elle voit mourir sa mère placée dans la même chambre qu'elle, elle aussi victime de fracture. Le journal Le Mouvement féministe salue « l'une de ses meilleures et plus vaillantes forces » pour le féminisme suisse[2]. Elle est inhumée dans l'intimité le 23 décembre[14].

Hommage

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En 2023, la ville de Neuchâtel prévoit de donner son nom à une rue[15].

Publications

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  • « Les femmes et la chose publique : chronique parlementaire neuchâteloise », Le mouvement féministe : organe officiel des publications de l'Alliance nationale des sociétés féminines suisses, vol. 3,‎ , p. 38 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  • « Les élections aux Conseils de prud'hommes dans le canton de Neuchâtel », Le mouvement féministe : organe officiel des publications de l'Alliance nationale des sociétés féminines suisses, vol. 5,‎ , p. 61 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  • « La situation suffragiste dans la Suisse romande », Le mouvement féministe : organe officiel des publications de l'Alliance nationale des sociétés féminines suisses, vol. 8,‎ , p. 97 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  • « L'activité des femmes conseillères municipales », Le mouvement féministe : organe officiel des publications de l'Alliance nationale des sociétés féminines suisses, vol. 8,‎ , p. 100 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  • « A travail égal... salaire inégal ! », Le mouvement féministe : organe officiel des publications de l'Alliance nationale des sociétés féminines suisses, vol. 9,‎ , p. 114 (lire en ligne Accès libre [PDF])

Bibliographie

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  • Marc Vaucher, "Créer, organiser, durer": naissance et developpement de l'Union des Femmes de Lausanne (1896-1916), Éd. Alphil, Presses Univ. Suisses, coll. « Histoire et société », (ISBN 978-2-940489-97-8)
  • Marthe Gosteli, Histoire oubliée, Stämpfli, (ISBN 978-3-7272-9256-9, lire en ligne), p. 236-262

Références

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  1. a et b « Chronique neuchâteloise », Le national suisse, vol. 48, no 297,‎ , p. 4 (lire en ligne Inscription nécessaire [PDF])
  2. a b c d e f g h i et j Émilie Gourd et Marguerite Evard, « In memoriam : Emma Porret : (1879-1943) », Le mouvement féministe : organe officiel des publications de l'Alliance nationale des sociétés féminines suisses, vol. 32 (1944),‎ (lire en ligne Accès libre [PDF])
  3. « Chronique cantonale : Examens d’État », La Suisse libérale, vol. 34, no 242,‎ , p. 2 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  4. a b c d et e « Institut d’histoire de l’Université de Neuchâtel : Notices biographique », Cinquante femmes dans l'histoire de Neuchâtel,‎ , p. 16 (lire en ligne Accès libre [PDF], consulté le )
  5. « Emma Porret », Feuille d'avis de Neuchâtel, Neuchâtel, no 300,‎ , p. 10 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  6. a et b D. Cattin, « Chapitre premier. La création de l’École sociale de Genève », dans Une école de son temps : Un siècle de formation sociale à Genève (1918-2018), Éditions ies, coll. « Hors collection », (1re éd. 2019) (ISBN 978-2-88224-226-6, lire en ligne), p. 42
  7. « Chronique locale : Suffrage féminin », Le national suisse, vol. 63, no 144,‎ , p. 3 (lire en ligne Inscription nécessaire [PDF])
  8. FRK, « Les Neuchâteloises ont le droit de vote depuis 50 ans », sur Arcinfo, (consulté le )
  9. « Chronique locale : Suffrage féminin », Le national suisse, vol. 64, no 149,‎ , p. 2 (lire en ligne Inscription nécessaire [PDF])
  10. Martine Chaponnière, Devenir ou redevenir femme: l'éducation des femmes et le mouvement féministe en Suisse, du début du siècle à nos jours, Société d'histoire et d'archéologie, coll. « Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève », , 314 p. (ISBN 978-2-88442-004-4), p. 9, 174, 226
  11. Martine Chaponnière, Devenir ou redevenir femme: l'éducation des femmes et le mouvement féministe en Suisse, du début du siècle à nos jours, Librairie Droz, (ISBN 978-2-88442-004-4, lire en ligne), p. 217-219
  12. International woman suffrage: Ius suffragii 1913 - 1920. Vol. 4: October 1918 - September 1920, vol. 4, Routledge, coll. « The history of feminism », (ISBN 978-0-415-25740-4)
  13. International woman suffrage: Ius suffragii 1913 - 1920. Vol. 3: October 1916 - September 1918, vol. 3, Routledge, coll. « The history of feminism », (ISBN 978-0-415-25739-8)
  14. « Mademoiselle Emma Porret », La Sentinelle, no 291,‎ , p. 7 (lire en ligne Inscription nécessaire [PDF])
  15. Nicolas Willemin, « Les rues de la ville de Neuchâtel vont lentement se féminiser » Accès payant, sur Arcinfo, (consulté le )