Ernest-Auguste de Hanovre (1914-1987)

prétendant aux trônes de Hanovre et de Brunswick
(Redirigé depuis Ernest Auguste IV de Hanovre)

Ernest-Auguste de Hanovre (en allemand : Ernst August von Hannover), prince héritier de Brunswick puis prétendant aux trônes de Hanovre et de Brunswick, est né le , à Brunswick, dans le duché de Brunswick, et mort le , à Schulenburg, en Basse-Saxe. Prince héritier de Brunswick de 1914 à 1918, il est chef de la maison de Hanovre et prétendant aux trônes de Hanovre et de Brunswick de 1953 à 1987.

Ernest-Auguste de Hanovre
Description de l'image Ernest Augustus, Hereditary Prince of Brunswick.jpg.

Titres

Prétendant au trône de Hanovre


(34 ans, 10 mois et 9 jours)

Nom revendiqué Ernest-Auguste IV
Prédécesseur Ernest-Auguste de Hanovre
Successeur Ernest-Auguste de Hanovre

Prétendant au trône de Brunswick


(34 ans, 10 mois et 9 jours)

Prédécesseur Ernest-Auguste Ier
Successeur Ernest-Auguste de Hanovre

Prince héritier de Brunswick


(4 ans, 7 mois et 21 jours)

Prédécesseur Occupation du duché par la Prusse
(Ernest-Auguste de Brunswick)
Successeur Abolition de la monarchie
(Ernest-Auguste de Hanovre)
Biographie
Titulature prince de Hanovre
duc de Brunswick
Dynastie maison de Hanovre
Nom de naissance Ernest Augustus George William Christian Louis Francis Joseph Nicholas Oscar von Hannover
Naissance
Brunswick, Brunswick
(Allemagne)
Décès (à 73 ans)
Pattensen, Basse-Saxe
(Allemagne de l'Ouest)
Père Ernest-Auguste de Brunswick
Mère Victoria-Louise de Prusse
Conjoint Ortrude de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glucksbourg
Monique de Solms-Laubach (en)
Enfants Victoria Louise de Hanovre
Ernest-Auguste de Hanovre
Ludwig Rudolph de Hanovre
Olga de Hanovre
Alexandra de Hanovre
Henri de Hanovre
Religion luthéranisme
Description de cette image, également commentée ci-après

Famille

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Ernest-Auguste IV de Hanovre est le fils aîné d'Ernest-Auguste (1887-1953), duc souverain de Brunswick et prétendant au trône de Hanovre, et de son épouse Victoria-Louise de Prusse (1892-1980), princesse de Prusse et d'Allemagne. Par son père, il est donc le petit-fils du prétendant Ernest-Auguste II de Hanovre (1845-1923) et de la princesse Thyra de Danemark (1853-1933) tandis que, par sa mère, il descend du Kaiser Guillaume II d'Allemagne (1859-1941) et de la princesse Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg (1858-1921).

Ernest-Auguste IV a donc la particularité généalogique d'être à la fois un descendant de la reine Victoria du Royaume-Uni (surnommée « la grand-mère de l'Europe ») et du roi Christian IX de Danemark (surnommé « le beau-père de l'Europe »).

Le , le prince épouse la princesse Ortrude de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glucksbourg (1925-1980), fille du prince Albert de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg (1863-1948) et de la comtesse Hertha d'Ysenbourg-Büdingen (1883-1972).

De ce mariage naissent six enfants :

Devenu veuf, Ernest-Auguste IV se remarie, le , à la comtesse Monique de Solms-Laubach (en) (1929-2015), fille du comte Georges-Frédéric de Solms-Laubach (1899-1969) et de la princesse Johanna de Solms-Hohensolms-Lich (1905-1982). De cette seconde union, ne naît aucun enfant.

Biographie

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Enfance et formation

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Petit-fils du kaiser allemand Guillaume II, issu de la dynastie anglo-allemande des Hanovre[N 1], le prince Ernest-Auguste voit le jour le , à Brunswick[1]. Fils aîné d'Ernest-Auguste de Brunswick et de la princesse Victoria-Louise de Prusse, il est titré duc héréditaire et reçoit pour parrains le roi George V du Royaume-Uni, le tsar Nicolas II de Russie, l'empereur François-Joseph d'Autriche et le roi Louis III de Bavière[2].

Comme ses parents allemands et, en dépit de ses liens avec la Grande-Bretagne, sa famille entre en guerre avec Londres au moment du déclenchement du premier conflit mondial, ce qui lui vaut d'être déchue de ses titres et pairies britanniques après le vote d'un acte du parlement en . Né prince de Grande-Bretagne et d'Irlande, Ernest-August ne jouit donc de ce titre que quelques années[3] mais il reste, cependant, toute sa vie, dans l'ordre de succession au trône d'Angleterre[4].

En , une révolution secoue l'Allemagne et le kaiser Guillaume II, grand-père maternel d'Ernest-Auguste, s'exile aux Pays-Bas. La veille, un conseil de soldats oblige le duc Ernest-Auguste à abandonner le pouvoir () et les Hanovre se réfugient dans leur domaine de Gmunden, en Autriche. Une fois le calme revenu en Allemagne, la famille récupère l'essentiel de sa fortune et revient séjourner une partie de l'année dans son ancien duché, où elle récupère notamment les châteaux de Blankenburg et de Marienburg[5].

D'abord éduqué auprès de sa famille, en Allemagne et en Autriche, le prince Ernest-Auguste intègre le gymnasium de Hameln en même temps que son frère Georges-Guillaume. Il est ensuite inscrit au collège de Salem[6]. Après ses études secondaires, il part en Angleterre pour compléter sa formation à l'université d'Oxford, avant de rentrer dans son pays pour intégrer l'université de Göttingen. Il en sort en 1937 avec le titre de docteur en jurisprudence[7].

Sous le Troisième Reich

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Durant les années 1930, le prince Ernest-Auguste entretient une liaison avec la baronne Maria von Humboldt-Dachroeden (1916-2003), épouse de son cousin le prince Hubert de Prusse (en). Cela conduit au divorce de ces derniers et à un nouveau refroidissement des relations entre les maisons de Hanovre et de Hohenzollern[7].

Après l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en 1933, les Hanovre entretiennent des relations ambiguës avec le parti nazi. L'ancien duc de Brunswick refuse en effet d'intégrer le mouvement d'extrême-droite mais lui fait plusieurs dons importants. Il entretient, par ailleurs, des relations étroites avec plusieurs dignitaires du régime. De son côté, le prince Ernest-Auguste intègre le Berlin Reitersturm (de) et n'hésite pas à arborer l'uniforme de la SS[8].

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Ernest-Auguste sert comme officier dans un régiment de Panzers placé sous le commandement du général Erich Hoepner[7],[9]. Il est alors grièvement blessé sur le front[7]. En 1944, il est expulsé de l'armée par Hitler en même temps que la plupart des princes allemands[7],[9]. Peu de temps après, il est arrêté par la Gestapo qui le soupçonne, à tort, d'être mêlé à un attentat contre le Führer[7],[10].

Après la guerre, la commission de dénazification, chargée de mesurer l'engagement national-socialiste des citoyens allemands, déclare, le , l'ancien duc de Brunswick « sympathisant » du régime nazi. Deux ans plus tard, le , elle décrète par contre que son fils « n'a pas soutenu le régime »[11].

Chef de la maison de Hanovre

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À l'automne 1951, le prince Ernest-Auguste épouse la princesse Ortrude de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glucksbourg, fille d'un ami proche du Kaiser Guillaume II. Ce mariage égal, conforme aux lois de la maison de Hanovre, permet ensuite au prince d'hériter des biens et des titres de sa famille. La cérémonie se déroule dans la liesse populaire et réunit de nombreuses personnalités mais elle est boycottée par le chef du gouvernement de Basse-Saxe, qui refuse d'y côtoyer le roi Paul Ier de Grèce et son épouse[12].

L'ancien duc Ernest-Auguste de Brunswick s'éteint en 1953 et son fils devient prétendant aux trônes de Hanovre et de Brunswick. Peu de temps après, le prince s'oppose violemment à sa mère pour des questions d'héritage et la famille princière se divise[13]. Ernest-August IV abandonne ensuite le château de Marienburg, qui est transformé en musée, et s'installe dans une propriété plus modeste appelée Gut Callenberg. Il se consacre dès lors à la gestion financière du majorat familial tandis que son épouse collectionne les arts graphiques[14].

En 1956, Ernest-August IV demande, et obtient, la nationalité britannique, qui lui est accordée par la Chambre des lords, en vertu de l'Acte de naturalisation de la princesse Sophie et de sa descendance de 1705 (voir Procureur général v. Prince Ernest-Auguste de Hanovre (en))[15]. En 1963, le prince se présente, sans succès, aux élections législatives de Basse-Saxe sous l'étiquette de la CDU[16].

Devenu veuf en 1980, le prince se remarie à une cousine germaine de sa première épouse l'année suivante. Cette seconde union contribue à éloigner le chef des Hanovre de ses enfants. Il meurt à son tour en 1987, transmettant ses titres et propriétés à son fils aîné, Ernest-Auguste V de Hanovre[16].

Dans la culture populaire

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Le rôle du prince Ernest-Auguste est interprété par l'acteur Daniel Betts dans l'épisode « Windsor » (saison 1, épisode 3) de la série The Crown (2016).

Quartiers du prince

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16. Ernest-Auguste Ier de Hanovre
 
 
 
 
 
 
 
8. Georges V de Hanovre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
17. Frédérique de Mecklembourg-Strelitz
 
 
 
 
 
 
 
4. Ernest-Auguste II de Hanovre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
18. Joseph de Saxe-Altenbourg
 
 
 
 
 
 
 
9. Marie de Saxe-Altenbourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
19. Amélie de Wurtemberg
 
 
 
 
 
 
 
2. Ernest-Auguste de Brunswick
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
20. Frédéric-Guillaume de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg
 
 
 
 
 
 
 
10. Christian IX de Danemark
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
21. Louise-Caroline de Hesse-Cassel
 
 
 
 
 
 
 
5. Thyra de Danemark
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
22. Guillaume de Hesse-Cassel
 
 
 
 
 
 
 
11. Louise de Hesse-Cassel
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
23. Louise-Charlotte de Danemark
 
 
 
 
 
 
 
1. Ernest-Auguste de Hanovre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
24. Guillaume Ier d'Allemagne
 
 
 
 
 
 
 
12. Frédéric III d'Allemagne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
25. Augusta de Saxe-Weimar-Eisenach
 
 
 
 
 
 
 
6. Guillaume II d'Allemagne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
26. Albert de Saxe-Cobourg-Gotha
 
 
 
 
 
 
 
13. Victoria du Royaume-Uni
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
27. Victoria du Royaume-Uni
 
 
 
 
 
 
 
3. Victoria-Louise de Prusse
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
28. Christian-Auguste de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg
 
 
 
 
 
 
 
14. Frédéric-Auguste de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
29. Louise-Sophie de Danneskiold-Samsøe
 
 
 
 
 
 
 
7. Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
30. Ernest Ier de Hohenlohe-Langenburg
 
 
 
 
 
 
 
15. Adélaïde de Hohenlohe-Langenbourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
31. Théodora de Leiningen
 
 
 
 
 
 

Bibliographie

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  • (fr) Michel Huberty, Alain Giraud et F. et B. Magdelaine, « Ernest-Auguste IV de Hanovre », numéro « Brunswick XXVIII 1 », L'Allemagne dynastique, tome III : Brunswick-Nassau-Schwarzbourg, MCMLXXXI (= 1981), chez l'un des auteurs, Le Perreux, 607 pages, (ISBN 2-901138-03-9)
  • (es) Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofía : La Dinastía griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, , 573 p. (ISBN 84-9734-195-3) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Jonathan Petropoulos, Royals and the Reich : The Princes von Hessen in Nazi Germany, New York, Oxford university Press, , 524 p. (ISBN 0-19-921278-3) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (de) Thomas Vogtherr, Die Welfen : Vom Mittelalter bis zur Gegenwart, Munich, Auflage, C.H.Beck, , 112 p. (ISBN 978-3-406-66177-8)

Articles connexes

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Notes et références

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  1. Le duc Ernest-Auguste et sa famille descendent, en ligne masculine, du roi George III (1738-1820), à la fois souverain du Royaume-Uni et du Hanovre. C'est pourquoi ils comptent, parmi leurs titres, celui de duc de Cumberland et Teviotdale jusqu'en 1919.

Références

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  1. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 341.
  2. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 341-342.
  3. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 47-48 et 51.
  4. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 103.
  5. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 48 et 51.
  6. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 342-343.
  7. a b c d e et f Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 342.
  8. Petropoulos 2006, p. 99.
  9. a et b Petropoulos 2006, p. 243.
  10. Philippe Gain, « Princes et nobles d’Allemagne des années 1920 à l’effondrement du IIIe Reich », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 204,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  11. Émilie Lanez, « Enquête sur le mari de Caroline », Le Point,‎ (lire en ligne)
  12. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 123 et 342-343.
  13. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 344, 347-348 et 350-351.
  14. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 343.
  15. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 343-344.
  16. a et b Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 344.