Eryxô

reine de Cyrène
Eryxo
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Titre de noblesse
Reine
Biographie
Activité
Mère
Conjoint
Enfant

Eryxô (en grec ancien : Ἐρυξώ) est une noble cyrénéenne, reine de la dynastie des Battiades. Très discrète sous le règne de son époux, Arcésilas II, elle défendit activement les droits au trône de son fils, Battos III, à la suite de l'assassinat de son mari par Léarkhos. Après avoir éliminé l'usurpateur, avec l'aide de ses frères, elle exerça la régence jusqu'à la majorité de son fils.

Biographie modifier

Eryxô est la fille de Critola et la petite-fille d'Arcésilas Ier[1]. Elle épousa le roi de Cyrène Arcésilas II, son cousin, dont elle eut un fils, Battos III.

Reine-consort modifier

Le règne d'Arcésilas II fut particulièrement difficile : peu après son accession au trône, la cité de Cyrène entra dans une situation de stasis[N 1], qui déboucha sur la fondation de la cité de Barqa. Sévèrement battu par les Libyens et les Barcéens lors de la bataille de Leukôn, Arcésilas II fut assassiné par son frère, Léarkhos[N 2].

Reine douairière modifier

Léarkhos prit le pouvoir, « sans doute sous la forme d'une régence »[2]. Pour venger son époux, Eryxô fit périr l'usurpateur par la ruse[3].

Plutarque propose une version romancée[4] de l'événement[N 3] : courtisée par Léarkhos à la suite du décès de son mari[N 4], notamment parce qu'elle disposait d'une parentèle nombreuse et puissante au sein de la cité[5], Eryxô prit conseil auprès de ses frères. Laissant entendre qu'elle adhérait au projet de mariage, elle suggéra à Léarkhos d'en discuter avec ses frères. Ces derniers retardant autant que possible la rencontre, Eryxô fit transmettre à Léarkhos, par l'intermédiaire d'une de ses esclaves, que ses frères ne s'opposeraient plus à leur mariage une fois leur union consommée. S'il souhaitait épouser Eryxô, il devait donc se rendre la nuit chez la reine[6]. La proposition était en fait un piège tendu par Eryxô et Polyarchos : venu sans escorte, Léarkhos fut assassiné dès son arrivée, et son corps jeté par-dessus les murailles de la cité[7].

L'usurpateur éliminé, Battos III fut proclamé roi. Néanmoins, des soldats égyptiens stationnés dans la cité informèrent Ahmôsis II du coup d'état. Accompagnés par Critola qui, en tant que sœur de Battos II, jouissait d'une grande considération, Eryxô et Polyarchos se rendirent auprès du Pharaon pour plaider leur cause[8]. Cette ambassade fut couronnée de succès : louant la sagesse et le courage d'Eryxô, Ahmôsis II « honora Polyarchos et les deux femmes par des présents, les traita comme des personnes royales puis les renvoya à Cyrène »[9].

Par ce récit, Plutarque cherche à souligner les qualités morales de la reine battiade[10]. En effet, à l'inverse d'Hérodote, Plutarque n'utilise jamais le terme de ruse, en grec ancien δόλος, pour décrire le piège tendu par Eryxô. Il insiste au contraire sur les qualités de la reine battiade, pleine de sagesse (sophrôn) et d’humanité (philanthropos)[5]. En outre, Plutarque loue l'habileté politique d'Eryxô qui, pour contrer les ambitions de Léarkhos, cherche l'appui de ses représentants légaux, ses frères, et n'assassine pas l'usurpateur de ses propres mains[11].

Famille modifier

Mariage et enfants modifier

De son mariage avec Arcésilas II naît :

Ascendance modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Les frères d'Arcésilas II se révoltèrent contre lui, avec le soutien de Cyrénéens adversaires du roi, probablement une partie de l'aristocratie cyrénéenne (Chamoux 1953, p. 142).
  2. Plutarque présente Léarkhos comme un ami d'Arcésilas II (Plutarque, Œuvres morales, 260e).
  3. Le récit de Plutarque est repris par Polyen, Stratagèmes VIII, 41.
  4. Léarkhos proposait à Eryxô d'adopter Battos III et de l'associer au pouvoir (Plutarque, Œuvres morales, 260f).

Références modifier

  1. Plutarque, Œuvres morales, 261d.
  2. Chamoux 1953, p. 138.
  3. Hérodote IV, 160 : « Après ce coup dur, Arcésilas, qui, souffrant, était sous l’empire d’une drogue, fut étouffé par son frère Léarchos ; mais la femme d’Arcésilas, qui s’appelait Eryxô, fit périr Léarchos par la ruse » traduit par Dobias-Lalou 2012, paragraphe 5.
  4. Haziza 2021, p. 528.
  5. a et b Schmitt Pantel et Sebillotte Cuchet 2015, paragraphe 51.
  6. Plutarque, Œuvres morales, 261a.
  7. Plutarque, Œuvres morales, 261b.
  8. Plutarque, Œuvres morales, 261c.
  9. Plutarque, Œuvres morales, 261d traduit par Dobias-Lalou 2012, paragraphe 11.
  10. Chamoux 1953, p. 138, n. 1.
  11. Dobias-Lalou 2012, paragraphe 12.

Annexes modifier

Sources antiques modifier

Bibliographie modifier

  • François Chamoux, Cyrène sous la monarchie des Battiades, Paris, Éditions de Boccard, , 420 p. (lire en ligne)
  • Catherine Dobias-Lalou, « Figures féminines en Libye antique - Première partie : Destins de reines en Cyrénaïque, de Phronimè à Bérénice II », Connaissance Hellénique, no 133,‎ , article no 6 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Typhaine Haziza, « ERYXO (Ἐρυξώ, ἡ) », dans Christopher Baron, The Herodotus Encyclopedia, Volume II (E-O), Hoboken, Wiley-Blackwell,‎ , p. 528.
  • Pauline Schmitt Pantel et Violaine Sebillotte Cuchet, « Mères et politique dans les Histoires d'Hérodote et dans les Vies et les Moralia de Plutarque : pistes de recherche », Cahiers « Mondes anciens », vol. 6,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Article connexe modifier

Liens externes modifier