Estrapade
L'estrapade était un supplice appliqué à un condamné, initialement dans la marine, soit en tant que condamnation à mort, soit en tant que torture.
Les bras du sujet étaient attachés dans le dos au niveau des poignets. Il était ensuite hissé le long d'un mat au moyen d'une corde reliée aux poignets, laquelle était brusquement lachée dans la mer ou sur le pont. La procédure était renouvelée à hauteur grandissante entrainant des souffrances abominables, voire jusqu'à ce que mort s'en suive, selon la gravité des faits reprochés (trahison, mutinerie, piraterie…).
Le supplice fut repris « à terre ». Toutefois, la longueur de la corde était réglée de manière que la chute se termine juste avant d'atteindre le sol, parfois même au-dessus d'un bûcher, ou d'un liquide porté à ébullition, ce qui déchirait les muscles des épaules du supplicié jusqu'à lui arracher les bras à mesure que la hauteur de chute augmentait, complété par des brûlures.
Il pouvait arriver que le sujet survive à ce traitement, non sans blessures notamment motrices et neurologiques graves, d'où le terme « estropié », c'est-à-dire privé de l'usage d'(au moins) un membre (par blessure ou maladie)
À terre, les structures prévues à cet effet étaient soit des échafaudages ressemblant à une potence, soit des structures proéminentes intégrées aux édifices, comme le montre l'illustration de Giuseppe Zocchi, Estrapade au Palazzo del Bargello à Florence, 1744. Ces structures portaient le nom de « potence rapide » ou « potence à bascule ».
Dans les agglomérations anciennes, comme Bruxelles, Paris, Loudun ou Toulouse, des places et des rues dans lesquelles ces sentences étaient exécutées, en portent toujours le nom.
La méthode d'exécution par l'estrapade est parente du pal, consistant à embrocher une personne sur un poteau.
Étymologie
modifierMétathèse de storpiare (attesté 1300-1313 dans Dante, Enfer), probablement issu du bas latin exturpiare, comme disturpiare (attesté ds les Notes Tironiennes, v. TLL), dérivé de turpis « laid, difforme »
Histoire
modifier- https://www.cnrtl.fr/definition/estrapade
- L'estrapade fut une sentence largement prononcée pendant l'Inquisition
Artisanat
modifier- L'estrapade est un outil utilisé en horlogerie pour enrouler un ressort en spirale et l'insérer dans le barillet d'une pendule ou d'une montre.
Culture
modifier- Exercice de souplesse des épaules, consistant à se suspendre par les mains à une corde ou une barre puis à faire passer tout le corps entre les deux bras écartés. Double, triple estrapade
- Rue de l'Estrapade est un film français réalisé par Jacques Becker, sorti en 1953.
Odonyme
modifier- La place de l'Estrapade et la rue de l'Estrapade sont une place et une voie du 5e arrondissement de Paris ;
- La place de l'Estrapade est une place de Toulouse.
- La Maison de l'Estrapade (De Scupstoel) est une maison démolie en 1444 pour faire place à l'aile droite de l'hôtel de ville de Bruxelles, en Belgique.
Litterature
modifier- Freddy Joris, Mourir sur l’échafaud. Sensibilité collective face à la mort et perception des exécutions capitales du Bas Moyen Âge à la fin de l’Ancien Régime. Editions du Céfal, Liège 2005 (ISBN 2-87130-205-7)
- Bée Michel, Le spectacle de l'exécution dans la France d'Ancien Régime. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 38ᵉ année, N. 4, 1983. p. 843-862. www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1983_num_38_4_410964