Eucheria

auteur d'une seule épigramme satirique, en latin
Eucheria
Naissance Ve siècle
Gaule
Activité principale
poétesse
Auteur
Langue d’écriture latin
Genres

Œuvres principales

Vers satiriques contre un certain prétendant

Eucheria, ou Euchérie, est une poétesse du Ve siècle ayant vécu en Gaule, et connue par une seule épigramme satirique, en latin, de trente-deux vers, Satirici versus in quendam procum, ou Vers satiriques contre un certain prétendant.

Biographie modifier

Eucheria vivait en Gaule, probablement à l'époque de Sidoine Apollinaire, au cercle duquel elle semble avoir appartenu [1]. La seule œuvre que nous lui connaissions, mi-épigramme, mi-énigme, dans laquelle elle s'indigne qu'un homme de peu ait osé solliciter sa main, ou ses faveurs[n 1], suggère qu'elle était de haute naissance. Ce n'est pas une raison suffisante pour identifier la poétesse avec l'épouse homonyme de Dynamius le Patrice : cette dernière mourut en 605/606 et rien n'indique qu'elle ait cultivé la poésie. Eucheria l'épigrammatiste était assez vraisemblablement issue de la famille aristocratique provençale qui produisit saint Eucher (mort entre 449 et 455), important écrivain ecclésiastique, qui fut moine à Lérins avant de devenir évêque de Lyon.

Œuvre modifier

Le poème consiste en une série d'adynata, énumérés au long de seize distiques, et trouve son modèle dans la huitième églogue de Virgile ou l'épode XVI d'Horace [2]. Les adynata, au nombre de vingt-sept, ce qui en fait la série la plus longue de toute la poésie latine connue, sont disposés selon un plan soigneusement conçu[3]. Les appariements impossibles s'accumulent avec virtuosité jusqu'à l'ultime impossibilité, celle d'une relation entre Eucheria elle-même et son trop hardi prétendant[4] :

Que l'agile hirondelle joue avec le sinistre vautour ;
que le rossignol fasse entendre le cri de la chouette ;
que la sémillante perdrix épouse l'attitude renfrognée du hibou ;
que la blanche colombe niche avec le noir corbeau...
que l'ordre de la nature soit renversé et que tout ce qui lui est contraire devienne la règle ;
Alors un misérable esclave, attaché à la glèbe, pourra solliciter les faveurs d'Euchérie !

— vers 27-32, traduction d'Ernest Raynaud

Le vocabulaire utilisé dans le poème témoigne de la diversification régionale du latin, processus devant conduire aux différentes langues gallo-romanes[5]. Le poème contient plusieurs néologismes : sericeum, nullificare, crassantus, cavannus. Crassantus, ou craxantus, pourrait être mis en rapport avec le nom du crapaud en ancien provençal, graissan, ce qui donnerait une indication sur la région où vivait Eucheria[6],[7].

Notes modifier

  1. Selon le sens que l'on donne à petat, dans le dernier vers : Rusticus et servus sic petat Eucheriam.

Références modifier

  1. (en) Voir S. Santella, Per amare Eucheria (2005).
  2. Virgile, Bucoliques, VIII, 52-56 ; Horace, Épodes, XVI, 25-34. Voir à ce sujet (bien qu'il omette malheureusement Eucheria) E.R. Curtius, La littérature européenne et le Moyen Âge latin. Traduit de l'allemand par Jean Bréjoux. Tome I. Paris, Agora, 1986, p. 170-176 : "7. Le monde renversé".
  3. (en) Miroslav Marcovich et Aristoula Georgiadou, « Eucheria's Adynata », p. 167 et suiv.
  4. (en) Peter Dronke, Women Writers of the Middle Ages, Cambridge University Press, 1984, p. 28-29 [lire en ligne].
  5. (en) James Noel Adams, The Regional Diversification of Latin, 200 BC-AD 600, Cambridge University Press, 2007, p. 335-337 [lire en ligne].
  6. Antoine Thomas, Crassantus ou Craxantus, nom du crapaud chez Eucheria et ailleurs, Union académique internationale, Bruxelles, 1927 [lire en ligne].
  7. Antoine Thomas, « Un vers de la poétesse Eucheria, sur le sens du mot crassantus », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1926, vol. 70, no 3, p. 206 [lire en ligne].

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Éditions et traductions
  • (la + fr) Édition critique du poème : Aemilius Baehrens, Poetae Latini minores. Vol. V. Lipsiae, Teubner, 1883, p. 361-362 [lire en ligne]
  • (la + fr) Poetae minores, traduction de M. Cabaret-Dupaty. Paris, C.L.F. Panckoucke, Seconde série de la Bibliothèque latine-française, 1842 [lire en ligne] [traduction seule]
  • (la + fr) Poetae minores, traduction d'Ernest Raynaud. Paris, Librairie Garnier Frères, collection « Classiques Garnier », 1931
Études

Liens externes modifier

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