Europäisches Institut für Klima und Energie

groupe de pression
EIKE
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Groupe de pression, société sans but lucratifVoir et modifier les données sur Wikidata
Forme juridique
Domaine d'activité
Siège
Pays
Organisation
Fondateur
Holger Thuß (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web

L'Europäisches Institut für Klima und Energie (EIKE), fondé en 2007, est une association allemande qui conteste la réalité du réchauffement climatique anthropique. C'est le principal lobby climato-dénialiste en Allemagne.

Fondation modifier

L'Europäisches Institut für Klima und Energie est fondée en à Iéna, en Allemagne, par Holger Thuss[1],[2]. Ce dernier est membre de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne et est le fondateur de la branche européenne du Committee for a Constructive Tomorrow (CFACT), une organisation climato-dénialiste américaine financée par l'industrie pétrolière[3],[4].

Discours modifier

Le discours de l'EIKE, dont les membres se présentent comme des « climato-réalistes »[5], est centré sur les aspects scientifiques : l'organisation affirme à la fois que le réchauffement climatique n'existe pas et, bien plus fréquemment, qu'il existe mais est d'origine naturelle[6],[1],[7].

Elle soutient également que le réchauffement n'engendre pas une hausse de la fréquence et de l'intensité des événements climatiques extrêmes. Ces affirmations sont toutes réfutées par le consensus scientifique — dont l'organisation dénie l'existence. Le lobby s'attaque également au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et aux modèles informatiques utilisés par les scientifiques pour réaliser des projections climatiques[6],[1].

L'EIKE adopte également, en plus du registre scientifique, qui prédomine dans son discours, un angle relatif à l'idéologie politique (en l'espèce conservatrice et néolibérale) et, encore dans une moindre mesure, un argumentaire économique. Il affirme ainsi que la politique climatique est utilisée à des fins totalitaires par les écologistes et les élites de gauche pour restreindre les libertés individuelles et s'attaquer au capitalisme et soutient enfin que les mesures d'atténuation du changement climatique seraient néfastes à l'économie allemande, qu'elles provoqueraient désindustrialisation et chômage de masse, reléguant le pays parmi ceux en développement[2],[6],[3],[1].

Son slogan est : « Le climat n'est pas en danger, notre liberté si[1],[8] ! »

Activité modifier

En , puis de nouveau en marge de la Conférence de Cancún de 2010 sur les changements climatiques, l'EIKE coorganise en Allemagne avec la Fondation Friedrich-Naumann, le Committee for a Constructive Tomorrow (CFACT) et le Nongovernmental International Panel on Climate Change (en) (soutenu par l'institut Heartland) des conférences qui mettent à l'honneur le climato-dénialiste Fred Singer[3],[9],[5]. L'EIKE poursuit l'organisation de conférences annuelles au moins jusqu'en 2018[10].

Liens avec l'institut Heartland modifier

L'EIKE entretient d'étroites relations avec l'institut Heartland, l'une des principales organisations climato-dénialistes américaines, dont est membre son fondateur Holger Thuss ; les deux structures s'invitent mutuellement à leurs conférences et le looby américain apporte son soutien à son alter ego allemand[2],[11],[4].

Liens avec l'AfD modifier

Le lobby est proche du parti d'extrême droite allemand Alternative pour l'Allemagne (AfD), seul parti représenté au parlement à tenir un discours de déni du réchauffement climatique[10]. Le vice-président de l'EIKE, Michael Limburg, est membre de l'AfD, occupe un poste d'assistant parlementaire du député AfD Karsten Hilse (en) et est le porte-parole du parti sur les sujets relatifs à la politique énergétique[11],[12],[13],[14].

Horst-Joachim Lüdecke (de), membre de l'EIKE, est également invité par l'AfD au Bundestag en [1],[15].

En outre, en , dans un contexte d'attaques des sciences du climat et de la militante écologiste Greta Thunberg par l'AfD sur les réseaux sociaux, le parti d'extrême droite organise une conférence climato-dénialiste au sein du Bundestag avec le concours de l'EIKE[16],[17].

La youtubeuse Naomi Seibt, proche de l'AfD, participe également à l'une des conférences de l'EIKE[1],[18].

Financements modifier

Les financements de l'EIKE sont inconnus. Interrogé en 2020 par des journalistes lors d'une enquête en immersion, James Taylor (en), lobbyiste de l'institut Heartland, affirme que le budget de l'EIKE est de 200 000 euros, ce que conteste ce dernier, qui affirme qu'il est bien inférieur[11]. L'EIKE dément recevoir un quelconque financement du CFACT, dont la branche européenne partage la même adresse postale[1].

Membres notables modifier

Références modifier

  1. a b c d e f g et h (en) José A. Moreno, Mira Kinn et Marta Narberhaus, « A Stronghold of Climate Change Denialism in Germany: Case Study of the Output and Press Representation of the Think Tank EIKE », International Journal of Communication, no 16,‎ (lire en ligne).
  2. a b c et d (de) Sebastian Haupt, « Das Zitierkartell der Klimaleugner », Katapult (de), (consulté le ).
  3. a b et c (de) Ellen Großhans, « Die Erde wird immer wärmer – na und? », Die Welt,‎ (lire en ligne).
  4. a et b (en) Von Vera Deleja-Hotko, Ann-Katrin Müller et Gerald Traufetter, « AfD Hopes to Win Votes by Opposing Climate Protection », Der Spiegel,‎ (lire en ligne).
  5. a et b (de) Felix Werdermann, « Klimaskeptiker unter sich », Die Tageszeitung,‎ (lire en ligne).
  6. a b et c (en) Timo Bush et Lena Judick, « Climate change—that is not real! A comparative analysis of climate-sceptic think tanks in the USA and Germany », Climatic Change, no 164,‎ (DOI 10.1007/s10584-021-02962-z).
  7. (en) Núria Almiron, Maxwell Boykoff, Marta Narberhaus et Francisco Heras, « Dominant counter-frames in influential climate contrarian European think tanks », Climatic Change, no 162,‎ (DOI 10.1007/s10584-020-02820-4).
  8. a b c d e et f (en) « European Institute for Climate and Energy (EIKE) », sur desmog.com, DeSmog (consulté le ).
  9. (de) T. Staud et N. Reimer, « FDP macht's sich einfach », Die Tageszeitung,‎ (lire en ligne).
  10. a et b (en) Kate Aronoff, « Denial By A Different Name », The Intercept, (consulté le ).
  11. a b et c (de) Katarina Huth, Jean Peters, Jonas Seufert, Philipp Schulte, Bastian Schlange, Olaya Argüeso, Justus von Daniels, Benjamin Schubert et Belén Ríos Falcón, « Die Heartland Lobby », Correctiv, (consulté le ).
  12. Bernhard Pötter (trad. Alexandre Pateau), « Allemagne : l’AfD, asile des climatosceptiques », Libération,‎ (lire en ligne).
  13. (de) Jörg Radtke et Miranda A. Schreurs, Klimaskeptizismus und populistische Bewegungen in Europa und den USA, Springer, , p. 165.
  14. (de) Susanne Götze, Annika Joeres, Jochen Taßler et Lutz Polanz, « Klimawandel durch kosmische Strahlung? Klimawandel-Leugner im parlamentarischen Alltag », Monitor, sur wdr.de, .
  15. (de) « Fake-Institut: Wie die Anti-Klimaschutz-Lobby euch verarscht - reporter », sur zdf.de, ZDF, (consulté le ).
  16. (en) Kate Connolly, « Germany’s AfD turns on Greta Thunberg as it embraces climate denial », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  17. (en) Chris Beynes, « Germany’s far-right AfD takes aim at Greta Thunberg as it denies climate emergency », The Independent,‎ (lire en ligne).
  18. (de) Susanne Götze et Annika Joeres, « Die Zerstörer aus Übersee », Der Spiegel,‎ (lire en ligne).