Exigit sinceræ devotionis

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Le , le pape Sixte IV rend publique la bulle pontificale Exigit sinceræ devotionis affectus, qui autorise une nouvelle Inquisition en Espagne. Rédigée comme une réponse aux demandes des Rois catholiques, elle reprend leurs arguments sur la diffusion des pratiques mosaïques parmi les Juifs convertis au christianisme dans toute l'Espagne, attribue le développement de cette hérésie à la tolérance des évêques et autorise en conséquence les souverains à nommer trois inquisiteurs. Ferdinand II d'Aragon et Isabelle la Catholique ont attendu jusqu'au mois de septembre 1480 pour nommer deux inquisiteurs, les dominicains Juan de San Martin et Miguel de Morillo respectivement bachelier et maître en théologie.

Exigit sinceræ devotionis
Blason du pape Sixte IV
Bulle du pape Sixte IV
Date
Sujet Autorisation d'une nouvelle Inquisition en Espagne

Les inquisiteurs, assistés par le docteur Juan Ruiz de Medina, du Conseil des Rois, ont commencé leur activité vers le début du mois de décembre 1480 dans la ville de Séville[1],[2].

Les méthodes brutales, les jugements sommaires rendus par les tribunaux inquisitoriaux espagnols et l'emploi de tortures choquent tant en Espagne qu'à l'extérieur du royaume. Ainsi, le pape Sixte IV écrit dès 1481 « pour se plaindre de la trop grande rigueur des inquisiteurs de Séville » :

« Sans tenir compte des prescriptions juridiques, ils ont emprisonné nombre de personnes en violation des règles de justice, leur infligeant des tortures sévères et leur imputant, sans le moindre fondement, le crime d'hérésie, confisquant leurs biens à ceux qu'ils condamnaient à mort, si bien que pour fuir une telle rigueur un grand nombre d'entre eux se sont réfugiés auprès du Siège Apostolique, en protestant de leur orthodoxie. »[3]

Dès la fin de l’année 1482, le pape tente de revenir sur ses concessions : il condamne dans une nouvelle bulle la « soif de lucre » de l’Inquisition, les jugements expéditifs et les mauvais traitements infligés à de nombreux Chrétiens, et réclame le contrôle du Saint-Office par les évêques. Il fallut une action énergique de la diplomatie de Ferdinand pour faire reculer le pape[4].

Notes et références

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  1. Francisco Bethencourt, L'Inquisition à l'époque moderne ; Espagne, Portugal, Italie, XVe – XIXe siècle, Paris, Fayard,
  2. (es) Iván Vélez, Torquemada. El Gran Inquisidor. Una Historia del Santo Oficio, Madrid, La Esfera de los libros, (ISBN 978-84-916-489-25), p. 39-41
  3. Lettre du 29 janvier 1481 de Sixte IV à Ferdinand in Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne, depuis l'époque de son établissement par Ferdinand V jusqu'au règne de Ferdinand VII : tirée des pièces originales des archives du Conseil de la Suprême et de celles des Tribunaux subalternes du Saint-Office, Juan Antonio Llorente, traduction d'Alexis Pellier, Ed. Treuttel et Würtz, 1818
  4. « L'Inquisition espagnole au service de l'État », sur www.lhistoire.fr (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (la) Boletín de la real academia de la historia (lire en ligne), p. 450
  • (en) William Thomas Walsh, Characters of the Inquisition, , chap. 5 (« Torquemada »), note de bas de page 10

Articles connexes

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Liens externes

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