Exocolpodidae

famille de ciliés

Les Exocolpodidae sont une famille de Ciliés de la classe des Colpodea et de l’ordre des Colpodida.

Étymologie modifier

Le nom de la famille vient du genre type Exocolpoda, composé du préfixe grec εξω / exo, « en dehors de ; au-delà, dépourvu de ; à part », et de κολποσ / colpos, « repli ; sein ; sinuosité ; cavité », par allusion au nom de genre Colpoda (de la famille voisine des Colpodidae), littéralement « au delà du (genre) Colpoda », faisant référence à la division librement mobile (dépourvue de kystes de division si fréquents chez les autres Colpoda)[1].

Description modifier

Jusqu’en 1987, les protistologues, dont Wilhelm Foissner (d), pensaient que les membres de l'ordre des Colpodida, en particulier les espèces de la famille des Colpodidae, se reproduisaient à partir de kystes générant généralement quatre descendants. Lorsque la division commence, le trophont (stade enkysté alimentaire) s'arrondit, dé-spiralise les rangées ciliaires somatiques et résorbe les structures orales, qui sont ensuite reconstruites.

Or, en 1987, Foissner décrit une espèce de Colpoda, Colpoda augustini, qui, contrairement aux autres espèces, est apte à se diviser à l'état non enkysté (c’est-à-dire sans les conditions où l’organisme est libre et mobile). Bien que le processus de reproduction en lui-même soit identique aux espèces du genre Colpoda (notamment l'arrondissement de la cellule et la dé-spiralisation des rangs ciliaires), cette différence de mode de division a été suffisante pour justifier la création, en 2002, de la famille des Exocolpodidae avec comme genre type Exocolpoda, l’espèce Colpoda augustini de 1987 étant renommée Exocolpoda augustini (Foissner) Foissner, Agatha & Berger, 2002.

La reproduction ayant, jusqu'à cette date (2002), été étudiée chez peu de genres de cet ordre, la division dans des conditions librement mobiles pouvait être plus courante que les biologistes ne le pensaient jusqu'alors[1].

Parmi les autres genres de cette famille Bromeliothrix, décrit en 2010, est un Exocolpodidae de taille petite ou moyenne ayant des thérontes bactériophages (stade infectieux) et des trophontes (stade enkysté alimentaire) ayant un petit vestibule conique et une forme macrostome prédateur doté d’un grand appareil buccal triangulaire. La paroi gauche de la cavité buccale surplombe la droite. La polycinétide buccale droite est composée de nombreuses cinéties courtes et légèrement désordonnées. Cet organisme produit une « chaîne de division » contenant quatre filles globulaires, les centrales étant reliées par un crampon en forme de bouchon. On y observe les kystes au repos des theronts, des trophons ellipsoïdaux à parois minces, et des formes macrostomes globuleux à parois épaisses[note 1],[2].

Habitat et biologie modifier

L'espèce type Exocolpoda augustini, qui se nourrit de bactéries, ressemble aux espèces ordinaires du genre Colpoda, mais présente les deux particularités suivantes :

  1. elle se divise dans un état librement mobile, tandis que tous les autres colpodides sensu stricto génèrent un kyste de division ;
  2. son kyste au repos (dormant) a une paroi extraordinairement épaisse.

Ces deux spécialisations lui permettraient de survivre dans des habitats défavorables, tels que les mers de dunes du désert de Namibie et les plaines de gravier situées le long de la côte Atlantique.

Le « genre Colpoda à division libre » nommé Exocolpoda a été identifié dans des réservoirs[note 2] de broméliacées sud-américaines.

Le genre Bromeliothrix a été découvert dans un réservoir de Broméliacées d'un arbre de la réserve naturelle Mata do Buraquinho dans la ville de João Pessoa (Paraíba, Brésil), d’où l’étymologie du nom de genre, composé de bromelio-, qui fait référence à l'habitat de cet organisme, les plantes de la famille des Broméliacées, et du mot grec θριξ / thrix, poil (rappelant le groupe des « ciliés »), littéralement « cilié vivant dans des (plantes) broméliacées »[2].

Liste des genres modifier

Selon GBIF (7 novembre 2022)[3] :

Systématique modifier

La famille des Exocolpodidae a été créée en 2002 par Wilhelm Foissner (d), Sabine Maria Agatha (d) et Helmut Berger (d)[4].

Publication originale modifier

  • Texte :
    • (en) Wilhelm Foissner, Sabine Agatha et Helmut Berger, « Soil Ciliates (Protozoa, Ciliophora) from Namibia (Southwest Africa), with Emphasis on two Contrasting Environments, the Etosha Region and the Namib Desert - Part I: Text and Line Drawings », Denisia, Biologiezentrum Linz (d), vol. 5,‎ , p. 1-1063 (ISSN 1608-8700, OCLC 47810414, lire en ligne)Voir et modifier les données sur Wikidata
  • Photographies :
    • (en) Wilhelm Foissner, Sabine Agatha et Helmut Berger, « Soil Ciliates (Protozoa, Ciliophora) from Namibia (Southwest Africa), with Emphasis on two Contrasting Environments, the Etosha Region and the Namib Desert - Part II: Protographs », Denisia, Biologiezentrum Linz (d), vol. 5,‎ , p. 1064-1108 (ISSN 1608-8700, OCLC 47810414, lire en ligne)Voir et modifier les données sur Wikidata

Liens externes modifier

Images
  • Bromeliothrix metopoides : lire en ligne : étude exhaustive du genre Bromeliothrix avec 18 figures et une table de données morphométrique.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Au cours de leur cycle de vie, certains protozoaires ciliés peuvent passer d’une forme bactériophage dite « microstome » à un mode de vie prédateur dite « macrostome ». En particulier l'analyse des vacuoles alimentaires des Bromeliothrix a montré que les thérontes se nourrissent de bactéries, les macrostomes de proies plus grosses comme des protozoaires flagellés, tandis que les theronts se nourrissent des deux, mais préférentiellement de bactéries.
  2. Le mot « réservoir » est à comprendre ici en terme épidémiologique, c’est-à-dire toute espèce ou tout lieu qui participe majoritairement au cycle de reproduction d’un organisme microscopique.

Références modifier

  1. a et b Foissner, Agatha et Berger 2002, p. 921-925
  2. a et b (en)[PDF] Wilhelm Foissner, « Life Cycle, Morphology, Ontogenesis, and Phylogeny of Bromeliothrix metopoides nov. gen., nov. spec., a Peculiar Ciliate (Protista, Colpodea) from Tank Bromeliads (Bromeliaceae) ». Acta Protozoologica, Pologne, 2010, vol. 49, n. 3, p. 159–193 (lire en ligne).
  3. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 7 novembre 2022
  4. Brands, S.J. (ed.), 1989-present. The Taxonomicon. Universal Taxonomic Services, Zwaag, The Netherlands. [http://taxonomicon.taxonomy.nl/], consulté le 7 novembre 2022