Expansion tissulaire
L'expansion tissulaire est une technique utilisée par les chirurgiens plasticiens et reconstructeurs. Elle permet d'induire dans l'organisme une croissance supplémentaire de peau, d'os ou d'autres tissus.
Elle est utilisée lors de traumatismes, de plaies et de brûlures et notamment notamment pour réparer chirurgicalement de grandes alopécies cicatricielles du cuir chevelu (C'est la seule solution chirurgicale permettant de produire un tissu glabre quand la surface de l'alopécie dépasse 50 cm2)[1].
Elle a élargi le champ d'application des greffes de lambeaux locaux classiques, en augmentant fortement la surface des lambeaux utilisables, et leur vascularisation in situ, tout en permettant une fermeture directe du site donneur[1].
Remarque : d'autres phénomènes biologiques (tumeurs, cancer, certaines formes d'inflammation tissulaire) peuvent aussi être considérés comme des phénomènes d'expansion (voir "inflammation des tissus" ci-dessous).
Expansion de la peau et du cuir chevelu
modifierC'est devenu une procédure chirurgicale courante, qui permet de développer des surfaces de peau supplémentaires grâce à un étirement mécanique progressif et contrôlé. Il présente l'avantage de crée une peau d'une couleur, texture et épaisseur correspondant à celles des tissus environnants, tout en minimisant la visibilité des cicatrices et le risque de rejet[2].
Cette technique repose sur le fait que quand la peau est étirée au-delà de sa limite physiologique, des voies de mécanotransduction sont activées, qui conduisent à une croissance cellulaire et à la formation de nouvelles cellules.
Il est possible d'implanter des ballons « extenseurs » gonflables sous la peau (méthode la plus courante) puis, durant quelques semaines ou mois (selon la quantité de peau nécessaire) le chirurgien y injecte une solution saline de manière à étirer lentement la peau recouvrant le ballon. Tant que le ballon étire la peau, la croissance des tissus est permanente, mais une certaine rétractation sera observée après le retrait du ballon expanseur sera retiré[3].
Il existe aussi des méthodes d'expansion tissulaire à application topique (peu coûteux et ne nécessitent pas d'implantation préalable de ballon sous la peau[4].
La chirurgie de reconstruction mammaire, par exemple, peut utiliser cette technique après une mastectomie. Un implant mammaire plus permanent est ensuite rempli de solution saline ou de gel de silicone est inséré sous la poche de peau élargie. [citation nécessaire]
Dans d'autres applications, l'excès de peau est développé à dessein par expansion sur le dos ou les fesses, de sorte qu'il puisse être récolté plus tard pour être transplanté sur un autre site où la peau a été perdue en raison d'un traumatisme, de plaies étendues, d'une intervention chirurgicale, de brûlures, etc.
Restauration du prépuce
modifierL'expansion tissulaire est l'une des techniques permettant une restauration du prépuce (généralement non chirurgicale, et alors au moyen de dispositifs de tension externe permettant d'alonger la peau pénienne survivante, s'il en reste assez, près des tissus circoncis pour produire de nouvelles cellules de peau capable de recouvrir le gland[5],[6].
Cette forme d'expansion tissulaire peut néanmoins prendre des années, car la quantité de croissance cutanée requise est généralement d'environ 15 po²[7].
Mécanique de l'expansion cutanée
modifierEtirer la peau au-delà de son expansion normale active plusieurs voies de mécanotransduction, lesquelles augmentent l'activité mitotique et favorisent la synthèse du collagène et la vascularisation de cette nouvelle peau. Ainsi, la surface de peau augmente. On sait maintenant simuler par ordinateur différents scénarios de croissance de tels tissus[8].
La croissance des tissus due à l'expansion de la peau peut être modélisée comme une croissance de surface anisotrope comme décrit par des équations mathématiques.
où est l'étirement de surface élastique qui est réversible et est la croissance de surface irréversible décrite par :[réf. nécessaire]
où est un vecteur dans la direction de l'épaisseur de la peau (on suppose que la peau ne se développe pas dans le sens de l'épaisseur car la croissance de la surface est égale à la croissance en volume) ou [8].
On suppose aussi que la peau nouvellement créée aura la même densité, rigidité et microstructure que la peau d'origine non expansée[9].
Restauration du cuir chevelu
modifierL'expansion tissulaire est utilisée sur le cuir chevelu afin d'appuyer la croissance des cheveux[10].
Notes et références
modifier- H. Drissi Qeytoni, M. Nassih, A. Rzin et B. Jidal, « Expansion cutanée dans les alopécies cicatricielles du cuir chevelu: 18 cas », Revue de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-faciale, vol. 108, no 5, , p. 411–418 (DOI 10.1016/j.stomax.2007.01.007, lire en ligne, consulté le )
- (en) Alexander M. Zöllner, Adrian Buganza Tepole, Arun K. Gosain et Ellen Kuhl, « Growing skin: tissue expansion in pediatric forehead reconstruction », Biomechanics and Modeling in Mechanobiology, vol. 11, no 6, , p. 855–867 (ISSN 1617-7959 et 1617-7940, DOI 10.1007/s10237-011-0357-4, lire en ligne, consulté le )
- (en) Charles G. Neumann, « THE EXPANSION OF AN AREA OF SKIN BY PROGRESSIVE DISTENTION OF A SUBCUTANEOUS BALLOON: Use of the Method for Securing Skin for Subtotal Reconstruction of the Ear », Plastic and Reconstructive Surgery, vol. 19, no 2, , p. 124–130 (ISSN 0032-1052, DOI 10.1097/00006534-195702000-00004, lire en ligne, consulté le )
- (en) J.P. Bonaparte, M. Corsten et M. Allen, « Cost-effectiveness of a topically applied pre-operative tissue expansion device for radial forearm free flaps: a cohort study1: Cost-effectiveness of a topically applied pre-operative tissue », Clinical Otolaryngology, vol. 36, no 4, , p. 345–351 (DOI 10.1111/j.1749-4486.2011.02354.x, lire en ligne, consulté le )
- (en) Chedomir Radovan, « Tissue Expansion in Soft-Tissue Reconstruction: », Plastic and Reconstructive Surgery, vol. 74, no 4, , p. 482–490 (ISSN 0032-1052, DOI 10.1097/00006534-198410000-00005, lire en ligne, consulté le )
- (en) R. Collier, « Whole again: the practice of foreskin restoration », Canadian Medical Association Journal, vol. 183, no 18, , p. 2092–2093 (ISSN 0820-3946 et 1488-2329, PMID 22083672, PMCID PMC3255154, DOI 10.1503/cmaj.109-4009, lire en ligne, consulté le )
- « Circumcision: Not a "Snip," But 15 Square Inches », sur www.noharmm.org (consulté le )
- (en) Alexander M. Zöllner, Adrian Buganza Tepole et Ellen Kuhl, « On the biomechanics and mechanobiology of growing skin », Theoretical Biology, vol. 297, , p. 166–175 (PMID 22227432, PMCID 3278515, DOI 10.1016/j.jtbi.2011.12.022, Bibcode 2012JThBi.297..166Z)
- (en) Alexander M. Zöllner, Adrian Buganza Tepole, Arun K. Gosain et Ellen Kuhl, « Growing skin: tissue expansion in pediatric forehead reconstruction », Biomechanics and Modeling in Mechanobiology, vol. 11, no 6, , p. 855–867 (ISSN 1617-7959 et 1617-7940, PMID 22052000, PMCID PMC3425448, DOI 10.1007/s10237-011-0357-4, lire en ligne, consulté le )
- Hair Transplant Forum International, Sept/Oct 2006, Scalp Reconstruction: The Role of Tissue Expansion
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Arnold William Klein (dir.), Tissue augmentation in clinical practice, Taylor & Francis, New York, 2006 (2e éd.), 376 p. (ISBN 978-0-8247-5456-3)
- (fr) Isabelle James-Pangaud (dir.), Le ballon d'Oscar, Sparadrap, Paris, 1998, 15 p. (ISBN 2-912096-03-0)
Filmographie
modifier- (fr) L'expansion tissulaire chez l'enfant et l'adolescent, film documentaire de Bernard Pavy, Centre audiovisuel Université René Descartes, Paris, 1989, 13 min (VHS)