Fanny Beznos (Fajda), née à Vadul-Rașcov, dans les faubourgs de Kichinev en Bessarabie, le , et morte à Auschwitz, le , est une femme de lettres, une militante communiste et une résistante qui s'est illustrée dans l'entre-deux-guerres et durant la Seconde Guerre mondiale. Elle était l'épouse de Fernand Jacquemotte et la tante d'Henri Borlant[1].

Fanny Beznos
Description de l'image Fanny Beznos (1907-1942).jpg.
Nom de naissance Fajda Beznos
Naissance
Vadul-Rașcov, Bessarabie
Décès (à 35 ans)
Auschwitz
Nationalité belge (depuis 1929)
Pays de résidence Russie, France, Luxembourg, Belgique
Autres activités
Militante communiste, féministe, femme de lettres, résistante
Ascendants
Hersch Beznos
Sarah Grenitz
Conjoint
Descendants
Claude† (mort en bas âge)

Éléments biographiques

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Fanny Beznos, naît dans une famille juive bessarabe modeste, le .

Enfance et prime jeunesse

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Elle est la seconde d'une famille qui comptera 4 enfants. Les Parents, Hersch Beznos et Sarah Grenitz, décident en 1912 de fuir la Russie et son antisémitisme grandissant. Ils essaient de rallier les États-Unis via Le Havre mais décident finalement de s'installer en France où ils ont de la famille. En 1913, la famille est installée à Paris. Pour vivre, Hersch Beznos se lance dans la revente de mobilier d'occasion et dans la brocante. Leur quatrième fille naît ainsi à Paris en 1914, Blanche. En 1921, Fanny est contrainte de renoncer à ses études et commence alors à travailler comme dactylo. Elle milite au sein de l'Association républicaine des anciens combattants et lutte au sein des Jeunes gardes antifascistes. En 1927, elle entre au Parti communiste français et milite également dans les rangs des Suffragettes. Cette même année, elle rencontre fortuitement André Breton aux puces de Saint-Ouen[2]. Elle entretient immédiatement une connivence littéraire[1] avec lui et fréquente le milieu du surréalisme. Ses poèmes sont publiés dans différentes revues aux côtés des plus grands noms[1].

En exil à nouveau

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À la suite d'une manifestation féministe, elle est arrêtée. Interrogée par un policier français, il lui explique que le féminisme ne pourra jamais voir le jour et accompagne sa démonstration d'un geste obscène. Elle le gifle. Ceci conduira à son arrestation, le , et à son expulsion vers la Belgique qui n'en veut pas davantage et lui ordonne de quitter le territoire. Elle s'installe un temps alors au Luxembourg et est hébergée par Zénon Bernard (en), le fondateur du Parti communiste luxembourgeois. Les choses s'enveniment entre Fanny et la maîtresse du lieu, elle décide de quitter le Luxembourg. Elle est à cette époque enceinte de cinq mois et trouve refuge chez Charles et Emma Jacquemotte. Elle mettra au monde un fils, Claude, malheureusement, ce dernier meurt quelques jours après sa naissance. Le , elle épouse le fils de cette famille d'accueil, Fernand Jacquemotte, qui est le neveu du fondateur du Parti communiste belge, Joseph Jacquemotte. Il est alors rédacteur du Drapeau rouge. Le mariage, administratif au départ, confère la nationalité belge à Fanny. La Belgique éteint ses poursuites à son encontre[1].

Seconde Guerre mondiale

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Le , dans la crainte de voir surgir une cinquième colonne en Belgique et à la suite des renseignements accréditant l'hypothèse d'une invasion imminente de son territoire, le gouvernement belge promulgue une loi sur la défense des institutions nationales[3]. Une procédure est mise en place pour procéder aux arrestations administratives des activistes susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'État. Fin , des listes de suspects susceptibles de venir en aide à l'ennemi sont constituées. Celles-ci devaient faire l'objet de vérifications mais l'ordre d'arrestation fut lancé par le ministre dès la déclaration de l'état de siège, à 4 heures du matin, le . Ces listes sont frappantes par leur caractère hétéroclite puisque s'y retrouvent aussi bien des activistes du VNV, du Verdinaso comme Joris Van Severen, des rexistes comme Léon Degrelle, mais également des communistes, des neutralistes, et d'authentiques agents allemands.

Fanny et Fernand sont ainsi arrêtés avec le contingent des dirigeants communistes le et écroués à la prison de Forest. Le , ils sont amenés à la gare d'Etterbeek pour y monter dans un convoi. Fanny Beznos est alors déportée dans les Pyrénées, au Camp pour femmes de Gurs proche d'Oloron-Sainte-Marie. Les hommes, quant à eux, sont dirigés vers les camps du Vernet et de Saint-Cyprien. Ils y arrivent vers le . Les conditions de détention y sont déplorables[1].

Grâce au stratagème mis au point par Jean Fonteyne et Albert Depelsenaire[Notes 1], ces deux derniers n'ayant pas hésité à demander un sauf conduit à la Croix-Rouge en Belgique pour venir libérer, au nom du gouvernement belge, sept prisonnières du camp de Gurs et non content de ce premier forfait, des prisonniers du Camp du Vernet et de Saint-Cyprien, Fanny et Fernand sont à nouveau libres. Fanny regagne Paris par ses propres moyens et de là, est récupérée par Fonteyne et Depelsenaire, le qui la ramènent à Bruxelles[1].

Le une ordonnance allemande relative aux Juifs impose aux Juifs de s'inscrire sur des registres des Juifs tenus par les communes (ou par le commissaire d'arrondissement pour les communes de moins de 5 000 habitants) pour le au plus tard. Fanny s'y résout finalement et se fait inscrire sur les registres, le [1].

Le , le pacte germano-soviétique tombe. Ceci eut pour effet immédiat - outre de pousser dans les rangs de la résistance des milliers de communistes - de déclencher une vague de répression énorme à l'encontre du Judéo-bolchevisme. Fernand sera le premier à être arrêté, Fanny plonge alors dans la clandestinité la plus complète mais sera arrêtée à Schaerbeek lors d'une réunion secrète, le . Pierre Bosson, prenant part à cette réunion fut arrêté à ce moment également. Elle est écrouée à la prison de Saint-Gilles où elle assume le rôle de Kalfak, c'est-à-dire qu'elle s'occupe de la distribution des trois repas journaliers et qu'elle rend une quatrième visite à ses co-détenues pour récupérer les Kübel (les seaux hygiéniques), elle peut ainsi faire passer des messages. Elle connait également la torture et montrera subrepticement lors d'une visite d'une proche ses mains brûlées et ses ongles arrachés[1].

Le , elle est transférée à la prison d'Aix-la-Chapelle où elle est écrouée pour ses activités communistes. Le , elle est déportée à Ravensbrück où elle arrive, le [Notes 2] et est enregistrée cette fois en tant que juive belge. Affectée au Betrieb (atelier de couture) elle met tout en œuvre pour ralentir la production de l'atelier. Découverte, elle connaîtra le strafblock (le bloc des punitions) et sera contrainte entre autres sévices et privations de marcher nus pieds dans le froid et sur un chemin caillouteux[1].

À une date inconnue[Notes 3] elle est transférée à Auschwitz où elle meurt le à 22h. La cause du décès: Influenza, disent les registres[1].

Sa famille

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La famille Beznos à Paris vers 1914 - Collection Henri Borlant.
Famille de Fanny Beznos
Famille Parenté Date de naissance Devenir
Hersch Beznos Père mort à Auschwitz en
Sarah Grenitz Mère morte à Auschwitz en
Rachel Beznos Sœur 1900
Fanny Beznos morte à Auschwitz le
Pauline Beznos Sœur 1909
Blanche (Blanchette) Beznos Sœur 1914 à Paris

Bibliographie

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  1. Surnommé Pels, il est substitut de l'auditeur militaire durant la campagne des 18 jours, muni de son uniforme qu'il n'enfilera qu'au dernier moment, il réclamera les prisonniers avec culot et sang-froid. Jeune avocat, résistant, il sera arrêté en avec Eugène Somenkoff et Willy Jeunehomme à la suite d'une tentative de sabotage de camions de la Wehrmacht. Il sera condamné à mort le .
  2. Elle porte le matricule, 12905
  3. mais qui correspond probablement au transfert de toutes les détenues juives de Ravensbrück vers Auschwitz survenu en

Références

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  1. a b c d e f g h i et j Dominique Philippe, Fanny Beznos ou la passion révolutionnaire, L'Harmattan, , 236 p. (lire en ligne Inscription nécessaire)
  2. André Breton évoque cette première rencontre dans Nadja, p. 63-64 : « Tout récemment encore, comme un dimanche, avec un ami, je m’étais rendu au « marché aux puces » de Saint-Ouen [...], notre attentiion s’est portée simultanément sur un exemplaire très frais des Œuvres complètes de Rimbaud, perdu dans un très mince étalage de chiffons, de photographies jaunies du siècle dernier, de livres sans valeur et de cuillers en fer. Bien m’en prend de le feuilleter, le temps d’y découvrir deux feuillets intercalés : l’un copie à la machine d’un poème de forme libre, l’autre notation au crayon de réflexions sur Nietzsche. Mais celle qui veille assez distraitement tout près ne me laisse pas le temps d’en apprendre davantage. L’ouvrage n’est pas à vendre, les documents qu’il abrite lui appartiennent. C’est encore une jeune fille, très rieuse. Elle continue à parler avec beaucoup d’animation à quelqu’un qui paraît être un ouvrier qu’elle connaît, et qui l’écoute, semble-t-il, avec ravissement. À notre tour, nous engageons la conversation avec elle. Très cultivée, elle ne fait aucune difficulté à nous entretenir de ses goûts littéraires qui la portent vers Shelley, Nietzsche et Rimbaud. Spontanément, elle nous parle même des surréalistes, et du Paysan de Paris de Louis Aragon qu’elle n’a pu lire jusqu’au bout, les variations sur le mot Pessimisme l’ayant arrêtée. Dans tous ses propos passe une grande foi révolutionnaire. Très volontiers, elle me confie le poème d’elle que j’avais entrevu et y joint quelques autres de non moindre intérêt. Elle s’appelle Fanny Beznos. »
  3. Paul Aron (dir.), Dictionnaire de la seconde guerre mondiale en Belgique, Bruxelles, André Versaille, coll. « Références », , 527 p. (ISBN 978-2-87495-001-8, OCLC 604547810), p. 420 et sq..