Français : Reproduction en gravure de
Deux jeunes Calédoniennes arrêtées près du tombeau d’un guerrier, tableau de Julie Volpelière présenté au Salon de 1814 (no 960 du livret). Gravure reproduite dans l'
Hommage aux demoiselles de l'année 1818, accompagnée du commentaire suivant :
"N° 3.
LES JEUNES CALÉDONIENNES,
Par Melle VOLPÉLIÈRE.
Deux jeunes Calédoniennes ou anciennes Écossoises faisoient la guerre aux animaux des forêts, selon la vie sauvage que menoient autrefois les fiers habitants de leur antique patrie; armées de dards, d'arcs et de fléches, elles osoient braver les bêtes les plus féroces.
Leur chasse les conduit dans un lieu désert hérissé de rochers affreux, et leurs yeux sont frappés de l'aspect d’un tombeau rustique, élevé au bas de monts arides, escarpés, et construit grossièrement de trois blocs énormes de pierre posés l'un sur l'autre; le dernier est couvert d'une inscription qui annonce qu'un intrépide guerrier, la gloire de la Calédonie et l'effroi des ennemis, est enfin tombé sous le glaive du terrible dieu de la guerre, et qu'il dort sous ces roches pesantes où son ombre demande vengeance. Les deux chasseresses s’asseoient en face de ce monument, et l'une d'elles explique l'inscription à sa compagne, plongée dans une sombre réverie.
Cette peinture, qui fait autant d'honneur aux talents distingués qu'aux sentiments de mademoiselle Volpelière, rappelle le tableau du célébre Poussin, où l'on voit un tombeau que contemple une bergère et un berger d'Arcadie. Celui-ci, en montrant l'inscription, paroît dire à sa jeune amante que le bonheur de ce monde n'a qu'une courte durée.
Le Poussin naquit à Andély en Normandie, l'an 1594, d'une famille noble, mais très pauvre. Il jouit d'une si grande réputation, qu'un jour que cet artiste venoit à Fontainebleau, Louis XIII envoya ses carrosses au-devant de lui, et s'avança jusqu'à la porte de sa chambre pour le recevoir. Les grands rois n'ont jamais dédaigné de protéger les Grands talents."