La Flèche d'argent est un ancien service de la SNCF, créé en 1956, qui reliait Paris à l’Angleterre en combinant le train (de la gare du Nord à l'aéroport du Touquet) avec l'avion (vers Londres Gatwick, mais aussi Southampton et Southend), la SNCF s'étant associé avec la « compagnie aérienne française Air Transport », avec la particularité que le terminus du train était directement sur le tarmac de l'aéroport, permettant une correspondance directe entre les deux moyens de transport.

Il y a un quai toujours visible[1],[2] construit que tardivement — de 1971 à 1980 — à l'aéroport, au pied de la tour de contrôle, la voie arrivant auparavant — de 1963 à 1971 — dans une halte située près d'une aérogare dédiée (détruite)[3]. La liaison était permise par un embranchement sur la ligne Paris – Amiens – Calais, qui remplaça à sa création la correspondance avec un autocar en gare d'Étaples - Le Touquet.

Matériel modifier

Le service, créé en 1956 et inauguré le .

Il est d'abord assuré par un autorail De Dietrich à classe unique[4].

Lors de la reprise le , après la suspension pendant l'hiver à cause de la baisse de fréquentation[5], par l'autorail prototype X 2051, construit par Carel et Fouché selon le procédé de la firme américaine Budd, tout inox (d'où le nom de « Flèche d'argent » et, aussi, par analogie avec la « Flèche d'Or », Paris – Calais – Douvres – Londres). Il offre 16 places en 1re classe et 80 places en 2e  classe, avec possibilité d'une remorque doublant la capacité[5].

Puis par des autorails X 4500, surnommés « caravelles », construites par ANF ; enfin, à partir de 1972, il fut assuré par les très confortables rames à grand parcours, rénovées pour la circonstance, avec petit bar privé et compartiments cossus en première classe. Les avions, quant à eux, étaient des Bristol Freighter ou des BAC 1-11.

Organisation du trajet Paris-Londres modifier

Bristol 170 Mk.32 Superfreighter de la « Compagnie Air Transport ».
ATL-98 Carvair de la « Compagnie Air Transport ».
Un BAC 1-11, utilisé pour la Flèche d'argent, à Londres-Gatwick dans les années 1970.

En 1956, au début de la mise en service de cette ligne, de juin à octobre, les voyageurs arrivent de Paris en gare d'Étaples et sont transférés en cars jusqu'à l'aéroport du Touquet-Paris-Plage. La traversée de la Manche s'effectue en 20 min par des bimoteurs Bristol Wayfarer de la Silver City Airways, la « compagnie Air Transport » n'ayant pas encore d'appareils en propre. Ensuite, ils prennent le car de l'aéroport de Lydd pour rejoindre Londres. La durée totale du trajet Paris – Londres est d'un peu moins de 6 heures.

Jusqu'en 1961, le service est reconduit de juin à octobre. Des améliorations sont apportées, les avions arrivent à l'aéroport de Manston dans le Kent et mis en correspondance avec les trains réguliers de la British Railways, entre Margate et gare de Londres Victoria. À partir de l'été 1960, la Silver City prend l'initiative de faire accompagner les passagers par des hôtesses, tant à bord des avions que dans les trains des deux côtés de la Manche.

Le , la SNCF décide de relier l'aéroport du Touquet-Paris-Plage à la ligne Paris – Boulogne-sur-Mer – Calais. Suspendu en septembre 1961, le service « Flèche d'Argent » renaît le à raison de deux relations quotidiennes, au lieu d'une jusqu'à présent, complétée en saison par une troisième facultative en milieu de journée.

Le nouveau raccordement ferroviaire s'embranche au kilomètre 225 de l'artère Paris – Calais, entre les gares de Saint-Josse et d'Étaples ; il consiste en une voie unique de 1 200 m de long, terminé par une demi-lune dont le heurtoir jouxte la route Étaples – Le Touquet, au niveau du pont d'Étaples, un quai à voyageurs de 55 m et un petit bâtiment comprenant une salle d'attente et des toilettes complètent les installations. Juste de l'autre côté de cette route, sur le terrain de l'aéroport, est construite une aérogare de 600 m2. On voit donc les passagers, accompagnés d'une hôtesse, traverser la route, et après 150 m de marche, ayant satisfait aux opérations de douanes et de police, dans la nouvelle aérogare, embarquer dans l'avion.

À noter que la SNCF prend une participation majoritaire dans le capital d'« Air Transport », ce qui lui permet d'acquérir 3 Bristol Mark 32, d'une capacité de 14 passagers et 3 ou 4 voitures.

En 1963, la durée totale du trajet n'est plus que de h 15 grâce au remplacement des autorails Budd par des rames doubles Caravelle construite par ANF. En outre , le parcours aérien est désormais assuré par la British United Airways à l'aide de Viscount, appareils, munis de 4 turbopropulseurs, de 57 places à 67 places, remplacés les jours de pointe, soit par des DC-6 de 80 places, soit par des Bristol Britannia de 120 places

Le l'embranchement ferroviaire du Touquet-Paris-Plage, après un prolongement de 1 300 m de rails, à travers les pistes de l'aéroport, et l’installation d’un passage à niveau en plein dans la D 940, arrive au pied même des avions, entre la tour de contrôle et l'aérogare principale.

En 1972, la BUA est remplacée par la British Caledonian avec l'emploi de BAC 1-11 de 79 ou 114 places et, sur le plan ferroviaire, par le remplacement des rames doubles Caravelle par des rames à grand parcours (RGP) De Dietrich et Brissoneau ; les motrices offrent 56 places de seconde classe et les remorques 68 places ; elles sont peintes en Jaune et gris inoxydable. On couvre alors Paris – Londres en moins de h.

En 1973, à l'occasion d'un congrès réunissant les agences de voyages et les services commerciaux de la SNCF, l'une des toutes premières rames à turbines à gaz (RTG) est présentée sur la voie de l'aéroport.

En 1975, la British Caledonian cède la place à la British Island Airways qui recourt à des Dart Herald, appareils à turbopropulseurs de 50 places ; Air Transport, filiale de la SNCF reste chargée de la promotion des ventes et de la centralisation des réservations.

En 1977, après le Touquet-Paris-Plage – Gatwick et le Touquet-Paris-Plage – Southend, une 3 e correspondance est assurée par la « Flèche d'Argent » pour Southampton et Bournemouth.

En 1980, les liaisons aériennes sont assurées par Air UK mais le service « Flèche d'Argent » est définitivement supprimé le [5].

Concurrence modifier

Avec jusqu'à trois relations quotidiennes dans chaque sens (matin, midi, soir), il concurrençait pour le trafic transmanche, tout d'abord, les vols directs Paris – Londres, en proposant des tarifs plus bas, mais aussi les services combinant train et ferry (via Calais ou Boulogne), ou train et aéroglisseur (Seaspeed devenu Hoverspeed (en), via la base de Boulogne – Le Portel).

Le service des trains spéciaux cessa à la fin de l'année 1980, mais la formule continua d'être assurée encore quelques années, grâce au train Corail Paris – Calais et à un autocar en correspondance à la gare d'Étaples - Le Touquet. Mais avant même l'ouverture du tunnel sous la Manche, le service cessa définitivement, vaincu par la baisse des tarifs aériens en vols directs.

Le trafic voyageurs France-Angleterre (en nombre de passagers) modifier

1957 % 1966 % 1975 %
Air France/BEA 505 000 39 1 087 000 55 1 865 000 53
Fer/Mer - SNCF-BR 712 000 55 644 000 33 1 498 000 42
Skyways Beauvais 62 700 5 173 900 9 102 000 3
Flèche d'Argent 14 400 1 43 700 3 78 000 2
Total[5] 1 294 100 1 958 600 3 543 000

Vestiges de l'infrastructure modifier

Vue de la voie désaffectée traversant le tarmac de l'aéroport, avec sur la droite l'ancien quai de la halte (délimitant un parking).
La voie traversant le tarmac de l'aéroport, avec l'ancien quai de la halte.

L'embranchement du Touquet est encore en place, sauf le passage à niveau sur la route départementale 940 et l'aiguille sur la ligne Paris – Calais (déposée). Par contre, l'ancien poste de bifurcation a été démoli en 2000.

Pour approfondir modifier

Bibliographie modifier

Document utilisé pour la rédaction de l’article Yves Broncard, « La saga de la Flèche d'Argent », Historail, La Vie du Rail, no 16,‎ .

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

wikilien alternatif2

Les coordonnées de cet article :

Notes et références modifier

  1. « Allée de la Royale air Force – Le Touquet-Paris-Plage, Hauts-de-France », vue Street View (prise en ) montrant l'ancien quai, dans Google Maps (consulté le ).
  2. Le quai est situé ici : 50° 30′ 53″ N, 1° 37′ 06″ E ; cf. cette vidéo de Maurice Testu, montrant la halte en activité en 1972 (consultée le ).
  3. Le point d'arrêt non géré initial était situé ici : 50° 30′ 36″ N, 1° 37′ 56″ E.
  4. Cet autorail faisait partie d'un lot de 5 automotrices livrées en 1937 aux chemins de fer de l'Etat pour servir aux déplacements de personnalités officielles et aux dirigeants de la nouvelle société S.N.C.F.
  5. a b c et d Société académique du Touquet-Paris-Plage, mémoires de la Société académique du Touquet-Paris-Plage 2000-2002, I.E.H. 62170 Montreuil édité en 2009, 81 p., histoire de la flèche d'Argent (Silver Arrow) page 53 à 61 écrits de Jacques Lecat.