Le fort d'Alprech est une batterie côtière, perchée sur le cap d'Alprech au Portel, ville située au sud de Boulogne-sur-Mer (région Hauts-de-France, France)[1]. Issu du système Séré de Rivières et construit à la fin des années 1870[2], il forme, avec trois autres forts relativement similaires et de la même époque, une ligne défensive de 6 km chargée de défendre le port de Boulogne d'une attaque venant de la mer[3].

Entrée du fort d'Alprech.

Description

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Le fort d'Alprech reprend donc les caractéristiques du système Séré de Rivières. Le mur d'enceinte, percé de meurtrières et entouré d'un fossé, donne au fort sa forme de pentagone. A l'intérieur se trouvent un casernement pour une centaine d'hommes, un magasin à poudre, des locaux pour la préparation des munitions, et enfin une butte pour supporter la batterie, constituée ici de canons de 24 C Mle 1876[3],[4].

Vue du casernement, prévu pour une centaine d'hommes et partiellement détruit par un bombardement durant la Seconde Guerre mondiale.
Vue du mur d'enceinte, depuis le fossé.

Malgré tout, le fort d'Alprech est une faible fortification comparée à ses frères de l'Est, face à l'Allemagne, le nouveau grand ennemi de la France dans les années 1870. Par ailleurs, sa position n'est pas idéale pour assurer sa mission : la vue est bouchée au sud par le phare, et il est assez éloigné du port.


La Seconde Guerre mondiale

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En mai 1940, l'aérodrome d'Alprech, nouvellement inauguré, accueille une escadrille de la Marine Nationale. Parmi son personnel se trouvait Alain Savary. Le 23 mai, les défenseurs du fort opposeront peu de résistance à la 2e Panzer division.

Désormais sous l'Occupation allemande, il devient "l'œil de la Kriegsmarine", qui va y implanter des appareils de détection navale, principalement des radars, notamment un radar Würzburg d'une portée de 40 à 80 km[5],à destination des unités navales allemandes présentes en grand nombre sur la côte pour interdire le pas de Calais aux Alliés (batteries côtières, vedettes lance-torpilles...)[5],[6]. Des bunkers seront alors construits dès le début de l'Occupation, des bunkers pour personnel, d'autres au pied des radars en bordure de falaise[5].

Cependant, les radars seront repérés par les Alliés, qui tenteront de les détruire. Par ailleurs, la phase finale de l'opération Starkey, les 8 et 9 septembre 1943, aurait tué 500 portelois.

Il sera également un point d'appui du Mur de l'Atlantique, intégré à la Forteresse Boulogne, l'un des ports les plus importants et ardemment défendus de l'Atlantikwall. Il recevra malgré tout une défense relativement faible, et sera l'un des derniers points de résistance allemands pris par la 3e Division d'Infanterie Canadienne dans le Boulonnais, le 22 septembre 1944, sixième et dernier jour de l'opération Wellhit[7].

Symbole de la présence allemande, ce bunker, construit au sud-est du fort, possède une dizaine de pièces et des murs d'1,4 m d'épaisseur pour presque 23 m de long.

De nos jours

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Propriété du Conservatoire du Littoral, des visites guidées y sont organisées depuis avril 2023 par l'Association Fort Cap d'Alprech, qui s'efforce de mettre en valeur et de rendre visitables les derniers recoins de ce patrimoine militaire. Le calendrier des visites est consultable sur la page Facebook de l'association.

Notes et références

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  1. « Une association porteloise fait découvrir l’histoire du Fort d’Alprech », La Voix du Nord,‎
  2. « Boulonnais au top »
  3. a et b 4 forts pour un port,
  4. « www.fortiffsere.fr (archives) »
  5. a b et c Ben Muller, Festung Boulogne,
  6. Alain Chazette, Forteresse Boulogne-sur-Mer, Histoire et Fortifications,
  7. War Diary, Highland Infantry Of Canada, September 1944