Fort du Mont
L'entrée du fort.
L'entrée du fort.
Description
Type d'ouvrage fort à cavalier
Dates de construction de 1877 à 1881
Ceinture fortifiée place d'Albertville
Utilisation ouvrage de protection d'un barrage de vallée
Utilisation actuelle fromagerie
Propriété actuelle syndicat intercommunal
Garnison 502 hommes (en 1881)
Armement de rempart 10 canons et 6 mortiers
Armement de flanquement 4 pièces
Organe cuirassé néant
Modernisation béton spécial non réalisée
Programme 1900
Dates de restructuration non réalisée
Tourelles -
Casemate de Bourges -
Observatoire -
Garnison ?
Programme complémentaire 1908 non réalisé
Coordonnées 45° 40′ 44″ nord, 6° 25′ 37″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fort du Mont
Géolocalisation sur la carte : Savoie (département)
(Voir situation sur carte : Savoie (département))
Fort du Mont

Le fort du Mont, appelé brièvement fort Daumas, est un ouvrage fortifié alpin, situé à l'est-nord-est de la commune d'Albertville, se situant à 1 127 mètres d'altitude, dans le département de la Savoie.

Mission modifier

Le fort du Mont est un des éléments composant la place forte d'Albertville, chargée de la fin du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle, en cas de conflit entre le royaume d'Italie et la République française, de défendre l'accès à la combe de Savoie.

Placé à 1 130 mètres d'altitude à l'est d'Albertville sur les pentes de la Roche-Pourrie (qui culmine à 2 037 m), plutôt isolé du reste de la place forte, le fort surplombe l'agglomération ainsi que le val d'Arly (menant à Beaufort) et la vallée de la Tarentaise (où passe la route menant à Bourg-Saint-Maurice et le col du Petit-Saint-Bernard). Le fort est épaulé par deux autres fortifications placées plus haut pour contrôler les sentiers et crêtes : au nord-est le blockhaus du Laitelet (à 1 362 m d'altitude ; 45° 40′ 57″ N, 6° 26′ 14″ E) et à l'est le blockhaus des Têtes (1 673 m d'altitude ; 45° 40′ 38″ N, 6° 26′ 47″ E)[1].

Histoire modifier

Par le décret du , le ministre de la Guerre Georges Boulanger renomme tous les forts, batteries et casernes avec les noms d'anciens chefs militaires[2]. Pour le fort du Mont, son « nom Boulanger » est en référence au général Melchior Joseph Eugène Daumas, né à Delémont (en Suisse) le et décédé à Camblanes en 1871. Il fit toute sa carrière en Algérie. Général de division le  ; sénateur le  ; auteur des Principaux généraux du cavalier arabe. Le nouveau nom devait être gravé au fronton de l'entrée. Dès le , le successeur de Boulanger au ministère, Théophile Ferron, abroge le décret[3]. Le fort reprend officiellement son nom précédent.

En 1947, le fort est utilisé par une association pour faire des colonies de vacances pour les enfants d'Albertville. En 1967, le fort est vendu à la commune. À la dissolution de l'association en 2005, le fort et les deux blockhaus sont confiés au syndicat intercommunal regroupant Albertville, Tours-en-Savoie et Venthon (SI du Fort)[4]. En plus des visites touristiques, le fort accueille depuis 2013 des caves d'affinage pour du fromage de Beaufort (par la société Monts & Terroirs du groupe Sodiaal)[5].

Description modifier

Un passage couvert du fort.
Détail d'un escalier qui même à une traverse.
La citerne du fort.
La cour supérieur du fort.
Une galerie creusée dans la roche du magasin sous roc.

Le fort a la forme d'un polygone vaguement rectangulaire, bordé par un fossé sur deux côtés (est et nord), défendu par une caponnière double (saillant II) et un coffre d'escarpe (saillant III), avec trois petits bastions (les bastionnets sont ici préférés à cause de la neige qui risque d'obstruer les créneaux de tir des caponnières). Les bâtiments sont en maçonnerie, le tout recouvert de terre. Le casernement voûté est surmonté par un cavalier portant l'artillerie ; face à l'est ont été aménagées deux casemates à tir direct type Haxo[6].

C'est un fort Séré de Rivières de première génération, un fort de protection aux fronts bastionnées. Il est de forme vaguement carrée, assez ramassé sur lui-même. Situé à 2,5 km à l'est d'Albertville, il était prévu pour une garnison de 402 hommes et 22 pièces dont 6 mortiers et 4 de flanquement. Son escarpe, revêtue en maçonnerie de moellons, est surmontée d'un mur crénelé en béton. Ce mur défensif, sur le font sud, est entrecoupé de traverses en béton, de simples murs de 40 cm d'épaisseur, empêchant le tir en enfilade. La défense des fossés se réalise depuis des bastionnets d'angle, sauf au saillant II où l'on trouve une caponnière double très particulière et au saillant III où on a aménagé un coffre d'escarpe, la disposition des lieux ne se prêtant pas à la construction d'un aileron. Non seulement cette caponnière double présent un flanc avec de l'artillerie (battant le front III-II) et un second ne comprenant que des créneaux pour feux de mousqueterie (orienté vers le saillant I), mais surtout elle est à deux étages et, qui plus est, les deux flancs sont décalés en hauteur ce qui lui confère une esthétique unique et tortueuse à souhait. Le fort possédait un important poste de communications optiques, implanté à la verticale du porche d'entrée et malheureusement bien dénaturé aujourd'hui.

L'entrée abrite un pont-levis à bascule en dessous à mouvement assisté dont le mécanisme est en très bon état. Sous le porche de l'entrée se trouve une citerne dont la voûte, splendide, est constellé de stalactites. Une partie du casernement est à deux étages et, comme ailleurs dans cette place, les maçonneries de moellons sont associées à celle de briques de terre cuite. Un four à pain de 250 rations est encore opérationnel. Le couloir à l'arrière des chambrées du casernement des officiers est de forme ogivale et, originalité, des jours grilles se trouvent au sol devant chaque porte du premier étage de façon à éclairer le couloir du rez-de-chaussée. Le fort abrite trois magasins à poudre contigus; en fait un magasin aux munitions confectionnées et deux magasins à poudre. Ces locaux sont d'aspect et de dimensions identiques. L'accès de la chambre aux lampes de celui de gauche, celui des munitions confectionnées, se faisait depuis une trappe dans le plafond du prolongement du couloir de circulation à l'arrière des chambrées du premier étage du casernement de la troupe. Ce couloir, face à caque travée de chambrée, affecte une forme courbe (ce qui se rencontre aussi dans des forts de diverses places) afin de mieux résister à la poussée des terres. Les travées des escaliers menant aux deux casemates du cavalier offrent de belle perspectives pour le photographe. Ces casemates, réputées bétonnées vers 1890, sont d'anciennes traverses-abris dont le fond a été percé et bétonnée en une visière de casemate à tir direct. Un magasin caverne ayant un grand local de stockage précédé d(un sas, un monte-charge, deux magasins aux munitions et trois ateliers de chargement a été creusé sous le centre du fort. Nombre de ses créneaux et autres fumivores sont encore en place. Un second monte-charge était prévu dans une traverses-abri du front sud, mais il n'a pas été creusé. Cette traverse du front sud, enracinée, formait un passage couvert risquant d'être pris en enfilade. Pour le protéger on a érigé un énorme et massif merlon de terre recouvertes de maçonnerie de moellons. Propriété de la mairie d'Albertville, ce fort est en assez bon état de conservation[7].

Références modifier

  1. « Carte topographique centrée sur le fort » sur Géoportail (consulté le 15 août 2018).
  2. Note no 5285 le du ministre de la Guerre Boulanger aux généraux commandant les régions militaires ; décret présidentiel du pour les nouvelles dénominations des forts, batteries et casernes sur proposition du ministre de la guerre, M. le général Boulanger.
  3. Lettre no 14980 bis le de M. le ministre de la Guerre, M. le général Ferron, abrogeant le décret présidentiel du 21 janvier.
  4. « Fort du Mont », sur pays-albertville.com.
  5. « Fort du Mont Albertville », sur asadac73.com.
  6. « Fort du Mont », sur albertvillefortifications.com.
  7. Marco Frijns, Luc Malchair, Jean-Jacques Moulins et Jean Puelinckx, Index de la fortification française 1874 - 1914, Edition Autoédition, , 832 p. (ISBN 978-2-9600829-0-6), p. 162 et 314.

Voir aussi modifier

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