Le Fouladou (ou Fouladougou ou Fulaadu) est une région historique de la Haute-Casamance, dans le sud du Sénégal, en Gambie et en Guinée Bissau. Au Sénégal, cela correspond principalement à la région de Kolda, ainsi qu'une partie de la région de Sédhiou et de Tambacounda.

Royaume du Fouladou

18691903

Informations générales
Statut Théocratie
Capitale Ndorna puis Hamdallaye
Langue(s) Pulaar
Religion Sunnisme
Histoire et événements
1869 Fondation
1903 Dissolution
Almamy
1869-1881 Alpha Molo Balde
1881-1903 Moussa Molo Balde

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le Fouladougou (partie supérieure, au centre) sur une carte de 1906

Histoire modifier

Historiquement, le Fouladou est le dernier royaume créé au Sénégal, entre le milieu et la fin du XIXe siècle. Ce royaume a été fondé par le chef peul Alpha Yaya Molo Balde (1820c-1881), appartenant au groupe des Fulbe firdou. Avant la création de ce royaume, les Mandingues régnaient en maîtres sur la région. Ils avaient en effet fondé au XVe siècle sur cette région le grand royaume du Kaabu, vassal de l'empire du Mali.

Pasteurs nomades, les Peuls sont arrivés de façon importante dans la région, attirés par la verdure vers le XIVe siècle. D'autres Peuls nomadisaient dans la région avant l'arrivée de la deuxième vague fulbe, mais ils n'y restaient jamais bien longtemps, ce sont les seconds qui allaient y rester définitivement.

Au départ les Peuls et les Malinkés dominants entretenaient de bons rapports. Les Peuls s'établissaient auprès des mandingues, pour échanger les produits laitiers issus de leurs troupeaux de vaches, contre les produits agricoles issus des champs malinkés. Les Malinkés confiaient également leurs troupeaux aux Peuls. Les Peuls pouvaient librement circuler au Kaabu, et des mariages entre ces deux communautés pouvaient avoir lieu. Plus tard les relations entre Peuls et Mandingues se compliquèrent.

Les Peuls sont, à un moment donné,[réf. nécessaire] devenus les vassaux des Mandingues au Kaabu, jusqu'au milieu du XIXe siècle. Les rois mandingues pratiquaient envers les Peuls un système apparenté à la servitude. De nombreuses familles peules ont été contraintes à la sédentarisation dans les fulakunda, offertes aux peuls par les mandingues. Beaucoup ont été forcés à effectuer des travaux agricoles, dont les rendements servaient en priorité aux Mandingues dominants. Ceux-ci leur imposaient des impôts très élevés. C'est ainsi que les Peuls du Fouladou sont très fortement métissés avec les Mandingues. Malgré cela, les Peuls ont toujours lutté pour la sauvegarde de leur langue, de leurs traditions et de leur mode de vie nomade, et plus d'une fois il y a eu révolte.

Un jour Alpha Molo Balde, le futur fondateur du royaume du Fouladou, se souleva contre les Mandingues, réunit tous les Peuls du Kaabu, demanda l'appui des Peuls du Fouta Djallon, pour mener une révolte contre les rois du Kaabu, qu'on appelait Mansa, et réussit, à la suite de la révolte très difficile, et grâce aux nombreuses attaques du Fouta-Djallon qui subit d'énormes pertes humaines, à s'emparer des terres où dominait la population peule. C'est ainsi qu'il créa le Fouladou, de la Haute-Casamance jusqu'aux terres du nord de la Guinée-Bissau. Encore aujourd'hui dans la tradition orale, on dit « Alpha, le libérateur ». Les Peuls, avant l'entrée en scène de Alpha Molo Balde, étaient surtout de religion traditionnelle, bien que l'on trouvait quelques marabouts peuls. Les Peuls ont surtout commencé à se convertir massivement à l'islam dans la région, pour bénéficier de l'aide du Fouta Djalon pour la révolte, car les almamys du Fouta Djallon étaient contre les traditionalistes, qu'ils soient Peuls, Mandingues, ou autres. Sans cette adoption de l'islam par les Peuls du Kaabu, le Fouta Djalon, État avant toute chose musulman, n'aurait pas accepté d'aider des non-musulmans. Au cours du XIXe siècle, de nombreux États islamiques peuls se forment de façon éphémère : l'Empire de Sokoto, l'Empire peul du Macina (Diina), l'État de l'Adamaoua, l'empire des Peuls de El Hadj Oumar Foutihou Tall. Alpha Molo a ainsi profité de l'hégémonie peule pour renverser les Mansa du Kaabu.

Alpha Molo Balde meurt en 1881 à Dandu, aujourd'hui situé en Guinée-Bissau, et c'est son fils Moussa Molo Balde qui après lui tente d'achever ce que son père a commencé. À la mort de Alpha, les colons français commençaient à affluer de façon massive dans la région. Moussa Molo a été un grand résistant contre la colonisation en Haute-Casamance. Malgré son combat, il est vaincu par les colons en Gambie en 1931 à Keserekunda où il meurt.

Population modifier

Comme son nom l'indique[1], le Fouladou est majoritairement peuplé de Peuls, sédentarisés à 55 %. Beaucoup de Peuls au Fouladou sont agriculteurs. Les Peuls de la région appartiennent au groupe Fulbe[2] firdou.

Dans la région, on trouve aussi beaucoup des Mandingues, des Diarankés, des Jalonkés, ainsi que des Wolofs, des Diolas, des Bainuks, des Balantes et des Manjaques.

Économie modifier

On y cultive le coton et on y pratique l'élevage. L'agriculture est très rentable dans la région, plus que partout ailleurs au Sénégal, car c'est l'une des plus arrosées du pays; la végétation est luxuriante, les fruits et les légumes cultivés sont très divers, on y pratique également la riziculture.

Notes et références modifier

  1. Fula signifie peul en langues mandingues
  2. Fulɓe signifie peuls en langue peule.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Moustapha Barry, L'implantation des Peuls du Fouta Djallon dans le Fouladou (1867-1958) (Mémoire de Maîtrise), Université Cheikh Anta Diop de Dakar, (lire en ligne)
  • Niang, Cheikh Ibrahima., Structures sociales et pouvoir politique traditionnel en milieu peul du Fouladou, Université de Dakar, Faculté des lettres et sciences humaines, Département de philosophie, (OCLC 62212389, lire en ligne)
  • Sow, Mouhamadou Moustapha., Colonisation et domination économique en Casamance : l'exemple de la fiscalité au Fouladou, 1895-1920 (Mémoire de Maîtrise), Université Cheikh Anta Diop, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Département d'Histoire, 2000?, 127 p. (OCLC 609521862, lire en ligne)

Liens externes modifier