François Léon Jouinot-Gambetta

militaire français
François Léon Jouinot-Gambetta
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AntibesVoir et modifier les données sur Wikidata
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Grade militaire
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200
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François Léon Jouinot-Gambetta, né le à Paris 8e et mort le à Antibes, est un général de division français.

Il s'illustre durant la Première Guerre mondiale au sein de l'Armée française d'Orient à la tête d'une brigade de cavalerie (dite brigade Jouinot-Gambetta) de l'Armée d'Afrique, composée des 1er , 4e chasseurs d'Afrique et du régiment de marche de spahis marocains, notamment lors de la prise d'Uskub (aujourd'hui Skopje) le .

Biographie modifier

Famille modifier

François Léon Jouinot-Gambetta est le fils d'Antoine Gabriel Jouinot (1843-1871), ingénieur, et de Benedetta Gambetta (1840-1931)[2].

Il épouse, le 26 juin 1923 à Marseille, Blanche Augustine Haÿ, née le 2 janvier 1882 à Lens[2] et morte le 21 février 1950. Cette dernière présentait, avant la guerre, des modèles du couturier Paul Poiret. Les époux n'auront aucun descendant.

Il est le neveu de Léon Gambetta, dont il relève le patronyme en ajoutant à son nom celui de Gambetta, nom de sa mère[3].

Carrière militaire modifier

Avant guerre modifier

Engagé volontaire le 4 décembre 1888 comme chasseur au 6e régiment de chasseurs d'Afrique en Algérie, il passe avec le grade de maréchal des logis (du 3 octobre 1890) au 1er régiment de spahis (escadron du Soudan) le 20 décembre 1891 et rejoint le Soudan[2].

Il rejoint ensuite le 9e régiment de hussards comme élève officier le 18 août 1893 et suit les cours de l’École de cavalerie de Saumur d’octobre 1893 au 22 août 1894. Il sera successivement sous-lieutenant le 23 mars 1895 et lieutenant le 29 mars 1897[2].

Placé hors cadre le 6 janvier 1900 il est envoyé le 20 janvier 1900 en Afrique occidentale jusqu’au 27 avril 1901. Chargé de l'organisation militaire de la mission Paul Blanchet en Mauritanie[4], il recrute, instruit et arme une quarantaine d'anciens tirailleurs. Il est blessé par balle dans un guet-apens le 9 juin 1900 à Atar[2],[5].

Du 30 juin 1901 au , il est en mission auprès du gouverneur général civil de l’Algérie et il est porté sur les rôles du 1er régiment de hussards en avril 1901, puis du 2e chasseur d’Afrique en septembre et du 1er régiment de spahis ou il obtient le grade de capitaine le 12 octobre 1901[2].

Mis à la disposition du ministère des Affaires étrangères en août 1903 au service géographique pour la délimitation de la frontière algéro-marocaine, il accomplit ensuite une mission à Tanger au Maroc en octobre 1904 où il reste jusqu’au et est remis à disposition du ministère de la Guerre[2].

Il intègre avec le grade de capitaine le 2e régiment de cuirassiers le 12 novembre et est nommé chef d’escadron le 25 mars 1906. Muté le 19 octobre 1906 au 6e régiment de chasseurs d'Afrique, il rejoint l’Algérie le 5 février 1907[2].

Colonel le 23 septembre 1913, il commande le régiment de marche de spahis et les troupes marocaines[2].

Avance française en 1918.

Première Guerre mondiale modifier

Au début de la guerre, il se consacre à la mise sur pied des escadrons et bataillons auxiliaires marocains et après un long séjour au front français, où il commande successivement une brigade et une division d'infanterie, Jouinot-Gambetta part pour le front d'Orient[5].

Promu général de brigade de cavalerie le 26 juin 1917, il succède au colonel Henri Descoins au commandement de la cavalerie de l’Armée française d'Orient, alors composée de 10 escadrons[2].

Il s'illustre particulièrement à la tête de sa brigade de cavalerie, dite brigade Jouinot-Gambetta, composée des 1er, 4e chasseurs d'Afrique et du Régiment de marche de spahis marocains, lors de la prise d'Uskub (aujourd'hui Skopje) le [6].

Le , Jouinot-Gambetta est élevé à la dignité de grand-officier de la Légion d'honneur avec la citation suivante : « général de brigade, commandant la cavalerie de l'armée de brigade d'Orient : d'un entrain et d'un brio incomparables, n'a pas hésité à engager sa cavalerie dans un dédale de montagnes : brisant toutes les résistances, a enlevé de haute lutte Uskub après un combat acharné, coupant ainsi à l'ennemi sa dernière ligne de retraite. »[7].

Après guerre modifier

Il est promu général de division en 1920.

Il meurt à Juan les Pins dans sa villa la Haie-Blanche le 9 novembre 1923 après une courte maladie et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise le 17 novembre 1923[8].

La brigade de cavalerie Jouinot-Gambetta en 1917-1918 modifier

La brigade formée de trois régiment est composée de chasseurs d'Afrique et de spahis et compte environ 3 000 hommes.

La prise d'Uskub (29 septembre 1918) modifier

Le , la brigade Jouinot-Gambetta prend Uskub, important nœud ferroviaire, après un raid de plus de 80 km à travers les monts de Macédoine. Cette victoire constitue l’une des dernières charges à cheval de l’histoire de la cavalerie française. Elle a pour conséquence la capitulation des forces germano-bulgares[12] et le 30 septembre 1918, la Bulgarie signe un armistice avec le général Franchet d’Espèrey.

Grades modifier

  • septembre 1913 : colonel
  • juin 1917 : général de brigade
  • novembre 1920 : général de division

Décorations modifier

  • Grand officier de la Légion d'honneur (1919) [2],[13]
  • Croix de Guerre 1914-1918 avec palme[6]
  • Médaille Coloniale, agrafes « Soudan » « Sénégal » «Afrique Occidentale »
  • Officier d’Académie (décret du 28 mars 1901)
  • Chevalier du Mérite Agricole (décret du 27 mars 1902)
  • Officier de L’Étoile Noire (décret d’autorisation de port du 25 février 1901)
  • Officier du Nichan Iftickar de Tunisie (décret d’autorisation de port du 25 février 1901)
  • Officier de l’Étoile d’Anjouan (décret d’autorisation de port du 27 septembre 1901)
  • Officier du Dragon de l’Annam (décret d’autorisation de port du 18 avril 1903)
  • Chevalier de Sainte Anne de Russie de 3e Cl (décret d’autorisation de port du 29 septembre 1901)
  • Médaille d’argent de la Mutualité (Ministère de l’Intérieur du 11 avril 1903)

Citations modifier

Hommages modifier

Jacques Bourcart décrit Jouinot-Gambetta comme un « grand Africain » et « une des figures les plus originales et les plus attachantes de l'armée d'Afrique, un chef adoré de tous ceux - même les plus humbles - qui ont servi sous ses ordres », un cavalier « d'une folle bravoure, généreux jusqu'à la prodigalité » dont « le goût du panache et des uniformes extraordinaires », l'entrain et la gaieté « évoquent irrésistiblement la figure d'un autre grand cavalier, de Murat»[5].

Aristide Briand écrit dans sa préface de l'ouvrage de Jouinot-Gambetta, à propos de la prise d'Uskub en septembre 1918, « la chevauchée de vos cavaliers vers Uskub est une épopée magnifique. Les cavaliers de Murat n'ont pas fait mieux.»[14].

Notes modifier

  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. a b c d e f g h i j et k Dossier de la Légion d'Honneur de François Léon Jouinot-Gambetta, Cote LH//1380/19, Base de données Léonore
  3. Archives de l'état civil de Paris en ligne, acte de naissance no 8/946/1870. Mention marginale : le décret du 6 novembre 1903 l'autorise à ajouter à son nom celui de sa mère (Gambetta) et à s'appeler légalement Jouinot-Gambetta(consulté le 8 avril 2012)
  4. La mission Paul Blanchet, Annales de géographie, Année 1900, n°48, pp. 458-462
  5. a b et c « Le mois dernier est mort, en pleine jeunesse, le général de division Jouinot-Gambetta, Grand Officier de la Légion d'honneur, depuis fort longtemps membre du Comité de l'Afrique française, Les journaux lui ont consacré de brèves notices nécrologiques, trop brèves pour le grand Africain qu'il fut, pour celui qui peut-être avança, par sa seule action, de quelques semaines la fin de la guerre. C'était une des figures les plus originales et les plus attachantes de l'armée d'Afrique, un chef adoré de tous ceux — même les plus humbles — qui ont servi sous ses ordres...D'une folle bravoure, généreux jusqu'à la prodigalité, la simplicité et la bonté du général Jouinot-Gambetta étaient telles que jamais l'extrême rapidité de son avancement n'altéra l'amitié que lui témoignaient ses camarades de promotion. Son goût du panache et des uniformes extraordinaires, son entrain et sa gaieté évoquent irrésistiblement la figure d'un autre grand cavalier, de Murat. Jouinot fut peut être le dernier cavalier, sûrement un des plus brillants par les dons du cœurs et de l'intelligence; la grisaille de l'après-guerre, les difficultés qu'il avait, à cause de son grade, à jouer encore un rôle dans sa chère Afrique, l'avaient fait renoncer au service actif quand la mort est venue le prendre. Longtemps tous les Africains, ceux surtout qui ont eu l'honneur de porter la veste rouge, se souviendront de celui qui fut par excellence le chef des Spahis. », Jacques Bourcart, Notice nécrologique de Jouinot-Gambetta, L'Afrique française bulletin mensuel du Comité l'Afrique française et du Comité du Maroc, 1924, p.4
  6. a b et c Uskub ou le rôle de la Cavalerie d'Afrique dans la victoire, Berger-Levrault, 1920, Préface d'Aristide Briand
  7. JORF du 23 janvier 1919, p. 892. En ligne.
  8. Notice nécrologique de Jouinot-Gambetta, Revue économique française, n°6, novembre-décembre 1923, p.469
  9. Edmond Guespereau est né le 5 juillet 1871 à Hanches. Avant la Grande Guerre, il intègre l’école d’application de la cavalerie (Saumur) puis participe en tant qu'officier au sein des Chasseurs d'Afrique et Spahis à diverses campagnes en Afrique du Nord française. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 31 juillet 1912. Au cours de la guerre, il devient chef d’escadron au Régiment de Marche de Spahis Marocains (RMSM) le 31 août 1916 puis, promu lieutenant-colonel, il commande le régiment à partir du 3 avril 1918. Il est cité à plusieurs reprises. Edmond Guespereau est promu Général de brigade le 18 mai 1926 et élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d'honneur le 4 juillet 1931. Il meurt le 22 septembre 1962 à Paris. Edmond Guespereau était titulaire des décorations suivantes : Grand Officier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1914-1918 avec huit citations (cinq palmes et trois étoiles), Commandeur du Ouissam Alaouite du Maroc, Officier du Nicham Iftikar, Officier des Saints Maurice et Lazare d’Italie. Source: Dossier de la Légion d'Honneur d'Edmond Guespereau, Base de données Léonore
  10. Père de Henri de Bournazel. Voir notice biographique de Paul Lespinasse de Bournazel dans Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l'année, Hachette, 1962, pp.140-141
  11. Voir Dossier de la Légion d'Honneur de Jean Labauve, Base de données Léonore
  12. La XIe Armee allemande (surtout composées de troupes bulgares) du général von Steuben
  13. Fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 29 décembre 1900, promu Officier le 10 juillet 1907, promu Commandeur par décret du 30 janvier 1915 avec rang au 30 décembre 1914, élevé à la dignité de Grand officier le 22 janvier 1919 avec rang au 28 décembre 1918.
  14. Général Jouinot-Gambetta, Uskub ou le rôle de la Cavalerie d'Afrique dans la victoire, Berger-Levrault, 1920, Préface d'Aristide Briand

Bibliographie modifier

  • Général Jouinot-Gambetta, Uskub ou le rôle de la Cavalerie d'Afrique dans la victoire, Berger-Levrault, 1920, Préface d'Aristide Briand
  • Thierry et Mary Moné, Du Burnou Rouge au Burnou bleu. Les Spahis du 1er Marocains dans la Grande Guerre, Lavauzelle, 2004, (ISBN 9782702511947)
  • Général Edmond Guespereau, « Le rôle de la cavalerie dans l'offensive d'Orient (septembre 1918) » in L'Armée d'Orient vue à 15 ans de distance, Revue des Balkans, 1932
  • Jacques Bourcart, Notice nécrologique de Jouinot-Gambetta, L'Afrique française bulletin mensuel du Comité l'Afrique française et du Comité du Maroc, 1924, p.4

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier