France (cuirassé)

cuirassé lancé en 1912 pour la Marine française

France
illustration de France (cuirassé)
Le France en 1914.

Type Cuirassé
Classe Courbet
Histoire
A servi dans  Marine nationale
Commanditaire  Marine nationale
Chantier naval Ateliers et Chantiers de la Loire, Saint-Nazaire
Commandé
Quille posée
Lancement
Armé
Statut Naufragé le
Équipage
Équipage 1 115 - 1 187
Caractéristiques techniques
Longueur 166 mètres
Maître-bau 27 mètres
Tirant d'eau 9 mètres
Déplacement 23 579 tonnes
Port en lourd 25 579 tonnes
Propulsion 4 turbines à vapeur
24 chaudières
Puissance 28 000 ch
Vitesse 21 nœuds
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture = 180-270 mm
pont = 30-70 mm
tourelle = 250-290 mm
barbette = 280 mm
kiosque = 300 mm
Armement 6x2 canons de 305 mm/45 modèle 1910
12x1 canons de 138 mm
4x1 canon de 47 mm
4 tube lance-torpilles de 450 mm
Rayon d'action 4 200 milles marins à 10 nœuds
Pavillon France
Localisation
Coordonnées 47° 27′ 06″ nord, 3° 02′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
(Voir situation sur carte : Bretagne (région administrative))
France
France

Le France est un cuirassé lancé en 1912 pour la Marine française et qui s'est échoué sur une roche en baie de Quiberon en 1922.

C'est la quatrième unité de la classe Courbet, les premiers dreadnoughts français. Il est achevé avant le début de la Première Guerre mondiale dans le cadre du Programme naval de 1911.

Service modifier

Construit en 1912 par les Chantiers de la Loire, à Saint-Nazaire, le cuirassé France entre en service à Toulon. Le Président de la république, Raymond Poincaré, officialise son armement le [1]. Orgueil de la Marine nationale, c’est à son bord que le Président Poincaré se rend en Russie, fin juillet 1914, pour renforcer son alliance avec le Tsar à l’approche de la Première Guerre mondiale[2].

Pendant le conflit, il est affecté en Méditerranée, participant notamment au barrage d'Otrante, dans l'Adriatique. Le France et son sister-ship le Jean Bart sont stationnés en mer Noire en 1919, pendant la guerre civile russe pour prêter main-forte aux « Russes blancs ». Le , les marins les plus politisés refusent de tirer sur l’Armée rouge. Le bâtiment connaît une mutinerie (connue sous le nom de mutineries de la mer Noire), provoquée par la présence de sympathisants communistes dans l'équipage et les mauvaises conditions de vie à bord. La révolte, commencée sur le France, s’étend au Jean Bart, puis aux navires Justice, Vergniaud, Mirabeau et Waldeck-Rousseau. Les marins réclament principalement la cessation de la guerre contre la Russie, le retour en France et l’adoucissement de la discipline. Le commandant du cuirassé, le capitaine de vaisseau Robez, ainsi que le vice-amiral Amet, commandant de l’escadre en mer Noire, sont enfermés dans leurs appartements. Le France appareille de Sébastopol le 23 avril, arborant le drapeau rouge à la place du pavillon national pour faire route vers la Tunisie où prendra fin la révolte. Les meneurs furent lourdement sanctionnés[3].

Naufrage modifier

Le , les cuirassés Paris et France effectuent des exercices de tir au large de Belle-Île. Ces manœuvres terminées, ils rejoignent l’escadre de Méditerranée qui mouille en baie de Quiberon. Le capitaine de vaisseau Guy, commandant, a le choix entre deux routes, le passage de l’Est, qui fait faire un grand détour, et le passage de la Teignouse, étroit, mais sur la route directe. La nuit est claire, la mer est calme, le commandant Guy, 52 ans, choisit sans hésiter cette dernière route[4]. À l’heure prévue pour le passage, une heure du matin le samedi 26 août, c’est pleine basse mer d’une grande marée de coefficient 106. En prenant un bon pied de pilote, le commandant Guy se fixe comme limite la ligne de sonde des 10 mètres. Avec cette limite, le passage de la Teignouse, pour le France, ne mesure que 750 m de large. Vigilant, à un nautique de ce passage, le commandant demande un nouveau point qui révèle un écart de navigation. La France fait route dans l’alignement des feux de la Teignouse et de Port-Navalo, alors que les Instructions nautiques et les ordres du commandant demandaient de laisser le feu rouge de la Teignouse à gauche du feu blanc de Port-Navalo. À h 53, le commandant fait rectifier la route, mais le France n’est plus dans le milieu du chenal, le cuirassé passera au ras de la ligne de sonde des 10 mètres, mais du bon côté[5]. Pourtant, à h 57, le cuirassé touche par trois fois un obstacle sur bâbord. La coque déchirée, l’eau envahit rapidement le navire qui perd sa propulsion et l’électricité. Un appel de détresse est lancé, le Paris et tous les navires disponibles de l’escadre se portent au secours du cuirassé[6]. L’ordre d’évacuation est lancé à h du matin ; l’évacuation s’effectue dans le plus grand calme[7]. Le commandant Guy, resté à bord jusqu’au dernier moment, est projeté à la mer lors du chavirement du navire. Trois marins qui, désobéissant aux ordres, étaient descendus chercher leur sac, disparaissent dans le naufrage[8].

L'enquête montre que le récif, profondément immergé, était connu des pêcheurs qui y déchiraient souvent leurs filets, mais pas de la Marine nationale. Les petits bâtiments de faible tirant d'eau passaient par-dessus sans le heurter, ce qui ne fut pas le cas du cuirassé, avec ses 9 mètres de tirant d'eau.

Comme pour toute perte de navire de guerre, le capitaine de vaisseau Guy est traduit devant un conseil de guerre, le à Lorient. Le procès, ouvert à la presse, est largement commenté[9]. Ce fut plus le procès des hydrographes que celui du commandant. La roche inconnue est déclarée seule coupable. Elle est désormais nommée Roche du France. Elle est signalée par la bouée Goué-Vas sud. À l’issue du procès, aucune faute n'est reconnue au capitaine de vaisseau Guy qui est rétabli dans ses fonctions[10].

Le cuirassé ne pouvant être renfloué, sa coque fut découpée en partie en 1938 et le reste entre 1952 et 1958. À ce jour, il ne reste plus rien de l'épave[11].

Notes et références modifier

Bibliographie modifier

Liens internes modifier