Francia Márquez
Francia Elena Márquez Mina, née le à Suárez (Cauca), est une femme d'État colombienne. Militante des droits humains et de l'environnement, elle est vice-présidente de la République depuis le 7 août 2022.
Francia Márquez | |
Portrait officiel de Francia Márquez (2023). | |
Fonctions | |
---|---|
Vice-présidente de la république de Colombie | |
En fonction depuis le (2 ans, 4 mois et 12 jours) |
|
Élection | 19 juin 2022 |
Président | Gustavo Petro |
Gouvernement | Petro |
Prédécesseur | Marta Lucía Ramírez |
Ministre de l'Égalité et de l'Équité | |
En fonction depuis le (1 an, 7 mois et 15 jours) |
|
Président | Gustavo Petro |
Gouvernement | Petro |
Prédécesseur | Fonction créée |
Biographie | |
Nom de naissance | Francia Elena Márquez Mina |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Suárez (Colombie) |
Nationalité | Colombienne |
Parti politique | Soy Porque Somos |
Conjoint | Yerney Pinillo |
Diplômée de | Université de Santiago de Cali |
Profession | Militante des droits de l'homme, avocate |
|
|
Vice-présidents de la république de Colombie | |
modifier |
Issue d'une communauté afro-colombienne pauvre, elle travaille dès son adolescence comme femme de ménage tout en militant contre des projets jugés néfastes pour l'environnement. Elle mène en 2014 la « Marche des Turbans », sur 350 kilomètres, au cours de laquelle 80 femmes expriment leur opposition à une exploitation minière à La Toma. Elle reçoit le prix Goldman pour l'environnement en 2018.
Devenue avocate, elle fonde le mouvement progressiste et écologiste Soy porque somos, Son engagement politique lui vaut de nombreuses menaces de mort et plusieurs tentatives d'assassinat de groupes paramilitaires.
Biographie
modifierFrancia Elena Márquez Mina est née le à Suárez[1], au sein d'une communauté afro-colombienne, installée dans les montagnes du département du Cauca depuis l’époque de l’esclavage[2],[3]. Ses ancêtres ont été déportés d'Afrique au XVIIe siècle pour travailler comme esclaves dans les colonies espagnoles[4]. Elle grandit seule avec sa mère[5]. Dans son village de La Toma, les habitants n’ont pas accès à l’eau potable et les jeunes n’ont que peu de chances d’accéder aux étude[Quoi ?] supérieures[2].
Mère célibataire à l'âge de 16 ans, elle doit interrompre ses études et travailler comme employée de maison[6].
Engagement local et activisme
modifierOriginaire du Cauca, une région marquée par la guerre civile et en proie au trafic de drogue et à l’accaparement des ressources, Francia Marquez (en espagnol : Francia Márquez) participe depuis ses treize ans à des luttes pour les droits des populations marginalisées[4]. Elle se bat ainsi contre les multinationales qui exploitent les alentours de la rivière Ovejas, expulsant parfois des lieux les populations locales[5].
En 2009, elle s'engage au Conseil communautaire de La Toma, à Suárez, pour lutter contre l'exploitation des mines alentour sans l'autorisation des habitants[7], tout en commençant à étudier le droit pour acquérir des compétences juridiques mises à profit dans ce conflit[8]. Entre 2010 et 2013, elle préside l'association des femmes de Yolombo, en espagnol : Yolombó (Asociación de Mujeres Afrodescendientes de Yolombó)[4].
En 2013, elle se réfugie dans la ville de Cali avec ses deux enfants à la suite de menaces de mort[8]. Elle est nommée représentante légale du Conseil communautaire des communautés afro-descendantes de La Toma à partir du 12 décembre 2016. Elle participe également aux assemblées permanentes déclarées par la communauté afro-descendante du Cauca, laquelle a exigé de l'INCODER (Instituto Colombiano de Desarrollo Rural, actuellement l'Agence nationale du territoire en Colombie) qu'elle protège les territoires ancestraux des communautés noires et de garantir des accès à la terre.
En 2014, elle entreprend des études de droit à Cali. Elle participe au forum interethnique et interculturel dans le nord du département du Cauca, forum lors duquel il est demandé au gouvernement d'arrêter les extractions minières illégales et d'octroyer des titres miniers sans consultation préalable sur des territoires ethniques . L'idée est ainsi de réaliser des actions qui permettraient d'identifier de possibles actes de corruption institutionnelle face aux extractions minières illégales qui contaminent le territoire et également de prendre en considération les nombreux accidents de personnes restées coincées sous la terre, dans les tunnels des mines.
Márquez mène la « marche des turbans » en 2014 : elle entreprend avec 80 femmes une marche depuis le Cauca[Lequel ?] (le fleuve ou le département?, on se saura jamais) jusqu'à Bogota, soit environ 500 km, entre le 17 novembre et le 11 décembre. Sur place, le groupe milite encore pendant près de vingt jours devant le ministère de l'Intérieur[9]. Le but de cette mobilisation est de visibiliser les impacts que génère l'extraction minière illégale dans le département du Cauca, dont l'utilisation abondante du mercure a pour conséquence de contaminer l'eau et de détruire la biodiversité[5], et d'exiger du gouvernement de réaliser les actions nécessaires pour protéger le territoire et les habitants noirs de peau, ainsi que lutter contre les menaces et déplacements forcées que subissent ceux qui dénoncent ces activités.
Pendant les négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC, elle fait partie d’une des délégations des victimes du conflit et participe à la rédaction de l’accord de paix, notamment sur le chapitre ethnique inclus dans les centaines de pages de l’accord[1]. Elle déclare qu'« on ne peut parler de paix lorsqu’il y a encore des victimes et sans stratégie pour préserver l’environnement[1] ». En 2016, elle participe au Sommet national agraire et populaire pour mettre en avant le vécu des victimes. En avril, elle voyage en Suisse pour dialoguer à propos des défis du processus des négociations de la paix en Colombie et des droits des peuples locaux afro-colombiens et indigènes.
En 2015, elle participe à une assemblée permanente pour l'association des Conseils communautaires du nord du Cauca. Face aux menaces de mort qu'elle continue à recevoir, Francia Marquez exige alors de voir les accords préalablement passés se mettre concrètement en place entre le gouvernement et les populations locales afro-colombiennes et indigènes. Elle reçoit le prix national de défense des droits de l’homme de la part de l'organisation suédoise Diakonia[réf. nécessaire].
En 2017, elle ouvre à Cali un restaurant avec son fils et une cousine[7]. En mai 2017, elle voyage à Paris pour le 11e Forum CIRGL-OCDE-Groupe d’experts des Nations unies sur les chaînes d’approvisionnement en minerais responsables[10].
En 2018, elle se présente au Congrès colombien pour le Conseil communautaire du fleuve Yurumangui, en collaboration avec le candidat à la présidence Gustavo Petro. Elle est récipiendaire du prix Goldman pour l'environnement en 2018[1].
En 2021, elle écrit une lettre ouverte à la vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, pour y dénoncer la violence et les atteintes multiples aux droits de l'homme dont sont victimes les Afros-colombiens et les autochtones colombiens[11].
Tentative d'assassinat en 2019
modifierLe 4 mai 2019, avec deux autres activistes, Francia Márquez est victime d'un attentat perpétré à l'arme à feu et à la grenade, dans le département du Cauca. Deux gardes du corps ont été blessés[12].
Élection présidentielle de 2022
modifierFrancia Márquez est candidate à la vice-présidence du Pacte historique, aux côtés de Gustavo Petro, pour l'élection présidentielle colombienne de 2022[13]. Dans un pays historiquement gouverné par les conservateurs, elle contribue à imposer dans la campagne électorale des thèmes jusqu'ici absents du débat, comme le racisme et les inégalités sociales[5]. Elle est particulièrement visée par des commentaires et messages racistes pendant la campagne selon l’Observatoire de la discrimination raciale de l’université des Andes[14]. Ils remportent 40 % des voix au premier tour du scrutin et plus de 50 % au second. Le programme et le projet de campagne prévoient de lui attribuer le ministère de l'égalité pour les droits à l'égalité des femmes, de toute diversité sexuelle et de genre et des peuples exclus[15].
Vice-présidente de la république de Colombie
modifierFrancia Márquez est investie vice-présidente de la république de Colombie le aux côtés du nouveau président Gustavo Petro, succédant à Marta Lucía Ramírez et devenant la première personne afro-colombienne à exercer cette fonction.
Le 12 décembre 2022, le Congrès adopte la création du nouveau ministère de l'Égalité et de l'Équité, promis à Francia Márquez par Gustavo Petro[16]. Le ministère est créé le 4 janvier, la vice-présidente prenant également ses fonctions de ministre le même jour[17].
Elle échappe à une nouvelle tentative d'assassinat en janvier 2023. Une charge explosive, retrouvée à temps par les policiers chargés de sa sécurité, avait été dissimulée sur la route menant à son domicile[18].
Depuis son entrée en fonction, Francia Márquez a également été la cible de multiples attaques racistes[18],[19],[2]. Plus encore que le président Petro, elle cristallise les critiques de la droite. Son voyage officiel en Afrique, en mai 2023, suscite une large controverse[20].
Références
modifier- Anne Proenza, « D’or et de sang, le combat de Francia Marquez pour les terres des Afro-Colombiens », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
- « Francia Marquez première vice-présidente noire de Colombie, entame un combat contre le racisme dans le pays », sur Martinique la 1ère,
- (en) Robert Valencia, « Francia Márquez, Renowned Afro-Colombian Activist: What Environmental Racism Means To Me », sur earthjustice.org, (consulté le ).
- « Les racines africaines de Francia Marquez, première vice-présidente afrodescendante de Colombie, ont nourri son action politique », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Colombie : Francia Marquez, une Afro-Colombienne militante écologiste, bientôt vice-présidente ? », sur France 24, (consulté le )
- Anne Proenza, « L’irrésistible ascension de l’Afro-Colombienne Francia Marquez au sommet de l’Etat », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne , consulté le )
- Sarah Nabli, « Francia Marquez, une femme au cœur de la lutte afrocolombienne », sur information.tv5monde.com, (consulté le ).
- Najet Benrabaa, « Racisme – Francia Márquez : « La société colombienne m’a appris à avoir honte d’être une femme noire » », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- « Rencontre avec Francia Márquez, Prix National pour la Défense des Droits Humains en Colombie », sur France Amérique Latine, (consulté le )
- Forum CIRGL-OCDE-Groupe d’experts des Nations Unies, « PROGRAMME 11ème Forum CIRGL-OCDE-Groupe d’experts des Nations Unies sur les chaînes d’approvisionnement en minerais responsables », sur OECD, 2-4 mai 2017 (consulté le )
- (en-US) « Goldman Prize Recipient and Renowned Afro-Colombian Activist Francia Márquez to Vice President Kamala Harris: "Afro-Colombian and Indigenous people are tired of being in the midst of violent confrontations" », sur Colombia Peace, (consulté le )
- « Le peuple afro-colombien veut aussi la paix », sur Le Courrier, (consulté le )
- « Es oficial: Francia Márquez será la fórmula vicepresidencial de Gustavo Petro. », sur elespectador.com,
- Sophie Boutboul, « En Colombie, Francia Márquez, première afro-descendante à la vice-présidence, suscite attentes et espoirs », sur Mediapart,
- (es) « Francia Márquez: sería también ministra de la Igualdad », (consulté le )
- (es) « El Congreso de Colombia aprueba la creación del Ministerio de la Igualdad y la Equidad »,
- (es) « ElNace en Colombia el Ministerio de la Igualdad »,
- AFP, « Colombie: attentat déjoué contre la vice-présidente Francia Marquez », sur Orange Actualités, (consulté le )
- « Colombie | La vice-présidente Francia Marquez victime d’attaques racistes », sur La Presse, (consulté le )
- « La visite officielle en Afrique de la vice-présidente colombienne provoque un tollé dans les rangs de la droite », Le Monde.fr, (lire en ligne)
Article connexe
modifierLiens externes
modifier
- Site officiel
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Elizabeth et Stephen Ferry. « Mines et défense du territoire afro-colombien: la communauté de Yolombó, Colombie. " ReVista: Harvard Review of Latin America (hiver 2018)
- Patrick Kane. "Pourquoi 22 femmes afro-colombiennes ont-elles occupé le ministère colombien de l'Intérieur pendant cinq jours?" HuffingtonPost.co.uk, (3 décembre 2014)
- Sommet national agraire et populaire