Frappe sur le quartier général du Hezbollah

Le 27 septembre 2024, l'armée de l'air israélienne a attaqué le quartier général du Hezbollah dans le quartier de Dahieh à Beyrouth. D'après les informations, la cible de l'attaque était Hassan Nasrallah, le secrétaire général du parti[1][2][3]. Selon Reuters, l'armée de l'air israélienne a utilisé des bombes anti-bunker, et plusieurs immeubles proches du quartier général du Hezbollah ont été détruits dans le bombardement.[3]

Frappe sur le quartier général du Hezbollah
Localisation Drapeau du Liban Liban
Cible Membres du Hezbollah, Hassan Nasrallah
Date
18:30 et ~18
Auteurs Drapeau d’Israël Israël

La frappe est survenue peu de temps après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ait pris la parole aux Nations unies, promettant que la campagne d'Israël contre le Hezbollah se poursuivrait et écartant tout cessez-le-feu[2].

Contexte

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Un jour après les attaques du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël, le Hezbollah a rejoint le conflit en soutien au Hamas en tirant sur des localités du nord d'Israël et d'autres positions israéliennes afin de réclamer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.[4][5] Depuis lors, le Hezbollah et Israël sont impliqués dans des échanges de tirs transfrontaliers, entrainant le déplacement de communautés entières en Israël et au Liban, et causant des dommages significatifs aux bâtiments et aux terres le long de la frontière.[6] Le parti chiite mène des attaques et ripostes de faible intensité afin d'éviter une guerre ouverte, privilégiant une stratégie de harcèlement d'Israël. Les attaques menées contre des objectifs militaires n'ont ainsi pour but que de faire pression pour qu'un cessez-le-feu soit conclu à Gaza. En constituant une menace permanente, le Hezbollah oblige Tel-Aviv à mobiliser des troupes au nord, ce qui desserre quelque peu l'étau qui étreint le Hamas. En outre, en obligeant des milliers de civils israéliens à évacuer leurs foyers dans le nord du pays, il crée un problème politique Benjamin Netanyahou, lequel doit composer avec la pression de ces déplacés[7].

Les 17 et 18 septembre 2024, des milliers de bipeurs portatifs et de talkies-walkies ont explosé au Liban. Ces explosions ont tué 42 personnes et blessé au moins 3 500 autres, touchant à la fois des civils libanais et des membres du Hezbollah. Les analystes s'accordent à considérer qu’Israël était responsable des explosions, bien que des responsables israéliens aient nié toute implication. Il a été rapporté que 1 500 combattants du Hezbollah ont été mis hors de combat en raison de ces explosions, beaucoup étant devenus aveugles ou ayant perdu l'usage de leurs mains.[8]

Depuis le 23 septembre 2024, Israël a mené des centaines d'attaques au Liban. Tsahal a affirmé que des avions israéliens ont ciblé 1 600 positions du Hezbollah, détruisant des missiles de croisière, ainsi que des roquettes à longue et courte portée et des drones d'attaque. Avant les frappes, Israël a prévenu les citoyens du Liban d'évacuer les bâtiments où sont stockés des armes du Hezbollah, ou abritant des centres de commandement de cette organisation.[9] Ces bombardements ont fait plus de 700 morts en trois jours, majoritairement des civils selon le ministère libanais de la Santé, et des milliers de blessés[10].

Le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible invasion du Liban[11].

Attaque

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L'armée israélienne a annoncé le 27 septembre 2024 qu'elle avait effectué une frappe aérienne sur le quartier général du Hezbollah à Beyrouth, où une énorme explosion a rasé des bâtiments dans la partie sud de la ville, envoyant des nuages de fumée orange et noire dans le ciel. La frappe dans la banlieue de Dahiyeh à Beyrouth est survenue peu de temps après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ait pris la parole aux Nations unies, promettant que la campagne d'Israël contre le Hezbollah se poursuivrait. Plus tôt dans le journée, des funérailles se sont tenues dans la région pour trois membres du Hezbollah, dont un commandant important, qui ont été tués lors de frappes précédentes.[2][3]

Il n'y avait pas d'informations immédiates sur les victimes de la frappe. Le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que la cible était le principal quartier général du Hezbollah, situé sous des immeubles résidentiels. La chaîne Al-Manar du Hezbollah a rapporté que quatre bâtiments ont été réduits en décombres à la suite de l'explosion, qui était si puissante que des tremblements ont été ressentis jusqu'à 30 kilomètres au nord de Beyrouth. Des ambulances ont été vues se dirigeant vers les lieux.[2][3] Zainab Nasrallah, la fille du secrétaire général du Hezbollah, aurait été tuée selon des sources israéliennes[12].

Selon David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, Tsahal « a sûrement frappé en deux temps. D’abord en rasant les immeubles puis en envoyant des bombes pénétrantes dans les bunkers[10]. »

Réactions

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Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, dénonce une « guerre génocidaire » menée par Israël contre le Liban. Benyamin Netanyahou a quant à lui écourté son voyage aux États-Unis pour rentrer à Tel-Aviv[10].

L’ONU a exprimé sa « vive inquiétude » et Jeanine Hennis-Plasschaert, coordonnatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, a souligné que « la ville tremble encore de peur et la panique est généralisée. Il est urgent de cesser le feu ». Elle se dit aussi « profondément alarmée et inquiète de l'impact civil potentiel des frappes massives sur la banlieue sud de Beyrouth »[11].

Washington, allié inconditionnel d’Israël, a affirmé ne pas avoir été mis au courant de cette frappe[10].

Selon le chercheur David Khalfa, codirecteur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean-Jaurès, cette attaque montre la volonté d’Israël « de détruire totalement l’appareil politico-militaire du Hezbollah » et pourrait « changer la donne de la dynamique guerrière » et entraîner une « aggravation du conflit », particulièrement si l’Iran réagit[10].

Références

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  1. « "Israel hits Beirut suburbs with heavy airstrikes" »
  2. a b c et d (en-GB) « Israel-Lebanon latest: Beirut rocked by multiple blasts as Israel says it attacked Hezbollah headquarters », sur BBC News (consulté le )
  3. a b c et d (en) « Israel says it struck Hezbollah's headquarters in huge explosion that killed at least 2 people », sur AP News, (consulté le )
  4. (en) « Pager detonations wound thousands, majority Hezbollah members, in suspected cyberattack », sur The Jerusalem Post | JPost.com, (consulté le )
  5. (en-GB) « Smoke on the horizon: Israel-Hezbollah all-out war edges closer », sur www.bbc.com (consulté le )
  6. « "Israeli strikes in Lebanon kill three including Hezbollah commander, sources say »
  7. Akram Belkaïd, « Le Liban au cœur de la tempête », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  8. « "Hezbollah's tunnels and flexible command weather Israel's deadly blows" »
  9. « Kingsley, Patrick; Boxerman, Aaron (23 September 2024). "Israel and Hezbollah Trade Heavy Fire; Over 180 Killed in Lebanon, Officials Say". The New York Times. Archived »
  10. a b c d et e https://www.leparisien.fr/international/israel/scenes-de-panique-nasrallah-vise-ce-que-lon-sait-du-raid-israelien-dampleur-sur-le-qg-du-hezbollah-au-liban-27-09-2024-SR2NUO7OXRH5FPNUV7QTJCB47M.php
  11. a et b https://www.lorientlejour.com/article/1428845/frappe-israelienne-sur-le-qg-du-hezbollah-dans-la-banlieue-sud-de-beyrouth-ce-quil-faut-savoir.html
  12. https://www.i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/artc-zainab-nasrallah-fille-du-leader-du-hezbollah-aurait-ete-tuee-dans-une-frappe-a-beyrouth