Gène flaxen

gène de robe du cheval

Alezan crins lavés

Gène flaxen
Alezan crins lavés

Robe du cheval

Description de cette image, également commentée ci-après
Un cheval de race finlandaise à la robe alezan, porteur du gène flaxen qui donne les crins lavés.
Génotype
Notation ee ff
Robe de base Alezan
Dilution Gène flaxen (f)
Phénotype
Corps Fauve à roux, plus ou moins soutenu
Crins Beige à jaune
Fréquence
Porteur(s) Haflinger, Cheval de la Forêt-Noire, Jutland
Représentant(s) Poly, Corrida, Hyperion

Le gène Flaxen est un gène de dilution qui décolore les crins de la robe du cheval alezan, donnant un phénotype nommé l’alezan crins lavés. Les crins du cheval, c'est-à-dire la crinière et la queue, ainsi que les fanons, sont alors dans les tons blonds, plus clairs que le fond de sa robe qui reste dans des tons fauves à roux. Encore non-identifié, le gène Flaxen est présumé récessif. Il n'agit que sur le pigment alezan en donnant des crins blonds, qu'il s'agisse d'un alezan classique ou d'un alezan brûlé. Il ne faut pas confondre le gène Flaxen avec le gène Silver, qui n'agit que sur le pigment noir, ni avec le palomino qui est dû au gène Crème.

Certaines races de chevaux, comme l'Haflinger, sont sélectionnées sur cette particularité. La robe alezan crins lavés peut cependant apparaître chez de nombreuses autres races, y compris le Pur-sang. En France, elle est réputée pour être la robe de Poly, le poney Shetland mis en scène dans la série télévisée Poly.

Terminologie

modifier
Tête d'un Haflinger porteur du gène flaxen.

Le terme français « crins lavés » désigne par défaut un cheval dont les crins sont plus clairs que la robe[1], aussi bien en France qu'au Québec[2]. Il peut donc désigner des chevaux porteurs du gène Flaxen ou du gène Silver. La fréquence de l'alezan aux crins plus clairs a longtemps fait classer cette particularité des crins lavés comme étant une sous-catégorie de l'alezan par les Haras nationaux français. Les rares chevaux porteurs du gène Silver nés sur le sol français, comme certains Comtois (surnommés les « alezans comtois »), étaient alors classés par erreur comme étant des « alezans crins lavés ». Depuis 1999, une nouvelle nomenclature a été établie. Les chevaux génétiquement porteurs d'un gène Silver, comme les Comtois, sont désormais nommés des « bais crins lavés », et donc distingués des alezans crins lavés[3].

Le nom du gène, « Flaxen », provient d'un mot anglais pour désigner les cheveux des albinos. Il signifie « blond, filasse »[4].

Identification

modifier

Ces chevaux sont reconnaissables à leur crinière, leur queue et leurs fanons de teinte plus claire que le fond de leur robe[5], qui est de couleur alezane, qu'elle soit classique ou « brûlée ».

Des chevaux rattachés à un autre génotype sont fréquemment confondus avec les alezans exprimant un gène Flaxen. Il est difficile de différencier à l’œil un alezan crins lavés (Flaxen) d'un cheval bai crins lavés (Silver), sinon par la couleur du bas des jambes, qui est noire chez un bai exprimant le gène Silver[6]. Les alezans exprimant un gène Dun peuvent présenter une décoloration des crins, mais restent différenciés par leur raie de mulet et la teinte légèrement plus foncée de leur queue. De même, les palominos sont parfois confondus avec les alezans crins lavés[7], bien que leur couleur de robe soit plus claire.

Génétique

modifier

Encore peu connu, le gène Flaxen est responsable du phénotype crins lavés chez le cheval alezan[8]. Une première étude réalisée en 2007 a permis de décoder le gène Silver, et de déterminer que l'alezan aux crins lavés est rattaché à un autre type de mutation que ce dernier, mais sans parvenir à l'identifier[9]. En 2009, une autre étude sur la race du Morgan américain permet de comprendre l'héritabilité du gène flaxen, mais pas son mode de transmission. À cette occasion, le caractère récessif de ce gène est établi[10].

Le gène flaxen est donc noté f (F si absent), comme tous les gènes récessifs. Il n'agit que sur une robe alezane (ee). Il faut deux allèles pour qu’un phénotype de crins lavés soit créé. Un cheval ff est flaxen. Un cheval Ff ou fF porte la mutation responsable et ne l'exprime pas, mais il pourra transmettre l'allèle à ses descendants. Les preuves d'un mode de transmission récessif mendélien sont apportées dans des études préliminaires, montrant que les chevaux alezans aux crins lavés accouplés avec d'autres chevaux de la même robe ne produisent que des alezans aux crins lavés[10].

Héritabilité du gène flaxen[10]
Génotype Phénotype Transmission du gène à la descendance
ee ff Alezan aux crins lavés 100 % (donne 100 % d'alezans crins lavés si accouplé avec un autre alezan crins lavés)
ee Ff / ee fF Alezan 50 % (donne 50 % d'alezans crins lavés si accouplé avec un alezan crins lavés, donne 25 % d'alezans crins lavés si accouplé à un autre ee Ff / ee fF)
ee FF Alezan Impossible

Le degré d'expression de la caractéristique est très variable, cependant, certains chevaux alezans qui ne présentent pas beaucoup de crins clairs peuvent avoir une descendance fortement porteuse de crins clairs. Certains chercheurs ont émis l'hypothèse qu'il y aurait plus d'un gène impliqué[10]. Le gène flaxen n'affecte pas les chevaux noirs ou bais, seulement les alezans. Il y a des exemples d'alezans crins lavés nés de parents noirs ou bais. On suppose donc que ce gène peut être masqué chez les chevaux d'autres couleur que l'alezan, mais reste transmissible à leur progéniture[11].

Le gène flaxen n'est a priori associé à aucune maladie connue. Des vétérinaires qui ont étudié la dermatose chronique des membres des chevaux de trait (« eaux aux jambes ») avaient cependant noté dans les années 1950 qu'elle touche plus souvent des chevaux de trait belge alezans aux crins lavés[12]. Une prédisposition génétique rend certaines races et certaines lignées plus sensibles à cette maladie[13].

Fréquence

modifier

Certaines races de chevaux ont été sélectionnées pour leur expression du flaxen, ainsi, le Haflinger porte toujours une robe alezane aux crins lavés[14]. C'est presque le cas du cheval de la Forêt-Noire, avec 97 % de sujets alezans aux crins lavés[15]. Chez le Jutland, cette robe est considérée comme la couleur nationale de la race. Un élevage sélectif en a augmenté la fréquence[16].

Différents chevaux connus pour leur robe alezane aux crins lavés

D'autres races la présentent très souvent, mais peuvent aussi arborer d'autres robes, c'est le cas du Finlandais[17] et du Noriker, plus généralement avec de l'alezan brûlé pour ce dernier[18]. La robe est également assez fréquente chez le Breton (de même que chez le Trait italien qui en est issu[19]), le Dartmoor, le Shetland, le Morgan[10] et le Trait lituanien. Le haras de Kirkjubaer a sélectionné une lignée d'Islandais aux crins lavés[20].

Certains chevaux célèbres portent une robe alezan aux crins lavés, notamment Corrida, une jument Pur-sang vainqueur de deux Prix de l'Arc de Triomphe en 1936 et 1937[21], de même que Hyperion, surnommé « le tourbillon anglais », un étalon Pur-sang de course[22]. Poly, le poney alezan à la crinière blonde héros de la série télévisée homonyme, était alezan crins lavés. Le Pur-sang réformé nommé Laudanum, l'un des premiers chevaux de saut d'obstacles de Pierre Durand acquis en 1973 (devenu un étalon de croisement réputé), était lui aussi un alezan aux crins lavés[23].

Dans la culture

modifier
Whistlejacket, célèbre tableau de George Stubbs représentant un étalon alezan aux crins lavés.

Cette robe est citée dans des œuvres de fiction. Henri Spade cite un postier breton alezan brûlé aux crins lavés dans son roman Mathieu, Gaston, Peluche[24]. Yann Brekilien fait de même dans La louve et le sanglier[25].

Annexes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes

modifier

Notes et références

modifier
  1. Jean-Claude Boulet, Equine multilingual dictionary, JC Boulet, , 3, intégrale éd., 527 p. (ISBN 978-2-9804600-6-7, lire en ligne), p. 263.
  2. Voir cet ouvrage québécois : Sainte Anne de la Pocatière, Quebec. École supérieure d'agriculture, Manuel d'agriculture par les professeurs de l'École supérieure d'agriculture de Ste-Anne de la Pocatière : Les animaux, Des ateliers de l'Action catholique, , p. 194.
  3. Laurence Grard Guénard, Les fondamentaux de l'attelage : Galops 1 à 7, Éditions Amphora, , 360 p. (ISBN 2851807382 et 9782851807380, lire en ligne), p. 24.
  4. Pascale Jeambrun et Bernard Sergent, Les enfants de la lune : l'albinisme chez les Amérindiens, Paris, IRD Edition, , 351 p. (ISBN 2-85598-488-2 et 9782855984889, lire en ligne), p. 17.
  5. « Les robes », Cheval Magazine, no 267,‎ .
  6. Khatib 2015, p. 109.
  7. (en) Ann T. Bowling et Anatoly Ruvinsky, The Genetics of the Horse, CABI, , 512 p. (ISBN 0-85199-925-5 et 9780851999258, lire en ligne), p. 62.
  8. S. Danvy, C. Dubois et A.C. Grison, « Génétique des mélanges de poils, panachures et autres particularités », Haras nationaux, (consulté le ).
  9. (en) M. Reissmann, J. Bierwolf et G. A. Brockmann, « Two SNPs in the SILV gene are associated with silver coat colour in ponies », Anim. Genet, vol. 38, no 1,‎ , p. 1-6 (lire en ligne).
  10. a b c d et e Collectif 2009
  11. (en) « Flaxen Chestnut Color Inheritance Studied », TheHorse.com, (consulté le ).
  12. Henri Tavernier, Pratique vétérinaire, Vigot frères, , p. 116.
  13. I. Barrier, « La dermatophilose ou "gale de boue" », les Haras nationaux, (consulté le )
  14. Lætitia Bataille, Les poneys : races et élevage, Paris, France Agricole Editions, , 351 p. (ISBN 978-2-85557-140-9, lire en ligne), p. 137.
  15. S. Momke1, R. Schrimpf1, C. Dierks1 et O. Distl, « Incidence of Mutation for Silver Coat Color in Black Forest Horses », Iranian Journal of Applied Animal Science, vol. 3, no 4,‎ , p. 859-861 (lire en ligne).
  16. (en) Maurizio Bongianni (trad. de l'italien par Ardèle Dejey), Simon & Schuster's guide to horses & ponies of the world, Simon & Schuster, Inc., , 255 p. (ISBN 0-671-66068-3 et 9780671660680, OCLC 16755485, lire en ligne), p. 188.
  17. (fi) Johanna Viitanen, Hevosen värit [Couleurs équines], Vudeka, , 176 p. (ISBN 978-952-99464-8-8), p. 147.
  18. Elwyn Hartley Edwards, Les chevaux, Éditions de Borée, , 272 p. (ISBN 978-2-84494-449-8), p. 213.
  19. (en) Bonnie Lou Hendricks et Anthony A. Dent, « Italian Heavy Draft », dans International Encyclopedia of Horse Breeds, University of Oklahoma Press, , 486 p. (ISBN 080613884X et 9780806138848), p. 238-239.
  20. Bataille 2008, p. 74.
  21. Homéric, « Corrida », dans Dictionnaire amoureux du Cheval, Plon, (ISBN 9782259218597).
  22. Renom de France - Officier des haras, Grandes lignées de race pure, Nouvelles éditions latines, (ISBN 978-2-7233-1111-3), p. 58.
  23. Pierre Durand et Michel Fradet, Jappeloup, Michel Lafon, , 257 p. (ISBN 978-2-7499-1825-9 et 2-7499-1825-1, lire en ligne), Chap. Pau, la victoire fondatrice.
  24. Henri Spade, Mathieu, Gaston, Peluche: roman, éditions France-Empire, 1976, p. 10 ; 81.
  25. Yann Brékilien, La louve et le sanglier : les chemins d'Alâesia, t. 1, Monaco/Paris, Editions du Rocher, , 523 p. (ISBN 2-268-00385-X et 9782268003856), p. 167.

Bibliographie

modifier

Articles et ouvrages de génétique

modifier
  • [Collectif 2009] (en) Collectif, « Flaxen Color Genetic Research in Progress », The Horse,‎ (lire en ligne)
  • [Khatib 2015] (en) Hasan Khatib, Molecular and Quantitative Animal Genetics, John Wiley & Sons, , 336 p. (ISBN 978-1-118-67740-7 et 1-118-67740-4, lire en ligne)
  • [Sponenberg et Bellone 2017] (en) Dan Phillip Sponenberg et Rebecca Bellone, Equine Color Genetics, Wiley, , 4e éd., 352 p. (ISBN 1-119-13060-3, OCLC 971462711).Voir et modifier les données sur Wikidata
  • [Tsaag Valren et Népoux 2019] Amélie Tsaag Valren et Dr. Virginie Népoux, Beauté des chevaux, le mystère de leurs robes, Éditions France Agricole, , 256 p. (ISBN 979-10-90213-98-2).Voir et modifier les données sur Wikidata

Ouvrages généralistes

modifier