Gérard Leretour
Naissance
Le Houlme (Seine-Inférieure)
Décès (à 80 ans)
Bulnes (Chili)
Origine français
Type de militance insoumis
objecteur de conscience
journaliste
Cause défendue libertaire
antimilitarisme

Gérard Leretour, né le à Le Houlme (Seine-Inférieure) et mort le à Bulnes (Chili), est un antimilitariste, objecteur de conscience libertaire français et fondateur de la Ligue des objecteurs de conscience, future section française de l’Internationale des résistants à la guerre (IRG).

Timbre édité par le Centre de défense des objecteurs de conscience (sans doute en 1936).

En 1929, il est appelé à faire son service militaire. Il refuse d’y aller. Arrêté, il entame une grève de la faim, est interné à l’asile et s'en évade pour s'exiler en Belgique. Après une nouvelle grève de la faim, il est réformé en 1933. Il est le premier à ouvrir une brèche dans le caractère obligatoire du service militaire.

Biographie modifier

Il naît dans une famille ouvrière normande.

Pour fuir la conscription, il s'installe à Bruxelles, où il fait la connaissance de Hem Day.

En 1929, il est jugé en France par contumace, par un tribunal militaire, pour son insoumission.

Il se constitue prisonnier le , il est alors incarcéré à Paris[1], où il commence une grève de la faim[2],[3],[4]. Après 16 jours de grève de la faim[5], il est réformé pour « inaptitude psychologique au métier des armes »[6].

Il crée en , avec l'anarchiste Eugène Lagomassini dit Lagot[7], la Ligue des objecteurs de conscience qui deviendra la section française de l'Internationale des résistants à la guerre.

À la fin de l’année 1933, il est arrêté avec Albert Daunay pour avoir mutilé la statue de Paul Déroulède (fondateur de la Ligue des patriotes) dans un square de Paris afin d'attirer l'attention sur un objecteur de conscience emprisonné et en grève de la faim[6],[8]. Il est condamné à un an de prison[a] et Daunay à six mois[9],[10]. Il fait une nouvelle grève de la faim pour obtenir le statut de prisonnier politique[11].

La Ligue des objecteurs est dissoute officiellement après cette affaire[12]. Il la reconstitue, en 1936, sous le nom de Centre de défense des objecteurs de conscience et publie à partir du le journal Rectitude, « organe des pacifistes d'action ».

En 1936, lorsque éclate la révolution sociale espagnole, il participe au Comité pour l'Espagne libre créé par Louis Lecoin. Il écrit au Président de la République espagnole : « J'ai l'honneur, au nom de la Ligue des objecteurs de conscience, de vous demander l'autorisation de participer à la défense du peuple espagnol attaqué par les mercenaires du fascisme international[13]. »

En 1937, il est à nouveau incarcéré pour des propos tenus lors d'une conférence au Mans.

En octobre, il publie un numéro du journal L'Insurgé, le vrai.

En 1939, fuyant la mobilisation, il s'exile au Chili où il se fixe et continue à correspondre avec Louis Lecoin jusque dans les années soixante.

Selon Léo Campion[14], Leretour aurait été franc-maçon[15].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Toutefois, Les Cahiers des Droits de l'Homme du 30 novembre 1935 font état d'une condamnation à dix-huit mois, puis, pour provocation au meurtre, à deux ans de prison avec confusion de peine. Les Cahiers réclament une mesure de clémence pour Leretour.

Références modifier

  1. « Un « objecteur de conscience » se constitue prisonnier », Le Petit Parisien,‎ , p. 3
  2. G. de la Fouchardière, « Don Quichotte est-il un flaougnard ? », L’Œuvre,‎ , p. 2
  3. « L'objecteur de conscience Leretour fait la grève de la faim et de la soif », L'Humanité,‎ , p. 3
  4. « Tous les travailleurs avec le S.R.I. soutiennent et défendent les objecteurs de conscience », La Défense, organe de la Section française du Secours rouge, no 180,‎ , p. 3
  5. « Leretour sera libéré », Le Populaire,‎ , p. 1 et 3
  6. a et b « La mutilation, square Laborde, de la statue de Paul Déroulède », Le Journal,‎ , p. 1 et 4
  7. Dictionnaire international des militants anarchistes : Eugène Lagomassini.
  8. « La mutilation de la statue de Paul Déroulède », Excelsior,‎ , p. 4
  9. « Les deux objecteurs de conscience sont condamnés », L'Ouest-Éclair,‎ , p. 2
  10. Eugène Quinche, « Gérard Leretour condamné à un an de prison », Le Petit Parisien,‎ , p. 1-2
  11. G. de la Fouchardière, « Une voix de femme dans la tempête », L'Œuvre,‎ , p. 2
  12. « Tribunal civil de la Seine ; Audience du 2 janvier 1935 », Le Droit, journal des tribunaux,‎ , p. 1
  13. Le Droit du peuple, quotidien socialiste de Lausanne cité par « Objecteur de conscience et mutilateur de statue », Gazette de Lausanne,‎ , p. 6 et par S., « La fin d'une hypocrisie », Le Journal de Genève,‎ , p. 3
  14. « Le drapeau noir, l'équerre et le compas », en lecture libre sur le site Alternative Libertaire ou en pdf, consulté le 27 juin 2021
  15. Dictionnaire international des militants anarchistes : Gérard Leretour

Œuvre modifier

  • Soldat ? Jamais !, préface de Victor Margueritte, Éditions de L’Idée libre, 1933 ; Solanhets, 2018.

Bibliographie modifier

  • Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, de 1914 à nos jours, tome 2, Paris, Gallimard, 1992, page 309.
  • Roger Boutefeu, Veille de fête : roman, Éditions du Seuil, 1950, pages 183 & 185.
  • François Caradec, Noël Arnaud, Encyclopédie des farces et attrapes et des mystifications, J. J. Pauvert, 1964, page 238.
  • Maurice Vaïsse, Sécurité d'abord : la politique française en matière de désarmement, -, Éditions Pedone, 1981, page 443.
  • Michel Auvray, Objecteurs, insoumis, déserteurs : histoire des réfractaires en France, Stock, 1983, page 180.
  • Régis Antoine, La littérature pacifiste et internationaliste française, 1915-1935, L'Harmattan, 2002, page 172.
  • Laurent Martin, Le Canard enchaîné. Histoire d'un journal satirique 1915-2005, Nouveau Monde Editions, 2005, page 180.
  • Olivia Carpi, Philippe Nivet, Guerre et politique en Picardie: aux époques moderne et contemporaine, actes du colloque, Amiens, , Université de Picardie, Centre d'histoire des sociétés, Encrage, 2007, page 103.

Notices modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Documentaire "Gérard Leretour (1909- ?) Le héros qui ne voulait pas devenir soldat" [1] diffusé le dans l'émission La Fabrique de l'Histoire sur France Culture