Gaëtan Duval
Sir Charles Gaëtan Duval, plus connu sous le nom de Gaëtan Duval, né le à Beau-Bassin Rose-Hill et mort le dans la même ville, est un avocat et homme politique mauricien, chef de file du Parti mauricien social démocrate de 1967 à sa mort.
Leader charismatique et représentatif de la bourgeoisie créole, il est député à partir de 1960 et plusieurs fois ministre sous les gouvernements de sir Seewoosagur Ramgoolam et Sir Anerood Jugnauth. Il reste dans les mémoires comme ministre mauricien du Tourisme de 1967 à 1973, puis de 1986 à 1988[1].
Il est l'une des personnalités politiques les plus connues à l'île Maurice et à l'étranger[2], ayant particulièrement contribué à faire du pays une destination prisée par les touristes fortunés[1]. Sa popularité lui vaut le surnom de « roi des Créoles » auprès de la population mauricienne[3] .
Adversaire de l'indépendance aux côtés de Jules Koenig[4], Duval engage par la suite son parti dans un gouvernement d'unité nationale avec le Parti travailliste de Sir Seewoosagur Ramgoolam dès 1969[5].
Ses différends avec le Mouvement militant mauricien de Paul Bérenger[6] et ses frasques en tant qu'homme politique[7] en ont fait un personnage controversé, parfois qualifié de « démagogue » et entretenant une proximité avec le milieu des affaires et l'élite franco-mauricienne de l'île[8]. Il est enterré au cimetière de Saint-Jean à Quatre-Bornes et fait toujours l'objet d'homélies régulières de la part des partisans du Parti mauricien social démocrate et de ses sympathisants[9].
Biographie
modifierGaëtan Duval naît à Rose Hill le . Son père Charles est fonctionnaire et sa mère Rosina, femme au foyer. À la mort de son père en 1933, alors qu'il n'a que trois ans, c'est son oncle Raoul qui l'élève. Le jeune Duval fréquente l'école primaire Saint-Enfant-Jésus RCA et le Collège royal de Curepipe. Il étudiera ensuite le droit à la faculté de droit de Paris.
Il est considéré, au niveau international, comme étant l'un des avocats les plus chevronnés de son temps. Duval est aussi un passionné de sport équestre, fin gourmet et bon vivant. À sa mort, beaucoup de Mauriciens l'appellent le Roi des Créoles.
Sa biographie, autorisée par la famille Duval et écrite par Marcel Lindsay Noë, L'Enfant Terrible de l'île Maurice, a été publiée en 2004.
Carrière politique
modifierAprès ses études de droit à la Sorbonne, il se lance dans l'arène politique mauricienne aux côtés de Jules Koenig, fondateur du PMSD. Ce parti prône l'adhésion au sein du Royaume-Uni alors que le Parti de l'Indépendance de Seewoosagur Ramgoolam se bat pour l'indépendance du pays. Le PMSD perd les élections d'août 1967, mais intègre le gouvernement d'unité nationale formé en décembre 1969.
Duval occupe divers postes de ministre dans les gouvernements de Seewoosagur Ramgoolam et par la suite d'Anerood Jugnauth. Il occupe le poste le leader de l'opposition en quatre occasions et meurt le en tant que tel. Il fut aussi le premier Lord Maire de Port Louis. Gaëtan Duval contribua grandement au développement du secteur textile et touristique de Maurice pendant les années 1980. De nos jours, ces deux secteurs sont les poumons de l'économie mauricienne.
Avec Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo, Gaëtan Duval est considéré comme l'un des grands contributeurs au développement de Maurice.
Il avait de très bonnes relations avec des politiciens et hommes de pouvoir étrangers (Omar Bongo, Jacques Chirac, Charles Pasqua, Jean-Marie Le Pen[10] par exemple).
Il est le père de deux enfants, Xavier-Luc Duval, lui-même politicien et fondateur de son propre parti, le Parti mauricien Xavier Duval (PMXD), et Richard Duval qui fait partie du PMSD. Le père et le fils s'affrontèrent dans les années 1990 pour le nom et l'emblème, le coq, du PMSD. La justice mauricienne trancha en faveur de Gaëtan Duval.
Le PMSD est aujourd'hui réuni sous Xavier-Luc Duval qui a dissous son parti, le PMXD. En 2010, le PMSD fait alliance avec le Parti travailliste du docteur Navin Ramgoolam. Les fils des deux tribuns réunis politiquement comme leurs pères l'avaient fait en 1969.
En , on a célébré le quinzième anniversaire de sa mort.
Postérité et distinctions
modifierEn reconnaissance de son action politique et judiciaire, la Légion d'honneur lui fut décernée par la France et il fut anobli par la reine Élisabeth II. À Maurice, plusieurs infrastructures portent son nom, dont l'école hôtelière d'Ébène et le stade de la municipalité de Rose Hill. Le , le Conseil des ministres a par ailleurs annoncé que l'aéroport de Plaine Corail de Rodrigues serait rebaptisé « Aéroport Sir Gaëtan Duval », en hommage à ce dernier, qui avait grandement contribué à l'essor économique de l'île, surtout dans le domaine touristique.
Notes et références
modifier- Emmanuel Gregoire, « Développement touristique et reproduction sociale à l’île Maurice », Civilisations. Revue internationale d'anthropologie et de sciences humaines, no 57, , p. 91–106 (ISSN 0009-8140, DOI 10.4000/civilisations.1141, lire en ligne, consulté le )
- « Marcel Lindsay Noë : «Sir Gaëtan Duval voulait vivre au-delà de la mort » », sur r1.mu, (consulté le )
- Isabelle Widmer, La Réunion et Maurice: parcours de deux îles australes des origines au XXe siècle, INED, (ISBN 978-2-7332-0155-8, lire en ligne)
- Histoires Mauriciennes, « La route vers l’indépendance, 2e partie », sur histoiresmauriciennes.com, (consulté le )
- Histoires Mauriciennes, « L’Ile Maurice, du Xe au XXIe siècle – un survol politique par Philippe Hitié - 2e partie (Crédit photo GIS) », sur histoiresmauriciennes.com, (consulté le )
- « L’affaire Azor Adelaïde : l’histoire du 1er meurtre politique à Maurice », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- admin, « 85E ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE SIR GAËTAN DUVAL : L’histoire Benjamin Moutou raconte Gaëtan Duval », sur Le Mauricien, (consulté le )
- « Gaétan Duval Le dandy de la politique mauricienne », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- admin, « PMSD—ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE SGD: Dépôt de gerbes au cimetière Saint-Jean », sur Le Mauricien, (consulté le )
- « M. Jean-Marie Le Pen " M. Giscard d'Estaing aide l'U.R.S.S. à faire de l'Europe un glacis neutralisé " », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )