Gab Sorère

artiste visuelle et chorégraphe

Gab Sorère, née Gabrielle Bloch le à Paris 8e et morte le à Rambouillet[1], est une artiste, chorégraphe et réalisatrice française de la Belle Époque. Elle est notamment connue pour les mises en scène des spectacles de sa compagne Loïe Fuller, jouant notamment sur les ombres et lumières.

Gab Sorère
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Gabrielle BlochVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Jeunesse

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Gabrielle Bloch est la fille du banquier Camille Bloch (négociant). Sa mère, Anna Lucie Silbernagel (1857-1893), est l'autrice du livre Au loin, impressions hindoues, publié en 1898[2], sous le nom d'Anna Bloch, par sa fille à titre posthume. Gabrielle Bloch est éduquée à la maison, lisant Schopenhauer à l'âge de neuf ans et étudiant la littérature de l'Inde ancienne à seize ans[3].

En 1892, Gabrielle Bloch voit Loïe Fuller se produire à ses débuts à Paris.

Carrière

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Gabrielle Bloch et Loïe Fuller vivent ensemble à partir de 1898, suscitant de vives réactions, du fait de leur relation ouvertement lesbienne et de l'habitude de Gabrielle de s'habiller en homme[4]. Elle joue un rôle important en incitant Loïe Fuller à ouvrir une école de danse pour empêcher sa rivale Isadora Duncan de lui prendre des élèves[5].

Au cours de la Première Guerre mondiale, Gabrielle Bloch met en place un service de secours pour le transport de vêtements et de vivres en Belgique et dans le nord de la France[6].

Vers 1920, Gabrielle Bloch travaille sous le nom de Gab Sorère[4]. Elle collabore avec Fuller, tout en travaillant en tant que promoteur d’autres artistes[7] [8]. Elle travaille comme décoratrice de théâtre, inventant des accessoires mécaniques, avant de se lancer dans la réalisation de films[8].

Les deux femmes auraient fait trois films ensemble[9] :

  • Le Lys de la vie, 1921[10] ;
  • Visions des rêves, 1924 ;
  • Les Incertitudes de Coppélius, 1927.

Le Lys de la vie est un film muet basé sur une histoire écrite par la reine Marie de Roumanie, amie proche du couple[11]. C'est le seul qui ait été conservé[12].

Lorsqu'elle ne collabore pas avec Fuller, Sorère dirige la galerie de mobilier et de décoration d'intérieur d'Eileen Gray. La galerie, connue sous le nom de Jean Désert, fonctionne de 1922 à 1930[13]. En 1926, Gab Sorère et Loïe Fuller accompagnent la reine Marie de Roumanie lors d'une tournée aux États-Unis[14].

Loïe Fuller tombe malade (pneumonie) pendant le tournage du film Les Incertitudes de Coppélius. Basé sur l’histoire d'E.T.A. Hoffmann, L'Homme au sable, il met en scène les danseurs de la troupe de Fuller. La danseuse s'éteint le 2 janvier 1928 à Paris. Son corps est incinéré et déposé au colombarium du cimetière du Père-Lachaise[15].

Gab Sorère hérite de l'entreprise et du laboratoire où les deux femmes menaient les expériences d'éclairage et de peinture[16]. Par la suite, elle continue de protéger l'héritage de Fuller, poursuivant en justice les danseuses se présentant indûment comme héritières de la danseuse ou de sa troupe[17],[18].

Sorère devient par la suite la compagne de la chanteuse Damia[13] et continue à expérimenter des sels phosphorescents pour obtenir des effets de lumière théâtrale[19].

En 1934, le film La Féerie des Ballets fantastiques de Loïe Fuller , produit par George R. Busby, comporte une chorégraphie de Gab Sorère, qui a reconstitué certaines des danses de Fuller[20]. Bien que faible par son scénario, ce film utilise des techniques innovantes pour modifier des perceptions de la perspective[21].

Quatre ans plus tard, en 1938, Gab Sorère produit Ballets et Limières avec la société Mazda en hommage à Fuller. Alliant lumière noire et peinture fluorescente et reprenant des chorégraphies réputées de Fuller, comme la Danse du feu, elle parvient à faire disparaître les danseurs, ne laissant au spectateur qu’une vision du mouvement de la lumière. Saluée par la critique, l'invention de cette mise en scène est souvent attribuée à Fuller, bien qu'elle soit décédée avant d’avoir expérimenté cette lumière noire[22],[21].

Gab Sorère continue à produire des chorégraphies au cours des années 1950[23].

Références

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  1. Acte de naissance à Paris 8e, n° 1621, vue 18/31, avec mention marginale du décès à Rambouillet en 1962.
  2. « Catalogue de la BNF », sur BNF (consulté le )
  3. Loïe Fuller, Quinze ans de ma vie, Paris, , 288 p. (lire en ligne)
  4. a et b Coleman 2007, p. 173.
  5. Garelick 2007, p. 175.
  6. The Sebastopol Times 1917, p. 8.
  7. Townsend 2017, p. 151.
  8. a et b Ruprecht 2008, p. 232.
  9. (en) Rhonda K. Garelick, Electric Salome : Loie Fuller's Performance of Modernism (lire en ligne), p. 56
  10. « Ce que l'on verra du 9 au 15 septembre dans les cinémas », Comoedia,‎ (lire en ligne)
  11. Garelick 2007, p. 57-58.
  12. Garelick 2007, p. 56.
  13. a et b Corinne 2012, p. 434.
  14. The Daily News 1926, p. 105.
  15. « L'incinération au Père-Lachaise de Loïe Fuller », L'Est républicain,‎ (lire en ligne)
  16. The Evening News 1928, p. 4.
  17. The Manchester Guardian 1929, p. 12.
  18. « La vie au music-hall », Cyrano,‎ (lire en ligne)
  19. Garelick 2007, p. 40.
  20. de la Croix 2012, p. 54.
  21. a et b Albright 2016, p. 722.
  22. Albright 2016, p. 721.
  23. Loewel 2012.

Annexes

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Bibliographie

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  • (en) Ann Cooper Albright, The Oxford Handbook of Screendance Studies, Oxford, England, Oxford University Press, , 787 p. (ISBN 978-0-19-998160-1 et 0-19-998160-4, lire en ligne), « Resurrecting the Future: Body, Image, and Technology in the Work of Loïe Fuller », p. 715-730
  • (en) Bud Coleman, The Gay & Lesbian Theatrical Legacy : A Biographical Dictionary of Major Figures in American Stage History in the Pre-Stonewall Era, Ann Arbor, University of Michigan Press, , 428 p. (ISBN 978-0-472-06858-6, lire en ligne), « Fuller, Loie », p. 171-175
  • Tee A. Corinne, The Queer Encyclopedia of the Visual Arts, San Francisco, California, Cleis Press Inc., , 384 p. (ISBN 978-1-57344-874-1, lire en ligne), « Gray, Eileen (1878-1976) », p. 433-435
  • St. Sukie de la Croix, Chicago Whispers : A History of LGBT Chicago before Stonewall, Madison, Wisconsin, University of Wisconsin Press, , 312 p. (ISBN 978-0-299-28693-4, lire en ligne)
  • Loïe Fuller, Fifteen Years of a Dancer's Life : With some account of her distinguished friends, London, England, Herbert Jenkins Limited, (OCLC 5128465, lire en ligne)
  • Rhonda K. Garelick, Electric Salome : Loie Fuller's Performance of Modernism, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, , 246 p. (ISBN 978-0-691-01708-2, lire en ligne Inscription nécessaire)
  • Françoise Lapeyre, « Anna Bloch » [archive du ], sur Le Roman des voyageuses, Neubrandenburg, Germany, (consulté le )
  • (de) Vanessa Loewel, « Eine Wegbereiterin des modernen Tanzes » [« A pioneer of modern dance »], Deutschlandradio, Cologne, Germany,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  • Lucia Ruprecht, « Review », Society for French Historical Studies, Charleston, Illinois, vol. 8,‎ , p. 322-325 (ISSN 1553-9172, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  • Julie Townsend, The Choreography of Modernism in France : La Danseuse 1830-1930, Abingdon-on-Thames, England, Modern Humanities Research Association; Routledge, , 154 p. (ISBN 978-1-351-19421-1, lire en ligne)
  • « Imprisoned Dancer Released », The Manchester Guardian, London, England,‎ , p. 12 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  • « Loie Fuller Sails; Denies Rift Talk », The Daily News, New York, New York,‎ , p. 105 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  • « Loie Fuller's Work in Life Will Be Carried on by Intimate Friend », The Evening News, Wilkes-Barre, Pennsylvania,‎ , p. 4 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  • « Waynflete Goes to France with Loie Fuller », The Sebastopol Times, Sebastopol, California,‎ , p. 8 (lire en ligne Accès libre, consulté le )

Liens externes

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