Garcinia kola

espèce de plante

Garcinia kola, appelé « Bitter cola » au Cameroun et « Petit cola » en Côte d'Ivoire, est une espèce de plantes à fleurs dans la famille Clusiaceae ou Guttiferae qu'on rencontre dans les états côtiers d'Afrique occidentale (golfe de Guinée) et au Congo.

Depuis des siècles, les fruits, les graines et l'écorce de Garcinia cola sont utilisés dans la médecine traditionnelle.

vente du petit cola

Synonymes et noms communs

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Synonymes
  • Garcinia akawaensis Spirlet[1]
  • Garcinia bergheana Spirlet[1]
  • Garcinia giadidii De Wild[1].
  • Garcinia conruana Engl.[2]
  • Garcinia dinklagei Engl.[2]
Noms communs

Faux kola, kola mâle, kola bitter[3].

(Bassa[4], Cameroun) ; Onié (Bobili[5], Ewondo[6] et Boulou[2], Cameroun) ; Ebongagnagne (Douala, Cameroun côtier) ; Ejare, Nya (Ejagham[5], Nigeria et Cameroun) ; Adi (Ibo[6], Nigéria) ; Ngbwel (Pygmée Bagielli[7] au S-O du Cameroun, et Pygmée Baka[2]).

Description

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Arbre de taille moyenne, jusqu'à 12 m de hauteur selon certains[8], voire 40 m (et 1 m de diamètre) selon d'autres[2], mais plus fréquemment 3 à 6 m[9].

Feuilles

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Les feuilles ont un limbe ovale, un peu dilaté vers la bas et terminé au sommet par une pointe très accusée. La nervure médiane est très apparente sur la face inférieure de la feuille[9] ; les nervures latérales s'en détachent presque à angle droit, en disposition pennée. La face supérieure des feuilles est d'un vert très accusé, leur face inférieure tire vers le gris. Elles sont recouvertes d'un épiderme très lisse et luisant, qui porte sur les deux faces des glandes pluricellulaires. Elles sont opposées, et sans stipules[10].

Il porte des inflorescences en petites ombelles terminales, avec des fleurs blanc-verdâtre, tétramères, mâles ou hermaphrodites. Les étamines sont en 4 faisceaux. La floraison est de décembre à janvier[2].

C'est une baie de la taille d'une petite pomme, à épiderme rugueux complètement recouvert de poils âpres, à parois cellulosiques fortement cuticularisées, très résistants, aigus et de formes variables. Il contient trois à quatre loges, à cloisons non apparentes, contenant chacune une graine volumineuse, ovale, cunéiforme, dont la face externe est arrondie et la face interne anguleuse. Cette graine est recouverte d'un pulpe jaunâtre très abondante, de saveur aigrelette, qui adhère fortement au péricarpe et aux enveloppes séminales de la graine ; cet arille est formé de poils longs translucides qui portent des macules[n 1] jaunes, réunis en masse[10].

La fructification est de juillet à octobre[2].

Graines de Cola acuminata (fig. 1 à 7) et de Garcinia Kola (fig. 8 à 11)[11]

Le fruit porte, sur le pôle à la base, le calice persistant encore adhérent au pédoncule et formé de quatre sépales en croix, recouverts de poils comme l'épicarpe, avec deux sépales externes plus grands et deux internes plus petits. La corolle persiste souvent elle aussi ; elle est formée de quatre pétales en croix, plus longs et plus étroits que les sépales, et dépourvus de poils durs ou acérés. Sur le pôle au sommet du fruit, le stigmate, persistant lui aussi, est divisé en quatre lobes et porte au centre une petite dépression. Sa surface supérieure porte des papilles bien développées mais sans tubercules ni poils âpres[10].

La graine a trois faces, une convexe (celle tournée vers l'extérieur du fruit) et deux plates. Son épisperme est de couleur jaune abricot ; il est formé de deux enveloppes dont celle externe est sillonné de faisceaux fibro-vasculaires très apparents. En-dessous, se trouve un gros embryon macropode dépourvu de cotylédons, de couleur blanc jaunâtre, portant des dépressions multiples (voir fig. 9 ci-contre à droite) ; son tissu est serré, plus que celui de la graine de vrai cola, et il croque sous la dent. C'est une masse compacte formée d'un tissu cellulaire très homogène, interrompu de distance en distance par des poches sécrétrices gorgées de résine et de dimensions variables. Les cellules qui forment l'embryon sont pleines de grains de fécule de la même forme que ceux trouvés dans le vrai cola (voir fig. 8 ci-contre), mais plus gros (0,28 mm de long sur 0,17 mm de large)[12].

Leur poids varie entre 2,9 à 5,75 g. La dessication peut leur faire perdre de 25 % à 50 % de leur poids[13].

La dissémination de ses graines est facilitée par les éléphants, celles-ci étant capables de germer dans les excréments d'éléphant[14].

Répartition, habitat

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On le rencontre en zone tropicale[15] d'Afrique centrale et Afrique de l'ouest[8], dans les pays côtiers[10] : (du nord au sud) Sénégal, Gambie, Guinée, Libéria, Sierra Leone, Côte d'Ivoire, Ghana[16], Togo, Bénin, Nigeria, Cameroun, Gabon, Congo[16]. On ne le trouve pas au centre du continent[17].

Son habitat naturel est la forêt humide de basse altitude subtropicale ou tropicale.[réf. nécessaire]

Vulnérabilité

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L'espèce est classée « vulnérable » en 2013[16]. L'une des raisons pour cette vulnérabilité de l'espèce est l'usage si largement répandu de son bois comme bâton pour l'hygiène des dents : l'arbre est coupé avant d'avoir pu porter des fruits (donc des graines qui lui permettraient de se reproduire), et seuls croissent les arbres poussant dans des endroits reculés[15].

G. kola planté en 2010 par Brice Sinsin, jardin botanique et zoologique de l'université d'Abomey-Calavi, Bénin

Culture

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Le taux de germination est élevé (80 %) mais la germination est lente : 3 à 5 mois[2] et jusqu'à 18 mois, ce qui ne facilite pas sa régénération naturelle. De plus les graines sont sensibles à la sécheresse, ce qui réduit le taux de germination. Les graines scarifiées germent moins difficilement. Un arbre né d'une graine commence à produire des fruits entre 7 et 15 ans. Le bouturage réduit la période de maturation (il produit des fruits plus rapidement que les spécimens nés de graines)[18].

En dépit de son importance socio-économique, la culture de Garcinia kola est très limitée. Les difficultés rencontrées dans la germination réduisent la disponibilité des plants dans les pépinières agroforestières.[réf. nécessaire] Cependant en 2019 l'espèce est dite « largement multipliée dans les pépinières » et sa culture « très répandue en zone forestière ». Lors des défrichements d'agriculture, l'arbre est généralement préservé[2].

Les chercheurs ont étudié les problèmes de germination de graines Garcinia kola et ont suggéré divers moyens de briser sa dormance[18]. Mais des méthodes simples et pratiques pour faciliter leur adoption sont encore nécessaires. Des expériences de bouturage sont en cours dans certains centres de recherche au Cameroun[2].

Toutefois, cette culture émerge comme un moteur clé de l'économie, offrant des avantages significatifs, création d'emploi et développement économique. Malgré des coûts de démarrage moyennement élevés, la production s'avère rentable avec des rendements potentiels allant jusqu'à 25 tonnes par hectare[19].

Constituants

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Ses constituants incluent des biflavonoides, xanthones et benzophénones. Ses propriétés antimicrobiennes sont attribuées au benzophénone et aux flavanones[8].La plante contient aussi des saponines, glycosides[20] (dont Garcinia biflavonoides), du Garcinol et de l'acide Garcinoique[21].

Elle ne contient pas de caféine[22] mais contient du tanin[23].

Utilisations

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Nourriture

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La chair du fruit a pour certains « un goût amer et résineux »[24], pour d'autres « un agréable goût aigre-doux » ; quoi qu'il en soit, tous s'accordent pour dire qu'elle est rarement consommée[15] et généralement jetée lors du décorticage pour les graines[25].

La partie la plus utilisée est la graine, qui est mâchée comme les noix de cola. Elle est amère, astringente et aromatique, avec un goût ressemblant à celui de la graine de café suivi d'un goût légèrement sucré. On l’utilise également pour aromatiser le koutoukou, soit entière, soit épluchée et cassée en morceaux ; cela lui donne alors après quelques jours une coloration brune, et une saveur à la fois douce et amère, et on lui prête de nombreuses vertus. Mais même la graine est elle aussi relativement peu consommée - beaucoup moins que la graine de Cola nitida, le « vrai cola », qui est demandée y compris pour l'exportation[15].

L'écorce, qui est aussi utilisée à but médicinal, entre également dans la composition du vin de palme : elle en relèverait la saveur et le pourcentage d'alcool. La graine peut servir de substitut au houblon[25].

Médecine

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La plante a de très bonnes propriétés antimicrobiennes et antivirales. Elle est aussi anti-inflammatoire, antidiabétique, antihépatotoxique[8] et combat l'hypertension. L'extrait a démontré une bonne efficacité contre certaines affections virales[26], comme antifongique et comme antioxydant[27].

Garcinia kola (graine et écorce et feuilles selon les usages[25] est traditionnellement utilisé dans la médecine africaine pour ses propriétés purgatives, antiparasites et antimicrobiennes. Les graines sont utilisées contre la bronchite, les infections de la gorge, les coliques, le rhume, la toux, les maux de tête et les troubles du foie[8],[28].

Une consommation excessive réduit la fertilité mâle[29] et devient toxique avec un excès de saponines et glycosides[20].

Hygiène

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L'utilisation du bois comme bâton à mâcher[8] est extrêmement populaire[15].

Usage social

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Les graines sont offertes aux visiteurs en acte d'hospitalité[25].

Notes et références

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  1. En botanique, une macule est une tache sur le labelle ou pétale inférieur d'une fleur. En médecine, un macule est aussi une tache, sur la peau. Il existe aussi la macule sacculaire, petit élément dans la partie inférieure du vestibule osseux de l'oreille.

Références

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  1. a b et c (en) « Garcinia kola Heckel », sur theplantlist.org (consulté en ).
  2. a b c d e f g h i et j Matig et al. 2006, p. 80.
  3. Heckel 1893, p. 106.
  4. Matig et al. 2006, p. 11.
  5. a et b Matig et al. 2006, p. 13.
  6. a et b Matig et al. 2006, p. 14.
  7. Matig et al. 2006, p. 18.
  8. a b c d e et f (en) Maurice Iwu, Angela R. Duncan et Chris O. Okunji, « New Antimicrobials of Plant Origin », dans J. Janick, Perspectives on new crops and new uses, Alexandria (VA), ASHS Press, (lire en ligne), p. 457–462.
  9. a et b Heckel 1893, p. 107.
  10. a b c et d Heckel 1893, p. 108.
  11. Heckel 1893, pl. 1.
  12. Heckel 1893, p. 109.
  13. Heckel 1893, p. 220.
  14. D.-Y. Alexandre, « Le rôle disséminateur des éléphants en forêt de Taï, Côte-d'Ivoire », Revue d'Écologie, no 1,‎ , p. 47–72 (lire en ligne Accès libre [PDF], consulté le ).
  15. a b c d et e Lost crops of Africa, p. 297.
  16. a b et c (en) « Garcinia kola », sur iucnredlist.org, (consulté en ).
  17. Heckel 1893, p. 110.
  18. a et b Maňourová et al. 2019, 7. Tree Management and Cultivation.
  19. Jean Renaud AMANI, « Business Agricole : La production de Petit Cola en Afrique de l’Ouest », sur BlogduKosova, (consulté le )
  20. a et b Abdulrahman et al. 2022, p. 9.
  21. Abdulrahman et al. 2022, p. 10.
  22. Heckel 1893, p. 221.
  23. Heckel 1893, p. 222.
  24. Maňourová et al. 2019, 4. Botanical Description.
  25. a b c et d Maňourová et al. 2019, 5. Use.
  26. Abdulrahman et al. 2022, p. 3.
  27. Abdulrahman et al. 2022, p. 2.
  28. Heckel 1893, p. 110-111.
  29. Abdulrahman et al. 2022, p. 6.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • [Combemale 1886] Eugène Combemale, De la Rola (Sterculia acuminata) et du bitter-Rola (Garcinia Kola) (thèse de pharmacien de 1re classe à l'École supérieure de pharmacie de Montpellier, no 385), impr. Serre et Ricome, , viii-67.
  • [Heckel 1893] Édouard Heckel, Les kolas africains. Monographie botanique, chimique, thérapeutique, physiologique et pharmaceutique (emploi stratégique et alimentaire), Paris, Société d'éditions scientifiques, coll. « Annales de l'Institut botanico-géologique colonial de Marseille », , 406 p. (présentation en ligne, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Maňourová et al. 2019] Anna Maňourová, Olga Leuner, Zacharie Tchoundjeu, Patrick Van Damme, Vladimír Verner, Ondřej Přibyl et Bohdan Lojka, « Medicinal Potential, Utilization and Domestication Status of Bitter Kola (Garcinia kola Heckel) in West and Central Africa », Forests, vol. 10, no 2 « Genetic Diversity of Tree Species in Forest and Conservation Management »,‎ (lire en ligne, consulté en ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Matig et al. 2006] O. Eyog Matig, O. Ndoye, J. Kengue et A. Awono (dir.), Les fruitiers forestiers comestibles du Cameroun, Rome, IPGRI / CIFOR / IRAD, , 204 p. (ISBN 978-92-9043-707-9, lire en ligne [PDF]), p. 80-81. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Lost Crops of Africa, vol. III : Fruits, Washington D.C., Development, Security, and Cooperation, Policy and Global Affairs, National Research Council - National Academies Press, , 380 p. (présentation en ligne, lire en ligne), « Imbe », p. 297-298. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Abdulrahman et al. 2022] Mahmoud Dogara Abdulrahman, Saber Hamad, Harmand A. Hama, Sarwan W. Bradosty, Soran Kayfi, Sawsan S. Al-Rawi et Abubakar Abdullahi Lema, « Biological Evaluation of Garcinia kola Heckel », Advances in Pharmacological and Pharmaceutical Sciences,‎ , p. 1-15 (DOI 10.1155/2022/3837965, lire en ligne, consulté en ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Boniface Tientcheu Yogom, Marie-Louise Avana-Tientcheu, Franck K. Monthé et Pulchérie Bissiengou, « Genetic diversity and structure in wild and cultivated populations of an emblematic African tree species, Garcinia kola (Clusiaceae) », Tree Genetics & Genomes, vol. 19, no 5,‎ (ISSN 1614-2942 et 1614-2950, DOI 10.1007/s11295-023-01614-w, lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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