Gemini 12
Gemini 12 est la 10e et dernière mission habitée du programme Gemini et la 18e mission spatiale habitée américaine. La mission est lancée le avec à son bord Charles Conrad, commandant de la mission, et Richard Gordon. L'objectif principal de la mission est de réaliser un rendez-vous orbital avec un étage Agena et de s'amarrer à celui-ci. La mission comprend également deux sorties extravéhiculaires, la réalisation de plusieurs manœuvres d'amarrage et la génération d'une gravité artificielle mettant en œuvre une liaison souple entre le vaisseau Gemini et le vaisseau cible Agena. Enfin l'équipage doit réaliser huit expériences scientifiques et quatre expériences technologiques.
Gemini 12 | ||||||||
Données de la mission | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Vaisseau | Capsule Gemini | |||||||
Équipage | 2 hommes | |||||||
Masse | 3 762 kg | |||||||
Date de lancement | à 20:46:33 TU | |||||||
Site de lancement | Cap Canaveral Complexe de lancement 19 |
|||||||
Date d'atterrissage | à 19:21:04 TU | |||||||
Site d'atterrissage | Océan Atlantique 24° 35′ N, 69° 57′ O |
|||||||
Durée | 3 jours, 22 heures, 34 minutes et 31 secondes | |||||||
Orbites | 59 | |||||||
Altitude orbitale | 270,6 kilomètres (apogée) 160,8 kilomètres (périgée) |
|||||||
Inclinaison orbitale | 28,87 degrés | |||||||
Distance parcourue | 2 574 950 kilomètres | |||||||
Photo de l'équipage | ||||||||
L'équipage de Gemini 12 : (G-D : Aldrin, Lovell) | ||||||||
Navigation | ||||||||
| ||||||||
modifier |
Une heure et demi après le lancement au cours desquelles quatre manœuvres orbitales sont effectuées, le vaisseau Gemini s'amarre à l'étage Agena (GATV-11). Les deux astronautes réalisent ensuite chacun deux manœuvres d'amarrage. Le vaisseau reste amarré durant la nuit de repos qui suit. Le lendemain Gordon entame la première sortie extravéhiculaire qui va durer 107 minutes. Au cours de celle-ci il détache une des deux extrémités d'un câble situé sur l'étage Agena et va le fixer sur le vaisseau Gemini. Toutefois le système de support de vie de sa combinaison spatiale ne parvient pas faire face à l'effort effectué par l'astronaute pour mener cette tache à bien et la visière de son casque se couvre de buée le rendant en partie aveugle. Il doit interrompre sa sortie sans avoir réalisé une série d'opérations prévue et réintégrer prématurément le vaisseau. Après une nouvelle nuit de sommeil, la propulsion de l'étage Agena est mis à feu et le vaisseau Gemini est hissé à une altitude de 1374,1 kilomètres établissant un record d'altitude qui ne sera battu que par la mission Apollo 8 lors de son transit vers la Lune. La propulsion de l'étage Agena est remise à contribution pour abaisser l'altitude. Gordon effectue la deuxième sortie extravéhiculaire qui dure 2 heures et 8 minutes et au cours de laquelle il réalise des expériences photographiques. Le vaisseau Gemini se sépare ensuite de l'étage Agena auquel il reste relié par le cable de 30 mètres. En utilisant sa propulsion, Conrad met le vaisseau Gemini en rotation autour de l'étage Agena ce qui tend le câble tout en créant une gravité artificielle. Au bout de 3 heures le cable est largué. Une dernière manœuvre de rendez-vous orbital est réalisée par la suite avant le déclenchement automatique (calculé par l'ordinateur de bord) de la rentrée atmosphérique. Le vaisseau amerrit à 4,9 kilomètres du point visé. Au cours de la mission, d'une durée de 2 jours et 23 heures, le vaisseau boucle 44 orbites
En 2006, après avoir été exposée au Musée du transport et de la technologie de Auckland, la capsule est rapatriée au Adler Planetarium (Chicago, Illinois) ou elle retrouve, 40 ans après, les astronautes de la mission lors d'une exposition[1].
Équipage
modifier- Jim Lovell (2)[note 1], pilote commandant de bord
- Edwin Aldrin (1)[note 1], pilote
Aldrin est titulaire d'un doctorat en sciences du Massachusetts Institute of Technology, avec une thèse sur les manœuvres de rendez-vous entre deux satellites sur orbite terrestres[2].
Équipage de réserve
- Gordon Cooper, pilote commandant de bord
- Eugene Cernan, pilote
Objectifs
modifierCette mission est la toute dernière du programme Gemini. Alors que, jusqu'au , les Américains n'avaient envoyé que quatre astronautes pour de courtes missions (contre 11 chez les Soviétiques, lors de missions toujours plus spectaculaires), ils ont expédié depuis neuf vaisseaux biplaces alors que les Soviétiques n'ont envoyé aucun de leurs cosmonautes. Maîtrisant les techniques de rendez-vous qui leur seront nécessaires autour de la Lune, réussissant à rejoindre des altitudes très élevées et parvenant à effectuer des sorties extravéhiculaires, ils ont donc considérablement rattrapé leur retard sur leurs concurrents. Pour autant, ils n'ont pas encore fait la démonstration de pouvoir travailler efficacement à l'extérieur des vaisseaux. Des moyens de fixation ont donc été ajoutés sur Gemini 12 tandis que, lors de son entraînement, Aldrin est le tout premier astronaute à s'exercer dans une piscine simulant les conditions d'apesanteur.
La mission Gemini 12 est planifiée pour une durée de quatre jours. Elle prévoit un rendez-vous et un arrimage avec une fusée Agena lors de la troisième orbite et trois sorties extravéhiculaires d'Aldrin, totalisant cinq heures, dont une marche dans l'espace en répétition de la mission Gemini 11 avec la création d'un manège orbital avec un cable reliant Agena et Gemini[3].
Déroulement du vol
modifierPrévu pour le 9 novembre, le lancement est reporté au 10 puis au 11 novembre après la détection à deux reprises d'un défaut dans le système de pilotage automatique du lanceur Titan II[4].
Le lancement étant le dernier de l'aire n° 19, quelques plaisanteries ont été faites avant l'embarquement des astronautes : des techniciens leur ont remis un billet de spectacle spécifié « Admission pour une seule représentation » tandis que les astronautes portaient dans le dos des cartons avec le mot « Fin ». Comme lors des précédents vols, Gemini 12 est placée sur une orbite 299km/161km. Malgré la panne du radar de poursuite, les astronautes réalisent lors de la troisième orbite le rendez-vous et l'amarrage avec une fusée Agena partie 98 minutes plus tôt et placée sur une orbite quasi-circulaire (300km /294km)[5]. Cependant, l'injection vers une orbite à 740 km d'apogée est annulée en raison de la panne de la turbine du propulseur principal de l'Agena. Gemini 12 est néanmoins orientée pour qu'Aldrin puisse photographier une éclipse totale de Soleil, une première spatiale[6].
Aldrin réalise trois sorties (nombre record) dont deux à émergeant à mi-corps de la cabine. Le 13 novembre, il effectue la plus longue sortie jamais réalisée dans l'espace de 2h20 au cours de laquelle il parvient à réaliser les dix-tâches prévues sans éprouver les difficultés constatées lors des précédentes sorties extravéhiculaires. Il photographie des étoiles, il retire un collecteur de micrométéorites de la fusée Agena, il relie l'Agena à Gemini 12 par un filin de 30 mètres, il passe à l'arrière de Gemini 12 et expérimente diverses manipulations de boulons, de crochets et de connecteurs, il fixe un appareil photographique à l'arrière de Gemini 12. Enfin, il réalise quelques actions personnelles non prévues : le premier autoportrait spatial, le lâchage dans l'espace — après avoir demandé l'autorisation du centre de contrôle de Houston — d'un emblème commémoratif de la journée du 11 novembre dédiée aux anciens combattants, puis, à l'occasion du match annuel de football américain entre l'équipe de l'Armée et celle de la Marine, le mémo « Vas-y l'Armée, écrase la Marine »[7].
Par contre, Lovell ne peut exécuter la mise en tension du cable entre l'Agena et Gemini et la manœuvre de manège spatial est abandonnée, cet objectif ayant déjà été réalisé par Gemini 11[7].
Le 14 novembre, Aldrin effectue une demi-sortie, buste hors de la cabine pendant 55 minutes. Une expérience franco-américaine est tentée lors du survol du Sahara pour étudier les vents de la haute atmosphère : les Français lancent depuis la base d'Hammaguir des fusées sondes Centaure dispersant un nuage de sodium, que les astronautes photographient[8].
Gemini 12 effectue un retour avec précison et amerrit dans la mer des Antilles à trois milles du porte-avions USS Wasp (CV-18)[9].
Gemini 12 a marqué la conclusion réussie du programme Gemini, atteignant le dernier de ses objectifs en démontrant avec succès que les astronautes peuvent travailler efficacement à l'extérieur des vaisseaux spatiaux. Cela est déterminant pour ouvrir la voie au programme Apollo et atteindre l'objectif de poser un homme sur la Lune d'ici la fin des années 1960. Le prochain vol habité, une Apollo avec trois astronautes, est envisagé pour janvier 1967[10].
Insigne
modifierLes couleurs (orange et noir) du patch sont une référence à la date de vol prévue à l'origine qui était proche d'Halloween. Comme sur une horloge, le chiffre romain XII se trouve en haut du patch et le vaisseau spatial Gemini qui symbolise l'aiguille est pointé vers lui. Cette disposition symbolise la position de Gemini 12 comme dernier vol du programme Gemini qui laisse place au programme Apollo qui lui a pour objectif d'atteindre la Lune, symbolisée par le croissant de gauche[11].
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Gemini 12 » (voir la liste des auteurs).
Notes
modifier- Le nombre entre parenthèses désigne le nombre de missions spatiales antérieures, celle décrite ici incluse.
Références
modifier- (en) « Space pioneers mark Gemini history », sur NBC News (consulté le )
- Le Progrès du 10 novembre 1966
- Le Progrès du 24 octobre 1966 ; Le Progrès du 9 novembre 1966
- Le Progrès du 9 novembre et du 10 novembre 1966
- Le Progrès du 12 novembre 1966
- Le Progrès du 13 novembre 1966
- Le Progrès du 14 novembre 1966
- Le Progrès du 15 novembre 1966
- Le Progrès du 16 novembre 1966
- Le Progrès du 18 novembre 1966
- (en) Robert Z. Pearlman, « Booster or Broomstick: Gemini 12 and the 'Halloween patch' That Almost Was », sur Space.com, (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Barton C. Hacker etJames M. Grimwood, On the Shoulders of Titans : A History of Project Gemini, (lire en ligne)Histoire du programme Gemini (document NASA n° Special Publication-4203)
- (en) Ben Evans, Escaping the bonds of earth : the fifties and the sixties, Springer, (ISBN 978-0-387-79093-0)Les premières missions habitées jusqu'au programme Gemini inclus