Georges Fontenis

communiste libertaire français
Georges Fontenis
Georges Fontenis en 1970.
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Georges Fontenis, né le à Paris et mort le à Reignac-sur-Indre[2], est un instituteur, puis professeur à l’École normale d’instituteurs de Tours. Syndicaliste et communiste libertaire, il est une des principales figures anarchistes des années 1940-1950[3].

Parcours syndical et professionnel modifier

Georges Fontenis approche le mouvement libertaire à l’occasion des grèves de juin 1936.

Instituteur, il rejoint la CGT clandestine[4] et continue une activité clandestine avec ses amis anarchistes. Membre du bureau et du conseil syndical de la section de la Seine du Syndicat national des instituteurs (SNI), il participe à la Libération, avec Marcel Pennetier et Maurice Dommanget [5], à la reconstitution de la tendance syndicaliste-révolutionnaire École émancipée[6]. C'est à ce double titre (SNI et École émancipée) qu'il participe en 1945 aux commissions d’épuration de l’éducation nationale[7].

Après la grève des instituteurs de la Seine de novembre-, Georges Fontenis rejoint un temps la CNT puis revient rapidement au SNI où il continue à militant à l'École émancipée[8]. Après son arrestation par la DST et sa condamnation en 1957 dans le cadre d'une répression visant la Fédération communiste libertaire, il est incarcéré. En 1958, il est amnistié puis obtient sa réintégration à l'Éducation nationale. Il est alors admis au stage de l'École normale supérieure de Saint-Cloud et devient inspecteur primaire en zone rurale puis professeur de psycho-pédagogie à l'école normale d'instituteurs de Tours[7].

Secrétaire général de la Fédération anarchiste modifier

Après la Seconde Guerre mondiale, il est parmi les refondateurs de la Fédération anarchiste aux côtés de, notamment, Robert Joulin, Henri Bouyé, Maurice Joyeux, Suzy Chevet, Renée Lamberet, Georges Vincey, Aristide et Paul Lapeyre, Maurice Laisant, Maurice Fayolle, Giliana Berneri, Solange Dumont, Roger Caron, Henri Oriol et Paul Chery[9].

Sa vie va dès lors se confondre avec celle du mouvement libertaire, jusqu’en 1957, date à laquelle il est arrêté par la Direction de la surveillance du territoire (DST) pour son soutien aux indépendantistes algériens.

En 1946, il est élu secrétaire général de la Fédération anarchiste. Homme neuf, il fait consensus car n’appartenant à aucun « clan ». Effectivement les tendances communiste libertaire et individualiste cohabitent mal au sein de la FA. Les individualistes, menés par les frères Lapeyre et André Arru, forment une fraction que Maurice Joyeux qualifiera de « lobby épistolaire » [10].

En 1951, Georges Fontenis participe à une tentative d’assassinat du général Franco, avec des anarchistes espagnols en exil.

Animateur de la Fédération communiste libertaire modifier

Au début de 1950, une partie des militants, autour de Serge Ninn et de Georges Fontenis, s’organisent pour créer une tendance communiste libertaire (un « parti clandestin au sein de la Fédération anarchiste » pour reprendre les termes de Maurice Joyeux), qu’ils nommeront Organisation Pensée Bataille (OPB) [11] en hommage à l'œuvre de Camillo Berneri. Les membres de l'OPB décident de garder secrète leur existence.

En mai-, lors du congrès de Bordeaux il fait exclure Aristide Lapeyre et Paul Lapeyre, Fayolle et Joyeux[12].

Au congrès de Paris, en , la tendance communiste libertaire l'emporte : le congrès adopte le projet de "Déclarations de principes" qui précise que le but de l'organisation est le communisme libertaire. Comme les participants ne peuvent s'entendre sur un nouveau nom à donner à l'organisation, ce n'est qu'après un référendum en , que la Fédération anarchiste française devient la Fédération communiste libertaire [13] de seize groupes comportant 130 à 160 militants sous le contrôle de l'OPB. Les groupes d'Asnières, Louise-Michel et de Bordeaux sont exclus. Les individualistes et une partie des communistes libertaires regroupés autour de Maurice Joyeux qui n’a pas toléré les méthodes de l’OPB, vont constituer une nouvelle Fédération anarchiste.

La même année 1953, la FCL publie le Manifeste communiste libertaire[14], qui reprend en partie une série d'articles publiés les années précédentes dans Le Libertaire sous le titre « Problèmes essentiels ». L'opuscule est analysé par certains historiens comme léniniste[15] et avant-gardiste[16] ou bolchevisant[17].

Le groupe "Kronstadt" (FCL) publie en un mémorandum dénonçant la structuration secrète et le léninisme de la FCL et est exclu en 1955[18].

À partir de 1954, la FCL et Georges Fontenis s’engagent dans le soutien politique et « logistique » à l’insurrection algérienne.

Le , la FCL présente une liste aux élections législatives comportant 10 "candidats révolutionnaires" dont Georges Fontenis[19].

En 1957, la FCL est détruite par l’État français et plusieurs animateurs de la FCL, dont Fontenis, incarcérés à la suite de l'attaque contre une permanence du mouvement poujadiste[20]. Il sera libéré en 1958, à l'occasion de l'amnistie générale décrétée par De Gaulle.

S'ensuit une dizaine d'années de traversée du désert.

Après mai 68 modifier

En 1968, il participe à la fondation du Mouvement communiste libertaire (MCL), qui se transforme bientôt en Organisation communiste libertaire (OCL dite « première manière ») mais disparaîtra en 1976.

En 1979, il adhère à l’Union des travailleurs communistes libertaires. Georges Fontenis resta membre d’Alternative libertaire jusqu'à sa mort, survenue à son domicile de Reignac-sur-Indre le .

En 1990, il édite ses mémoires sous le titre L'Autre communisme, histoire subversive du mouvement libertaire. L'ouvrage est augmenté et réédité en 2000 et 2008 sous le titre Changer le monde, histoire du mouvement communiste libertaire (1945-1997).

Œuvres modifier

Textes modifier

  • Ce que fut l’ICL (-), n°33, avril-, texte intégral.
  • Il y a 50 ans, l’insurrection algérienne, L’Emancipation syndicale et pédagogique, - , texte intégral.

Bibliographie modifier

Vidéos modifier

  • Daniel Goude, Guillaume Lenormant, Une résistance oublié. Des libertaires dans la guerre d'Algérie (1954-1957), 32 min, 2001, voir en ligne.
  • Franck Wolff, Parcours libertaire, 45 min, 2008, voir en ligne.

Notices modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. « http://hdl.handle.net/10622/ARCH00422 » (consulté le )
  2. Relevé des fichiers de l'Insee
  3. Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
  4. La CGT a été réunifiée par les accords du Perreux de 1943. Elle regroupe les sensibilités présentent, après la scission de 1948, à la CGT, à FO et à la FEN à laquelle appartenait Fontenis en tant que militant du Syndicat national des instituteurs (SNI). Source: notice biographique sur Georges Fontenis dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français dit «Dictionnaire Maitron» établie par David Berry.
  5. La notice sur Fontenis dans le Maitron ne mentionne que Marcel Pennetier, également militant de la section de la Seine du SNI. Voir aussi la notice sur Maurice Dommanget, qui était pour sa part militant de la section de l'Oise.
  6. Les militants de l'École émancipée, qui se réclamaient du syndicalisme révolutionnaire et affichaient souvent un engagement militant dans les mouvements se situant dans le courant de l'éducation active, tout particulièrement la pédagogie Freinet, venaient de sensibilités politiques très différentes (avec parfois des évolutions): anarcho-syndicalistes ou syndicalistes-révolutionnaires se situant dans la tradition des militants d'avant-guerre, trotskystes, anarchistes comme Fontenis.
  7. a et b Notice biographique du Dictionnaire Maitron.
  8. Le Dictionnaire Maitron relève candidatures au Conseil syndical de la Seine et responsabilité comme secrétaire du SNI du Xe arrondissement de Paris entre 1953 et 1959.
  9. Cédric Guérin, Anarchisme français de 1950 à 1970, Mémoire de Maitrise en Histoire contemporaine sous la direction de Mr Vandenbussche, Villeneuve-d’Ascq, Université Lille-III, 2000, texte intégral, page 10.
  10. (fr) « Il ne s’agissait pas d’un groupe structuré destiné à expulser hors de la Fédération anarchiste ceux qui pensaient différemment d’eux, mais d’un réseau de correspondance dans le pays qui aboutissait à des résultats identiques, c’est-à-dire à conditionner le congrès sur des propositions élaborées en dehors de lui » (Maurice Joyeux, « L’Affaire Fontenis » in La Rue no 28, premier trimestre 1980).
  11. (fr) « Au début de 1950, Fontenis avait créé une organisation, l’O.P.B. (Organisation pensée et bataille), véritable parti clandestin au sein de la Fédération anarchiste et destiné, nous expliqueront plus tard quelques « faux naïfs » qui, après avoir été exclus à leur tour, vendront la mèche, à transformer la Fédération anarchiste en une organisation de lutte des classes. [...] Ses membres étaient recrutés par cooptation. Ils étaient tenus au secret. L’organisation possédait ses propres statuts, percevait des cotisations, établissait un programme qu’elle s’efforçait de faire triompher dans nos congrès. Son projet immédiat consistait à pousser ses membres aux responsabilités qui existaient dans la Fédération anarchiste. Son but plus lointain : créer une organisation « communiste libertaire » où se mêleraient l’efficacité du matérialisme historique de Marx et l’esprit libertaire, même si ce projet théorique, qui n’était pas sans analogie avec la « plate-forme » des anarchistes russes, ne se décanta que plus tard. Son ossature fut composée par des militants du groupe Sacco-Vanzetti, devenu le groupe Kronstadt. La Berneri, mise au courant du projet, refusa de s’y associer tout en patronnant la politique inspirée par Fontenis. Le reste de l’O.P.B. fut recruté dans les groupes de la région parisienne constitués par Fontenis à partir du groupe de l’Est, auxquels s’ajoutèrent quelques individualités de province. Ces groupes étaient squelettiques et à eux tous ils représentaient à peine la moitié du groupe Louise-Michel. Pourtant, malgré l’importance discutable de son « parti clandestin », Fontenis va l’emporter au congrès de Bordeaux, et il ne le pourra que grâce à la naïveté des anarchistes humanistes et au climat insupportable que ceux-ci imposaient à la Fédération anarchiste et qui fatiguait tous les militants actifs à cette époque comme aujourd’hui, et peut-être, comme on le verra plus loin, grâce également au « prestige » qu’il conservait auprès de ceux qui voulait le limiter et dont il voulait se débarrasser ! ».(Maurice Joyeux, « L’affaire Fontenis », dans La Rue no 28, premier trimestre 1980).
  12. "Dictionnaire de l'anarchie", Michel Ragon, Albin Michel, 2008
  13. Cédric Guérin, Anarchisme français de 1950 à 1970, mémoire de maîtrise en histoire contemporaine sous la direction de M. Vandenbussche, Villeneuve-d’Ascq, université Lille-III, 2000, texte intégral, pdf
  14. Téléchargeable sur http://www.monde-nouveau.net/spip.php?article368
  15. Jean Maitron, "Histoire du mouvement anarchiste en France" , Éditions Maspero, Paris, 1982.
  16. Roland Biard, " Histoire du mouvement anarchiste, 1945- 1975" Éditions Galilée, 1976
  17. Alexandre Skirda "Autonomie individuelle et force collective, les anarchistes et l'organisation, de Proudhon à nos jours", Éditions AS, 1987
  18. Georges FONTENIS (1920-2010): Parcours d’un aventuriste du mouvement libertaire (1/2). le monde libertaire n°1604, 16 septembre 2010
  19. René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : notice.
  20. Jean-René Genty, L'immigration algérienne dans le nord pas de calais 1909-1962, Éditions L'Harmattan, 1999, p. 200.